L’Australie se fait éliminer à la séance des tirs au but en ayant produit les deux meilleurs matches de ce mondial en terme d’intensité et de jeu typiquement féminin.

Elles sortent par la grande porte avec un état d’esprit incroyable face à des décisions arbitrales discutables et discutées qui auraient pu leur poser plus d’un problème de comportement. Une sacré image du football féminin.

Sam Kerr aura joué un match où toutes ses qualités se sont exprimées, très nettement au niveau du Top mondial quand Caroline Graham Hansen aura été extraordinaire, mais bien aidée par une équipe norvégienne qui allait de l’avant avec un milieu qui aura pris le dessus sur celui australien.

La Norvège subit 15′ pour s’imposer dans les 30 suivantes.

L’Australie a montré dans le premier quart d’heure une puissance américaine. Normal, de nombreuses joueuses jouent dans le championnat professionnel des USA.

Moins d’une minute de jeu. Sam Kerr, double meilleure buteuse en titre de la NWSL, en deux contacts, et une balle obtenue dans la foulée, s’est défaite de Mejlde sur un dribble qui a fait aller dans le zag la joueuse de Chelsea. Un tir puissant, ras de terre et malheureusement extérieur. Le coeur norvégien tremble tellement la joueuse a maitrisé son intention, rendant inutile son adversaire.

Le second moment fort des Matildas se fera dans la foulée avec Raso qui entre dans la surface en devançant Minde qui se garde bien de faire faute pour, après un relais judicieux avec Sam Kerr, terminer par son pied gauche naturel, mais sans danger pour l’expérimentée Hjelmseth, 39 ans, souvent fébrile sur un match. Là, parfaite. Nous somme à cinq mètres des buts norvégien. Le coeur norvégien subit des trous d’air.

Le premier 1/4 passé, les norvégiennes reprennent le dessus, d’abord avec des piques de Caroline Graham-Hansen (24 ans) sur le côté droit qui trouve l’extérieur ou la gardienne, puis, de plus en plus avec une maitrise du milieu de terrain, notamment par Engen, infortunée responsable du pénalty français, plutôt moyenne sur les 3 matches pratiqués, et qui là, a gagné en présence. C’est d’ailleurs elle à qui le jeu lui aura donné comme récompense de réussir le tir au but vainqueur et qualificatif pour ses couleurs.

Si le droit fonctionne, le côté gauche de la Norvège ne trouve pas de liaison correcte et Guro Reiten, excellente avec le Nigéria, meilleure buteuse norvégienne depuis deux saisons, descend en qualité de prestations par rapport au premier match face au Nigéria. Chelsea devra en tenir compte avant de la lancer dans le championnat FAWSL 2020.

C’est du côté droit que le danger viendra. Juste après un superbe tacle de Mjelde sur une belle tentative de Sam Kerr, très dangereuse quand elle est servie immédiatement ; pour dans la foulée, voir la jeune Savik, lancer en profondeur l’expériementée Hervlosen, pas très rapide, mais qui tiendra la distance et surtout l’enjeu contre Williams. But, (31′, 1-0). Une balle, un but. 100% d’efficacité pour celle qui a bourlingué sur tous les continents. Européen, asiatique, américain.

Pénalty sifflé, pénalty annulé.

Un match sans la VAR, ce n’est pas possible. J’avais écrit, dès l’info, que c’était une erreur de la mettre en place lors de ce Mondial. Cela allait mettre en évidence les faiblesses de l’arbitrage féminin. On est très peu à l’avoir dit. Ce match, comme d’autres, en aura été une illustration.

https://www.lesfeminines.fr/2019/03/18/la-var-au-mondial-2019-feminin-un-risque-de-credibilite-de-larbitrage-feminin-accru/

Après deux interventions, la VAR interviendra, pour une troisième fois, pour contredire la décision de pénalty que l’arbitre avait prise sur un contrôle « haut de la poitrine » devant ses yeux. Le pénalty sifflé se transforme en balle pour les norvégiennes.

L’occasion pour Sam Kerr (5 buts) qui avait la balle en main de prendre la tête des buteuses de la Coupe du Monde reporté, ou mis de côté. Incroyable de concentration, la joueuse et capitaine ne bronche pas. Concentrée sur son match. Un état d’esprit tellement irréprochable qu’on pourrait lui reprocher. On le sait, l’arbitre est influençable.

Une seconde mi-temps « box to box »

L’arbitrage ne sera pas en faveur des Aussies durant le 1er quart d’heure de cette seconde mi-temps.

Une main de Mjelde qui détourne légèrement le tir de Foord non repris par la VAR …. et dans la foulée un superbe extérieur de Sam Kerr, refusé pour hors jeu quand Graham Hansen dans le même premier quart d’heure aura deux tirs puissants qui trouveront Williams. Une troisième fois, dans le même temps, Graham Hansen (64′) ira chercher Williams qu’elle trouvera.

Il y aura un « mano à mano » entre ces deux joueuses dans ce match. A chaque fois, Caroline partira à droite pour tirer croisé. A chaque fois, la gardienne sera dans son angle. A chaque fois, soit neuf fois d’après les statistiques de la FIFA ! On peut en déduire qu’elle n’a pas de pied gauche.

