Le tir à l’Arc a enchanté ceux qui l’ont regardé et suivi. Un archer doit chercher à atteindre une cible aussi large qu’un CD Rom pour obtenir les 10 et 9 qui font la victoire, lors des duels aux Jeux Olympiques.

Sport qui pourrait s’appeler « le monde du silence » tant l’instant est suspendu au moment du lâcher de flèche, obligeant spectateurs et tireurs, à retenir son souffle pour voir voler haut dans le ciel, une flèche unique, avec l’espoir qu’elle se fixe, au centre de la cible, soixante-dix mètres plus loin.

Et alors, le souffle du public fait exploser cette cocotte-minute.

Une exigence si particulière, spécifique aux stéréotypes attribués au monde asiatique, dont la jeune messine (24 ans), maréchal des logis dans la gendarmerie mais surtout étudiante en chimie à la Sorbonne, a senti la performance qu’elle réalisait en individuel, en constatant dans la chambre d’appel des Invalides, qu’elle était la seule non-asiatique de ces demi-finales olympiques.

A l’évidence, il faut un mental particulier et certaines compétitrices, prises par l’enjeu, sont allées se perdre dans un cinq, permettant à Lisa Barbelin, en quart, de s’imposer pour atteindre les demis.

Opposée à la coréenne, Jeon H, elle tire sa dernière flèche d’une série de volée (3 flèches tirés faisant un jeu dans d’autres sports) quand le décompte lui imposait un 10 pour gagner et un neuf pour aller en barrage.

Elle dira plus tard qu’elle avait eu une confiance incroyable lors de ce quitte ou double. Confiance qu’elle avait peut-être trouvée et obtenue en voyant, en urgence, une psychologie de l’Agence Nationale du Sport, après ses insuccès en individuel à l’ouverture (30e), par équipe chez les filles, comme en mixte.

Un parcours qu’elle a remporté face à la néerlandaise Schloesser Gaby, qui l’avait éliminé en équipe, au stade des 32e. Puis la chinoise Yang Xiaolei en 1/8e. Pour quatre jours plus tard, s’imposer en 1/4 à la brésilienne Caetano et gagner son bronze contre la coréenne du sud, connue sous le surnom des « Requins blancs », Jeon H, 30 ans, médaille d’Or par équipe féminine aux JO de Paris.

La dernière flèche touchera le cordon qui sépare le 9 du 10. La règle lui donnant alors 10 points, elle s’effondre en larmes sur le parvis. Touchant là ce qu’elle avait tant espéré : la réussite de ses jeux, l’inspiration donnée à d’autres d’aller vers ce sport, le partage et l’inscription, elle aussi, dans la dynamique sportive que la France connait pour ces Jeux à la maison, battant record sur record.

Un exploit émotionnel, bien récupéré par la jeune française.