Sonia Souid, agente agréée FIFA, 34 ans, parle de son travail dans le monde du football. Connue pour une question de genre dans un milieu essentiellement masculin, j’ai souhaité échanger avec elle sans me préoccuper du fait qu’elle soit une femme, sur ses compétences, son métier et surtout la recherche de qualité que je pressens dans son travail.
Elle a fait le choix de la spécialisation, pas dans le monde féminin mais dans celui géographique de la Chine et du Moyen-Orient.
identifiée comme Agente agrée FIFA depuis mai 2010, après bientôt neuf années d’activité, ce qu’elle retient c’est l’évolution de sa performance, à chaque fois un peu meilleur, en raison d’un réseau qu’elle a su se constituer, mariant clients et demandeurs.
Pour exister, faut-il des demandeurs, des besoins et Sonia Souid caractérise son évolution en faisant bien attention de suivre la demande et son évolution. Elle peut être auprès des joueurs, joueuses et coaches qui recherchent un représentant pour défendre leurs intérêts, mais on peut la trouver auprès des clubs qui, dans le prolongement de leur cellule de recrutement, confie le mandat d’aller chercher un profil sur le territoire spécialisé de l’agent avec, prestation supplémentaire, l’intégration de l’agent dans la recherche d’un profil en lui donnant tous les éléments pour se faire (indemnités de transfert, salaires, profil). A charge pour cette dernière, comme un « chasseur de têtes » de trouver la bonne personne.
C’est donc un métier qui demande à connaître l’aspect technique du joueur, du coach, de pouvoir le caractériser et le juger, mais plus encore de maitriser ce qu’est la finalité d’une opération : négocier pour aboutir.
Un métier performant puisqu’il ne paie que lorsque l’opération est faite.
Le faire ponctuellement est une possibilité. Le faire de manière récurrente pour en vivre est une performance. « J’en vis très correctement », c’est ce que je comprendrais au fil de notre conversation.
Dans un milieu où la concurrence est sévère et que tous les coups semblent permis, après se dire que derrière « un excellent contact », il peut y avoir le choix d’un autre quand rien ne le laissait présager ou que tout était dit du contraire, on subit des « baisses de motivation » qui vous interroge sur la continuité de sa mission. Le temps passe, les ouvertures peuvent se rater.
Comme une sportive, le football est son coeur de vie et de métier mais elle trouve d’autres centres d’intérêts qui l’équilibre. L’écriture, le voyage, des projets dans d’autres domaines à construire et à partager.
Elle revenait de Chine, demain où sera-t-elle ?
Une vie comme à l’écran. Une vie qui bouge.
Sonia Souid est une femme. C’est la seule fois où je m’interrogerais quant au genre de la personne que j’interview. Sachant que les femmes s’interpellent plus sur leur avenir que les hommes.
Dans 10 ans, sera-t-elle toujours agent ? Elle réfléchit. Pèse ses mots. Le premier que j’entends, c’est le mot « passion ». Passion de ce milieu qui interpelle, où elle a rencontré des personnes qui la marqueront. Passion de la performance, de réussir une mission. Passion puis Projet.
Le projet d’aller proposer Corinne Diacre à Clermont. Le projet de convaincre des investisseurs fortunés à entrer dans le football, dès lors où la décision n’a pas pour raison la passion mais où la passion donne raison à la raison.
Faire évoluer ses interventions.
A demi-mot, elle évoque son intervention pour participer à l’introduction d’investisseurs dans un club de L1, puis de L2. Puisant dans un réseau au Moyen-Orient qu’elle a formaté dans lequel elle baigne avec crédibilité.
Quelles sont les raisons de mon intérêt pour Sonia Souid ? Elle a réalisé une performance. A sa manière, fil après fil, elle a tissé sa toile. Dans le football féminin, j’y vois des choix qualitatifs. Elle pourrait prendre plus, elle ne dépasse pas 20% de son temps sur cette pratique et pour l’instant n’y retrouve pas 20% de son revenu. Une dizaine de joueuses sous contrats. Des noms plutôt connus : « Les soeurs Cascarino, Amandine Henry, Patrice Lair, Gérard Prêcheur ». Elle ne me le dira pas, je l’écris parce que je le sais.
« Pourtant » me dira-t-elle, « il y a de belles commissions avec le Top mondial en football féminin ». J’en déduis qu’elle a touché de bien plus belles commissions en intervenant dans le domaine masculin.
Tant mieux pour elle.
Je connais et comprends sa performance, j’avais un métier assez proche dans le passé.
A 34 ans, Sonia Souid prend la business Class quand elle se déplace, mais c’est un travail de neuf années antérieures.
William Commegrain Lesfeminines.fr
Interview Jeudi 20 Juin 2019.