Corinne Diacre, l’espoir (2017- )
La « reine Corinne », adulée par beaucoup dans le football féminin, a patiemment attendu son heure. Dans le staff de Bruno Bini comme adjointe, elle a appris le métier mais aussi rongé son frein. Tout juste diplômée du BEPF, plutôt à la recherche d’un poste d’adjointe avec Pascal Gastien, son arrivée ultra-médiatisée à Clermont Foot en Ligue 2 ensuite a suscité beaucoup de commentaires négatifs chez les machos, espérant l’échec en cours de championnat. Première femme à entrainer des « mecs » à ce niveau ; il fallait oser. Cela dénote son caractère de battante, et que rien ne semble entraver.
Elle a réussi son pari. Et c’est avec beaucoup de regret que son président clermontois, Claude Michy a accepté le deal de Noël Le Graët : libérer « Coco » en cours de contrat. A charge au dirigeant auvergnat de trouver un successeur. Avec beaucoup d’élégance, Claude Michy n’a pas voulu contrarier la carrière de la jeune femme, retrouvant en quelque sorte « sa famille et sa maison ».
Revenue dans le giron fédéral avec un contrat en béton de 4 ans (cadeau royal), afin de préparer au mieux la Coupe du Monde en France en 2019, la sélectionneure, deuxième du nom après Elisabeth Loisel, va devoir encore patienter.
Sevrée de rencontres officielles et qualificatives en tant que pays hôte, l’ex internationale aux 121 sélections (14 buts) doit bâtir un calendrier de matches amicaux qui permettra, dixit la nouvelle sélectionneure « de pratiquer une large revue d’effectifs en introduisant une génération de jeunes U19 et U20 très talentueuses ».
Tout en sachant que l’objectif est élevé, la direction fédérale a été claire. C’est le titre de champion du monde qui est visé et souhaité ! Voilà un objectif qui possède tous les adjectifs du fameux « SMART » : il est bien spécifique et précis (S), tout ce qu’il y a de plus mesurable (M) pour quitter ce titre qui colle au maillot français de « champion du monde des matches amicaux ». On identifie bien le (A) de l’acceptation par Corinne Diacre qui parle de challenge passionnant et excitant. Et le (T) du temporel ne fait aucun doute avec l’échéance du 7 juin et 7 juillet 2019. Il reste le (R) de réalisable ?
Cela va être la première recherche de Corinne Diacre en établissant un diagnostic des forces et faiblesses de l’élite française et qui, en même temps, réalise son premier travail en faisant mettre de côté par tous, le surnom affectueux de « Coco ». Les premières sélections de l’ex joueuse et entraineure de Soyaux surprennent et provoquent quelques dégâts chez les anciennes, oubliées dès les premières listes. D’un autre côté, elles donnent un carburant de motivation incroyable aux jeunes joueuses de la D1F qui sentent que des places se libérent pour toute joueuse ayant moins de 25 ans !
Place à la jeunesse qui révèle son envie mais aussi ses faiblesses et limites.
Mais la décision qui a le plus surpris par sa brutalité est le changement de brassard de capitaine. Wendie Renard redevient un simple soldat. La martiniquaise de 27 ans a très mal vécu ce qu’elle considère comme une punition. Elle a reçu le soutien actif du président de son club, l’Olympique Lyonnais, Jean Michel Aulas, incontestable roi du tweet et qui ne manque pas de signifier que sa joueuse mérite un meilleur traitement eu égard à son glorieux passé.
Pour l’heure, Corinne Diacre n’en a cure mais sait aussi souffler sur les bougies après son passage en L2 avec Clermont. Voilà, la future lyonnaise Amandine Henry promue capitaine et Laura Georges (PSG), outre sa fonction de secrétaire général de la fédération, prête à dépasser le record de sélections de Sandrine Soubeyrand (198) comme vice-capitaine avec Eugènie Le Sommer.
Avec son équipe rajeunie, elle collectionne sans surprise les premiers succès, certains avec difficultés. Face au Chili (1-0) et l’Espagne (3-1) en septembre ; devant l’Angleterre, le bourreau de l’équipe de France à l’Euro (1-0) et le Ghana (8-0) en octobre.
En attendant les gros morceaux de l’Allemagne pour son premier déplacement à l’extérieur le 24 novembre, la Suède à Bordeaux le 27 novembre et l’Italie à Marseille le 20 janvier 2018 qui devrait voir, le groupe France se dessiner précisément, « avec quelques ajustements à la marge » confirme-t-elle en zone mixte lors de France-Angleterre. Elle pense certainement aux jeunes U20 qu’elle laissera à Gilles Eyquem pour leur mondial 2018 en France et qu’elle ne manquera pas d’intégrer pour 2019.
Mais elle le sait, il faudra bien que les découvertes s’arrêtent pour s’organiser vers le Réalisable. Fin 2017, ses pensées sont certainement totalement tournée vers cela. C’est quand même un sacré objectif. Le titre de champion du monde ou au moins, la qualification pour les JO de 2020 à Tokyo en faisant partie des trois meilleures nations européennes avec l’arrivée des Pays-Bas et l’essor du Danemark dans le dernier Euro à conserver en mémoire !
Du côté fédéral (ambition pour le football féminin) et médiatique (TF1), tout est prêt. Il y a longtemps que la table est préparée et la salle de réception réservée. Reste maintenant le terrain.
Jean-Louis Morin avec la participation de William Commegrain