Cette émotion française aurait pu être celle des médailles d’Or féminines aux JO de Paris, soit Pauline Ferrand-Prévot, en VTT au cross country, écrasant la concurrence mais déjà bien connue et attendue ; ou, Manon Apithy-Brunet, Or au sabre individuel face à son amie française ; comme le superbe résultat de Cassandre Beaugrand, écrasant la concurrence dans un triathlon incroyable ou la dernière, inattendue et un peu solitaire, d’Althéa Laurin au taekwondo (+67 kgs) ; en fait je l’ai ressenti au basket, dans la finale entre les USA et la France, perdue pur un point, dans un scénario incroyable.
Le dernier match des JO
D’abord l’environnement de ce match est exceptionnel. Il s’agit du dernier match (plus de 750 événements) de toute la compétition olympique, comme une fête qui se termine par un feu d’artifice. Soulevant, en général, des émotions incroyables de couleurs et de surprise.
Dans ce match, ce fut le cas.
Les hommes, la veille, balayés par Steph Curry
Autre environnement incroyable. La veille, les français s’étaient battus (87-98) dans une finale olympique identique, première fois olympique où les deux finales réunissent les deux mêmes nations, face aux mêmes monstres américains quand on parle de basket, avec 17 titres sur 21 éditions, sans arriver à faire mieux qu’un (-3) pour se faire assassiner par un Steph Curry (36 ans), enclenchant dans le money time, des tirs à trois points, éteignant Bercy, sans jamais toucher le cercle !
Des américains, bousculés par les serbes (95-91) en demi-finale, tenus par les français (87-98), mais vainqueurs.
Le drapeau aux 51 étoiles, les USA devenaient intouchables, le lendemain. Encore plus, compte tenu que la moyenne des points des américaines dans ce tournoi était de toucher les 90, avec vingt points de différence imposés à leurs adversaires. La Belgique, championne d’Europe (74-87) ; l’Allemagne (68-87) ; le Nigeria (74-88) ; l’Australie en demi-finale (64-85).
Un match des françaises incroyable
Appliquant les mêmes consignes que pour les hommes, les françaises ont défendu sur tous les ballons, laissant les américaines sereines sur le premier quart temps (15-9) pur, dans le second, devenir trop lentes, maladroites, tendues et surtout subissant la vague française (10-16) rentrant aux vestiaires sur un (25-25) inattendu.
Egalité et loin des 85 minimum d’une fin de match. Le calcul était assez simple. La défense française imposai 50 points au maximum.
On aurait pu penser que les Etats-Unis, dont la dernière défaite olympique remonte à 1992, mettrait une forme de turbo sous les yeux des Curry et James LeBron, médailles d’Or au cou ; mais le public français de Bercy a senti que la performance était possible ! Pour voir l’impossible devenir possible avec les Bleues menant de dix points (25-35) sur les américaines, fort d’un panier incroyable de Marine Fauthoux, de plus de vingt mètres, dans un jeu féminin qui compte très peu de 3 points.
Mener face aux américaines, en finale, elles qui possèdent tous les titres depuis 1996 à Atlanta, n’ayant laissé que trois éditions aux soviétiques, depuis les premiers JO féminin en 1976 à Montréal !
Pour la France, à la maison, sur le dernier match de tous les JO, réussir à faire ce que les hommes n’ont pas réussi, face aux monstres américaines, l’écrin était incroyable !
Les USA reviennent sur des tentatives à trois points ratés des Bleues, des paniers intérieurs qui se refusent et la machine américaine qui enclenche les deux points qui vont bien en transition offensive.
Dans un jeu où les meilleures tournent, les Bleues ne trouvent pas la joueuse qui compense les repos de Sarah Williams, américaine d’origine, potentielle sauteuse en hauteur olympique à 15 ans, et la machine à victoire se grippe quand celle de l’espoir reste ; (45-43) à la fin du 3e tiers temps pour les USA.
Les dix dernières minutes en basket féminin sont souvent des lettres traditionnelles : la différence étant déjà faite.
Là, chacune se sont envoyées des recommandés réclamant le titre 2024 avec raison et objectivité. Les coaches, se prenant la tête à solliciter des « Time out » comptant les secondes comme on compte celle de notre vie dans nos moments forts !
Les USA prennent le lead définitif à 12″ de la fin (67-64) et Marine Johannes envoie le ballon à Sarah Williams pour un dernier tir victorieux qui malheureusement n’en vaudra que deux, pour cinq centimètres à l’intérieur de la zone !
L’histoire se termine à un souffle de l’égalisation (67-66). C’est ce qui a manqué aux françaises et réussi aux américaines : mettre les Bleues légèrement derrière, créant une pression source d’erreurs dans ce money time. Dans le sens contraire, quand elles ont été menées, on a vu les américaines, en faire beaucoup.
Les françaises, si elles avaient pu garder le lead de quelques points, auraient gagné l’Or. Les américaines n’avaient pas les forces mentales pour être certaines de revenir.
Les Bleues ont fait douter les américaines. Il faudra apprendre à mener devant elles.
William Commegrain Lesfeminines.fr