Le samedi soir, pour cette première journée sur neuf jours de compétition, on retiendra l’incroyable malchance des Pays-Bas, suscité par la volonté des adversaires d’aller chercher ces favoris pour les pousser à une forme d’extrême., qui les ont fait tomber, par deux fois. Et deux « gros favoris ».
La chute d’Hassan, provoquée par l’adversité et la volonté de Gudaf Tsegay
En finale du 10.000 féminin, une néerlandaise d’origine éthiopienne, Sifan Hassan, grande favorite nous joue la partition de la tactique. Celle qui fait que la plus forte se met derrière, au fin fond d’un peloton, avec une forme de certitude d’être inarrêtable quand elle décidera de s’investir et prendre la tête.
Il y a une forme de condescendance. Le pouvoir face au Peuple, plus nombreux, batailleur, mais jamais vainqueur.
Effectivement, la femme de 30 ans à la course sans talent, engagée en 1.500, 5.000 et 10.000 s’élance au dernier tour et prend la tête au son de la cloche qui indique le dernier tour d’un parcours de vingt-cinq tours où les éthiopiennes ont pris la tête, avec Gudaf Tsegay (26 ans), Letesenbet Gidey (25 ans) et Ejgayehu Taye (23 ans).
Peu ont ce programme dans un Mondial où se trouve les meilleures de tous les pays du Monde mais visiblement, Sifan Hassan croit à ses ambitions, regrettant que ne se court par le marathon, sa dernière course faite à Londres.
Depuis 2014, elle n’a jamais terminé plus loin que 3e d’une carrière qui compte 15 courses majeures faisant son palmarès.
Championne Olympique à Tokyo en 2021, un record en 2023 (juin) de 29’37″80, elle es t la favori. La course se gagnera en 31’27″18 par Gudaf Tsegay, une coureuse de 1.500, titulaire d’un record du monde en 2021 à Lieven en France.
Gadaf est à la lutte avec Sifan. Quand ses deux compères ont abandonné, faute de pouvoir faire mieux, à bout d’efforts, la jeune Gadaf pense à sa chance. Elle la suit, la tient dans la dernière ligne droite. Si près, qu’une pointe de Sifan déchire son tibia. Un filet de sang apparait mais rien ne peut arrêter la volonté de l’éthiopienne.
Sifan le sent, le comprend. Elle veut accélérer mais sa jambe ne va plus aussi loin. Elle bute légèrement, ses épaules passent devant et c’est la chute brutale à vingt mètres de l’arrivée, face contre terre.
Les trois éthiopiennes passent. Sifan Hassan se rélève éberluée. Elle ne cherche même pas à courir pour entrer dans un huit et un classement quelconque.
Elle dira : « Je garde mon sourire mais c’est vraiment dur. Je suis très déçue, a expliqué la Néerlandaise. C’est le sport, ces choses arrivent. Je viens de passer un mauvais moment. Je me sentais vraiment forte et j’ai essayé d’attaquer dans le dernier tour. Je pense que j’ai été poussée par Tsegay. J’espère que je ne suis pas folle. Je vais devoir regarder les images pour voir ce qui s’est exactement passé. J’aime vraiment ce que je fais. Je veux toujours essayer de courir plusieurs distances. Je ne pense pas être blessée. » (source l’Equipe).
Elle sourit de la leçon reçue. L’entend, l’intègre. Elle se souvient qu’elle avait aussi chuter en série du 1.500 mètres à Tokyo pour finir par l’emporter. Elle sait qu’elle est partie bien trop tard. Sans aller chercher les dernières ressources des adversaires. Elle apprend, pour le 5.000 et pour le 1.500 à venir où elle finira 3e.
Les trois éthiopiennes feront le seul triplé du championnat. Gudaf Tsegay (26 ans) aura l’Or, Letesenbet Gidey (25 ans) l’Argent et Ejgayehu Taye (23 ans) recevra le bronze.
Le doublé de malchance pour les Pays-Bas
Les chances de médailles pour les pays européens sont rares. Pour ce premier jour, les Pays-Bas vont rater les deux médailles d’Or qui s’annonçaient, les plaçant derrière le bilan des espagnols avec quatre médailles d’Or dans une seule discipline : la marche 20 kms et celle à 35 kms, gagnées par les hommes et les femmes espagnoles.
Les Mondiaux auraient donc pu être extraordinaires pour les Oranje, sauf que dans la dernière course de la première journée, pour un relais 4×400 mixte, la star Femke Bol, 23 ans, future vainqueur du 400 mètres haies, recordwoman du Monde sur 400 mètres plat, en tête jusqu’aux cinq derniers mètres est bataillée par l’américaine inconnue, Alexis Holmes.
Ella la tient, pas loin de la passer, et comme Sifan Hassan, l’expérimentée et grande néerlandaise sent que l’espace de la victoire se rétrécit. Elle cherche la foulée impossible qui l’enverrait vers l’Or. Il en suffit de deux, peut-être une pour prendre les vingt centimètres de la victoire certaine.
Elle envoie cette foulée qui n’existe que dans sa tête et moins dans son corps. Les épaules passent. Elle tombe. Se fracasse à terre. Sa tête rebondit. L’américaine passe. Elle voit ses pointes passer la ligne. Dans un réflexe incroyable, elle se relève, coupe cette ligne pour assurer une troisième place derrière la Grande-Bretagne.
Et puis le règlement passe. Le témoin, ce témoin essentiel dans un relais lui a échappé dans sa chute. Il est cinq mètres plus loin, déjà au chaud du côté de l’arrivée. La règle est claire, les Pays-Bas seront disqualifiés. Il faut passer avec le témoin, signe premier d’un relais.
Un record du monde
Je crois que ce sera le seul.
Le récent relais 4×400 mètres mixte donnera le titre aux Etats-Unis avec un record du monde dans cette épreuve récente de 3’08″80, ce qui montre qu’en plus les Pays-Bas perdent cette possibilité que leurs performances à quatre permettaient.
La France, cinquième, passera quatrième à un souffle d’une médaille qu’ils et elles regretteront à petits pas et bien plus, à la fin des championnats, si il s’avère qu’elle aurait pu être la seule.
Au bilan, ces championnats d’athlétisme et cette première journée nous montreront qu’en athlétisme, il n’y a pas d’autres jours pour performer. Et chacun comme chacune le sait. Chacun pousse au maximum de ses possibilités.
Chaque course directe est un adieu sans au-revoir.
William Commegrain Lesfeminines.fr