L’Equipe de France féminine aura pratiqué un jeu de possession offensif d’une qualité rare. Les galloises ont un tempérament incroyable.
Si le match s’était joué à la qualité de possession des Bleues entre la mise sur orbite de Charlotte Bilbault, les soutiens de Sandie Toletti, le jeu court de Grace Geyoro, les appuis de Delphine Cascarino, la percussion de Kadidiatou Diani et la présence physique de Marie-Antoinette Katoto, les Bleues de Corinne Diacre remportaient « cette passe à dix » que Barcelone a sacralisé avec son célèbre « tiki taka ». Le tableau d’affichage aurait indiqué un (0-10) pour les coéquipières de Wendie Renard.
Si le match s’était joué à la verticalité des attaques (12′, 19′,21′, 71′, 73′ 80′,86′), le Pays de Galles, troisième de cette « poule I » au coup d’envoi, aurait remporté le match sous la conduite d’une joueuse star Jessica Fishlock, ex-lyonnaise en 2018-2019, 1m58, faite d’une énergie positive incroyable pour ses 35 ans, … sous les couleurs actuelles de l’OL Reign (USA). Le tableau d’affichage aurait donné un juste (3-1) pour les galloises.
Le football se termine toujours de manière pragmatique. Par le nombre de buts marqués d’un côté et ceux encaissés de l’autre.
Dans ce cadre, les Bleues ont pris les trois points proposés sur un corner. A l’évidence très bien travaillé à l’entraînement. Un bloc de Diani qui protège Wendie Renard pour la laisser libre de tout marquage. La capitaine française, joue d’une feinte qui laisse l’attaquante Holland sur place. Sandie Toletti, au corner enclenche seulement à ce moment son centre. La lyonnaise, déjà seule au monde à cette hauteur, se trouve libre de tout marquage. Elle s’applique et met une tête piquée (31′, 0-1) pour son 33e but en 130 sélections.
Un chiffre qui doit certainement la placer pas très loin d’un record mondial pour une joueuse à ce poste défensif dans des rencontres internationales. Un fait surprenant. Depuis qu’Eugénie Le Sommer est toujours en gare lyonnaise, elle a le privilège d’être la meilleure buteuse des titulaires actuelles françaises.
Le second but français est dû à l’application de Marie Antoinette Katoto d’aller de l’avant, de la première à la dernière minute de jeu. L’attaquante parisienne, peu servie et donc peu décisive, va vers cette balle remisée à la gardienne, sans raison autre que l’application d’un état d’esprit. La gardienne galloise met le temps de trop au contrôle et se trouve contrée par la parisienne, intelligente, à aller chercher cette balle disponible.
Le but est vide, elle assure le second but français (0-2, 57′), assez tôt dans la rencontre pour que l’équipe souffle.
Les Bleues ont-elles eu sur le terrain les mêmes questions que les spectateurs ? L’équipe française, leader du groupe, 3e mondial, pense-t-elle, que sa domination n’a pas donné de véritables occasions cadrées ? Peut-être cette équipe a en tête que sa force offensive ne lui a pas donné de véritables certitudes ? Peut-être se souvient-t-elle que Wendie Renard a dû forcer son talent pour marquer mais aussi pour défendre ?
En tout cas, si les Bleues n’y pensent pas. Les galloises, elles, l’ont à l’esprit.
Il y a visiblement la place pour mieux et plus de la part du Pays de Galles.
Et leur jeu s’anime. Les 4.553 spectateurs présents au stade -un record national- faits souvent d’enfants, lancent des cris d’espoirs, communiquent leurs joies. Les co-équipières de Jessica Fishlock prennent cela à cœur, envoient ce qu’elles doivent envoyer, vont plus loin encore, bougent les Bleues, s’emportent, courent et finissent à mettre un but à la 71′ (1-2) par un tir dans une forêt de jambes.
Un but qui vient d’un corner. Un corner qui vient d’une action galloise, dégagée de la tête par Wendie Renard sur Griedge M’Bock, qui donnera la balle galloise et son espoir.
Deux minutes après (73′), elles égaliseront sur un hors jeu évident. But refusé par l’arbitre tchèque Adamkova.
Un refus, rajouté à deux penalties potentiels non sifflés, cela aurait donné une autre configuration finale.
Le match se terminera sur ce score (1-2). Les deux équipes ont tenté, se sont opposées, se sont bousculées. Elles ont fait un match.
Je retiendrais plusieurs points de cette rencontre : la qualité de percussion de Kadidiatou Diani qui m’interpelle sur les causes. La difficulté de Wendie Renard sur les rapides projections des Galloises dans les vingt premières minutes. Sa capacité à s’améliorer et à être décisive. La qualité de l’entraînement français sur les coups de pied arrêtés. La dépendance de Marie-Antoinette Katoto au jeu de ses milieux de terrain.
Du côté gallois, il me revient l’intelligence et la pugnacité du jeu de Jessica Fishlock. L’état d’esprit gallois : un allant de tous les instants, peu importe l’opposant, sa force et sa puissance ; dans un match, il y a toujours la place pour un pied gallois et son mental.
La France finit en tête avec un point à prendre dans ses trois prochains matches afin de valider son ticket au mondial 2023. Le Pays de Galles se trouve 3e et jouera la seconde place face à la Slovénie lors de la dernière journée de Septembre 2022.
Prochain match mardi 12 avril 2022, au MMA du Mans – 20h45-. En direct sur W9
William Commegrain Lesféminines.fr