Lesfeminines. Tu les vois intégrer pour la plupart l’équipe de France A, quand d’habitude, elles ne sont que 2 ou 3.
Farid Benstiti. Il y a des filles sur lesquelles on ne peut pas avoir de doutes. Et si on veut préparer ce qui va se passer dans trois ans en France, il faut changer pas mal de choses. Il faut prendre la décision de les lancer pour certaines et convaincre d’autres de continuer l’aventure ce qui est plus compliqué car elles sont à un âge avancé pour certaines.
Attention de ne pas prendre le pari d’éliminer tout le monde comme de garder tout le monde. Il faut arriver à trouver le juste milieu pour composer une équipe qui sera très performante pour 2019. Sachant qu’il faut aussi compter sur les clubs pour que ces jeunes joueuses continuent à travailler de manière professionnelle et cela, ce n’est pas évident.
Pour ce que nous avons fait, cela reste quand même, le PSG. Le niveau mondial pour les clubs et je pense y être pour quelque chose. On est dans le très haut niveau d’entraînement et beaucoup de joueuses de l’équipe A sont passées par nos soins. C’est un travail à la française et il faut la respecter.
Je n’ai pas l’impression que l’on organise quelque chose d’exceptionnel pour 2019.
Lesféminines. J’ai le sentiment que l’on risque d’avoir un trou d’air et comme les clubs commencent à se positionner avec une réflexion individuelle, j’ai peur que pour l’équipe de France il y ait un trou d’air.
On a de très bonnes joueuses en France. La fédération a fait un très bon travail depuis 10 ans, même plus que cela, depuis que je suis entraîneur. La première chose à faire, c’est de réunir très rapidement à Paris les meilleurs jeunes joueuses et se concentrer essentiellement la-dessus. revenir à une politique Pôle France où les meilleures jeunes joueuses pendant trois ans puissent se retrouver dans un Pôle à Paris. Surtout pour les joueuses qui sont dans un petit club.
Car attention, elles ne sont pas aussi nombreuse que cela. Il faut laisser bien travailler et en collaboration étroite avec Lyon, Montpellier, Paris où les conditions de travail sont devenues exceptionnelles.
Il faut établir un plan de restructuration des compétitions pour faire en sorte que le niveau s’élève, les rendre plus attractives et plus exigeantes en terme de niveau. Nos jeunes joueuses doivent d’exprimer dans un championnat très dur. C’est dommage que l’on n’ait pas accepté que certaines réserves des clubs de D1 puissent jouer en D2.
Revoir les compétitions rapidement et faire en sorte qu’elles soient exceptionnelles pour amener nos joueuses dans un niveau où elles ne vont pas régresser ou se diluer dans notre championnat car c’est ce qui arrive, mais où elles vont éclore.
Lesféminines. Le championnat est très hétérogène. Tout d’abord car l’Ol et le PSG ont mis la barre très haute et d’autre part car les autres clubs n’ont aucun intérêt à investir.
Il faut que, sur un championnat à 12, les six premiers finissent le championnat ensemble en répétant des matches les uns contre les autres. Il vaut mieux faire quatre matches contre l’Ol, Juvisy, Montpellier que de faire un championnat à 12 équipes ou certaines équipes n’ont aucun intérêt sauf celui de sauver leur tête en fin de championnat.
Lesféminines. Ton souci est de faire en sorte que les joueuses soient soumis à la meilleure qualité pour s’améliorer mais j’ai le sentiment que les autres équipes ne sont pas aussi fortes que cela, notamment américaines. Je ne suis pas convaincu qu’une équipe franchisée américaine gagnerait contre Lyon ou le PSG. je ne trouve pas que leur championnat est très fort.
Aux Etats-Unis, je les regarde souvent. Et je pense que leur niveau est très bon mais leur système ne favorise pas que les meilleures joueuses y jouent. Ce sont de très bonnes équipes. Je ne pense pas que l’Ol ou le PSG gagneraient contre Portland.
A l’inverse s’il y a un très bon niveau, je pense qu’il n’est pas aussi homogène que celui de l’OL. L’Ol a 29 joueuse d’exception, eux ne peuvent pas l’avoir. Lyon finirait très haut dans le tableau aux Etats-Unis mais je ne suis pas aussi certain que cela serait aussi facile que cela ne l’est en France. Nos équipes françaises sont moins bonnes car on a trop d’équipes en France qui sont très moyennes. Il n’y a que Lyon, Paris, Montpellier et Juvisy.
Lesféminines. Que penses-tu de l’Espagne.
Je pense que c’est la nation qui a le plus progressé comme les Pays-Bas. Des équipes comme l’Ajax, Twente sont très bonnes. Je suis allé voir Barcelone Valence, l’Atletico jouer, il y a une très bonne qualité en Espagne. c’est un fait. Ils travaillent bien et doucement et ils ont une option supplémentaire avec une forte identité nationale qui transpire dans les clubs.