Les occasions se joueront au millimètre de la motivation. Une récupération haute des deux côtés et c’est l’impact des joueuses qui percutent la défense adverse. Faisant appel à une défense héroïque qui laisse un sentiment d’inachevé et de possible pour chacune des adversaires.

Les filles étant têtues et compétitrices. Le naturel déterminé typique du jeu féminin prend le dessus. Il y a longtemps que chacune joue sur ses réserves. Le mental est focalisé sur une finalité. Renverser l’autre, car c’est possible. On ne comptera plus les occasions pour les deux camps. Des occasions qui butent au détail.

Tout cela fait le rêve des spectateurs et le cauchemar des coaches. On est ailleurs. C’est un combat de filles, pour une qualification dans un Mondial où seuls les USA sont en droit de revendiquer, dans le jeu de la première phase, une place en finale.

Il faudra un corner de Kellond-Knight, non intercepté et qui passe une masse de joueuses pour aller au fond des filets (83′, kellond-Knight). L’égalisation est si juste que personne ne relève la grossière erreur défensive.

Les actions se jouent « box to box », les joueuses touchent à leurs limites. Thorisdottir impose un contact plus que physique dans la surface. On penche pour l’Australie qui va faire craquer la Norvège, et sur un contre opposé, Caroline Graham Hansen joue son match sur un nuage, ne sent même pas la main adverse qui la retient, se promène latéralement au pied de la surface, là côté gauche et sort un superbe tir brossé qui tape le poteau pour courir sur la ligne de Williams sous les yeux ébahis et inutiles d’Utland.

Il restait une poignée de secondes. L’arbitre siffle la fin de la rencontre.

Prolongations.

Thorisdottir nous fait encore une thorisdottir sur Sam Kerr. Limite au physique. Il y avait la Thierry Henry avec son intérieur droit brossé. Il y aura du Thorisdottir en défense (91′). Dans la foulée, Guro Reiten remet une balle en retrait à Graham Hansen qui s’oublie sur un contrôle de trop. Thorisdottir nous en fait encore une autre sur Sam Kerr quand Caroline Hansen va chercher l’extérieur droit pour un ième tir cadré et sorti par Williams.

L’arbitre sort un rouge pour Kennedy comme dernière défenseuse sur Utland, faute qu’elle valide malgré l’intervention de la VAR. On a une pensée pour Thorisdottir et on espère -tout en sachant- que l’audience en Australie (600.000) n’est pas celle du Brésil (25.000.000). Demain, on pourra écouter la radio sans entendre de révolution.

S’ensuit un superbe coup franc de Mjelde, bien assuré de Williams (105′). La même Utland au physique incroyable ne reçoit pas le jaune qu’elle méritait alors que Williams, trop avancée, voit sa transversale la sauver d’une troisième tentative de loin par Boe Risa.

Dans le second acte de la prolongations, la Norvège à onze, domine intégralement mais les filles n’en peuvent plus. Reiten ne va pas au bout de son geste servie par Hansen, quand Sam Kerr, esseulée à dix, essaye de jouer à fond les balles envoyées par les Aussies devant.

Vous ne serez pas surpris de voir Caroline Graham Hansen faire un super centre puis un dernier tir quand l’australienne Yallop ira tenter sa chance de l’autre côté du terrain et tout se terminera avec Caroline Graham Hansen qui aura encore une superbe tentative.

On est dans la phase des tirs au but. Il est minuit. J’appréhende la longueur avec cette nouvelle règle. J’ai tort. J’oublie tout simplement la fatigue des joueuses.

Les australiennes craqueront. 1 tur au but marqué pour quatre encaissés. Un superbe match féminin qui donne enfin raison de les suivre, dans un stade quasiment vide (30% d’occupation). Les stades de L1 sont loin d’avoir fait le plein de la compétition. L’objectif ne sera pas atteint, le chiffre devra tourner aux alentours du million de spectateurs. Une performance correcte quand même.

Les tirs au but.

  • NOR. Graham-Hansen (1-0)
  • AUS. Sam Kerr (1-0) raté.
  • NOR. Reiten (2-0)
  • AUS. Gielnik (2-0) Parade de la gardienne Hjelmseth
  • NOR. Mjelde (3-0)
  • AUS. Catley (3-1)
  • NOR. Engen (4-1).

1/8e de finale Mondial 2019. NORVEGE (1-1) AUSTRALIE.

Stade de Nice à Nice. Arbitres : HUSSEIN Riem (GER), Assistantes COCKBURN Kylie (SCO), TEPUSA Mihaela (ROU). VAR ZWAYER Felix (GER). 12.229 spectateurs. 

Cartons jaunes : Utland (97′), Minde (53′), Boe Risa (105+3) ; Rouge Kennedy (105′)

  • 31′. But de Hervlosen
  • 83′. But de Kellond-Knight.
  • 105′ : Rouge direct de Kennedy.

Norvege : Hjelmseth – Moe Wold (102′, Skinnes), Mjelde, Thorisdottir, Minde – Saevik (72′, Maamum), Boe Risa, Engen, Reiten – Graham, Hervlosen (78′, Utland). coach : Martin Sjogren

Australie : Williams – Carpenter (126′ Harrison), Kennedy, Catley, Kellond-Knight (94′ POLKINGHORNE) – Logarzo, Van Egmond (116′, ROESTBAKKEN), Yallop – Raso (75′, Gielnik), Kerr, Foord. Coach : Ante Milicic.