L’identité Nationale, c’est naturel chez Elles. Défendre des couleurs. Les clubs qui ont pris une équipe féminine en Espagne, Barcelone, Atletico qui a récupéré aussi une équipe féminine. Ils le font bien, à dose homéopathique et ils injectent régulièrement des jeunes et on le voit chez les jeunes, l’Espagne arrive au bout régulièrement, et on va voir cette équipe de jeunes espagnoles s’exprimer en A. C’est souvent une équipe solidaire, très soudée qui arrive au bout.
Lesfeminines. Il parait que le budget du PSG étaient aux alentours de 8 millions d’euros, que l’Ol n’en est pas loin et que l’Ol paye 20% de mieux les joueuses. Ca parait impossible de retrouver un club de football qui investisse autant sur une équipe féminine. C’est un peu ce que les gens te reprochaient. Il disait, investissement = titre. Pour moi, investissement c’est construction et après cela devient titre.
Un budget. Il existe. Il n’était pas à cette hauteur là, c’est certain. Un budget cela dépend de ce que l’on en fait. En effet, le journaliste ou le supporter ou la personne qui voit cela de l’extérieur, la première chose qu’elle voit c’est le chiffre. Un budget, à l’intérieur d’une structure, l’entraîneur dispose d’un budget recrutement et d’un budget salaire. Nous, en effet, il y avait beaucoup de choses qui ont été faites car le club était en construction. Donc le budget n’était pas essentiellement calqué sur les salaires.
Aujourd’hui ce que peut faire l’Ol sur les salaires, il peut le faire et il le fait bien. C’est parce que, autour de l’équipe féminine, il y a une structuration déjà en place. On peut se concentrer sur le budget salaires, primes et notamment déplacement. Souvent, il privilégiait l’avion privé pour les compétitions les plus importantes.
Nous, au PSG, on s’en est rapproché d’année en année et le budget global a certainement dû augmenter avec des rachats de contrats. Aujourd’hui, cela va être bien plus compliqué d’accéder à un titre et sur l’européen, ce n’est pas à court terme mais c’est sur le long terme. Je me rappelle avoir fait plusieurs demi-finales de Coupe d’Europe avant d’accéder à la finale.
C’’est vrai que c’était exceptionnel dans le monde international d’avoir un budget comme celui-ci. Il est vrai que cela ne rapporte pas grand chose, un petit peu d’images. Il y aura un intérêt pour le football féminin dans plusieurs années, mais pour l’instant ce n’est pas le cas.
Lesféminines. On peut penser que c’est un intérêt médiatique plutôt qu’un intérêt réel pour les acteurs du football masculin car ce sont eux qui devraient faire bouger les lignes. Les rachats contrats se font souvent ? J’ai cru voir que le contrat de Shirley l’avait été pour 1 million d’euros.
Jamais. Shirley elle était libre car elle a toujours signé un an pour se remettre en cause et en question. C’est Lyon qui n’a pas gardé Shirley, il faudra demander à Patrice Lair, je n’en suis pas certain mais elle était libre. Pour Shirley, la discussion était salariale, sans rachat de contrats
Quand elle arrivée à Lyon elle avait 17-18 ans, peu connue. Elle devait rentrer dans une université américaine petite. J’ai accepté de lui faire faire un essai d’une semaine.
Lesfeminines. Le chiffre de Griedge (plus de 100.000 euros) est bien le rachat de contrat supposé le plus important du football français
Non. Je pense qu’une Marozsan a été rachetée assez chère quand même. Marozsan n’était pas libre. Je la voulais depuis trois ans et je n’ai pas réussi à l’avoir. Ce que l’Ol a réussi à faire, je n’ai pas réussi à le faire au PSG car on a voulu tenir un cap. Marozsan aurait du être au PSG depuis 3 ans si on était allée vers une politique de rachat de contrat.
Lesfeminines. Les niveaux de rémunération, 15.000 euros au max avec les primes.
Une jeune joueuse, une Lindsey Horan, touchait aux alentours de 3500 à 4500 € avec les primes par mois. Les autres non. J’ai fait en sorte que le PSG soit respecté par sa volonté ambitieuse et aussi par sa volonté de ne pas faire n’importe quoi. C’est ce que n’a pas fait Lyon avec certaines joueuses en fin de contrat.
Lesfeminines. Justement que s’est-il passé contre Lyon ? C’est cela qui a tout précipité.
Avec le recul, je ne peux pas encore l’expliquer. Tout avait été bien préparé et certaines joueuses ont joué à l’envers. Cela a été une faute professionnelle d’avoir joué aussi haut. D’autres petits détails qui ont fait que cela a précipité l’équipe.
Lesfeminines. Cela fait partie de la règle du jeu
J’ai discuté avec bcp d’entraîneurs de très haut niveau et cela leur ait tous arrivés. Pas encore d’explications. cela m’est arrivé une fois en 15 ans. C’est pas trop mal.
William Commegrain lesfeminines.fr