Ce week-end se déroulait dans le Nord de la France, à Douai, le championnat du monde féminin de pétanque, regroupant plus de 48 nations pour une main mise continue des pays asiatiques sur cet art, dont le quidam, pense qu’il est français. Refusé comme sport de démonstration aux JO de Paris 2024, les finales ont montré la qualité et l’adresse de ces sportives, purement amatrices et très impliquées dans leurs résultats.
La pétanque refusée aux JO de Paris 2024
Les principales raisons ont été de privilégier les sports de jeunesse comme le breaking et skateboard.
Considérant la pétanque comme un sport d’anciens. A tort, puisque dans ces championnats du monde, les athlètes féminines étaient âgées, en moyenne de moins de trente ans. Un âge correspondant à celui d’une athlète postulant au niveau olympique, demandant qualité mais aussi expérience.
La seconde raison concerne la médiatisation et l’impact visuel de la performance. Là, encore, la qualité des tirs, les stratégies développées et commentées ont montré qu’une partie, en compétition, relève de choix précis à faire qui reposent sur des certitudes demandées aux compétitrices. Réussir le tir ou de prendre le point relève d’un challenge qui demande une totale concentration, proche de celle du tir à l’arc.
Enfin sur l’avenir de la compétition, le développement dans les pays asiatiques est phénoménal. A titre de comparaison, la Thaïlande annonce deux millions de licenciés, une sélection de trente joueuses de haut niveau, quand la France tourne autour de 300.000 licenciés, ce qui fait d’elle, néanmoins, la première fédération non-olympique en nombre de licenciés.
Bien plus que d’autres fédérations olympiques ! Le tir à l’arc annonçant 80.000 licenciés. Quasiment au même niveau que l’athlétisme (321.000 licenciés), sans être trop éloignée de la natation (411.992 licenciés en 2024), deux sports olympiques majeurs.
Si la pétanque n’est pas le symbole « du plus haut, plus vite, plus fort », elle est comme d’autres sports de précision, une pratique qui demande une concentration de tous les instants comme un travail d’équipe et de stratégies particulièrement précises et fines.
Une égalité physique entre les hommes et les femmes.
Les JO de Paris ont raté un des sports les plus égalitaires puisque les boules sont exactement les mêmes pour les hommes que pour les femmes, comme pour le poste (pointeur, milieu, tireur). Elles doivent être en métal, situées entre 650 grammes et 800 grammes, d’un diamètre de 70,5 mms à 80 mms. Les hommes ayant des mains plus grandes, vont naturellement vers la taille maximum.
L’occasion a été ratée, plus en raison des structures. Quoi que, si l’Asie s’en empare, c’est bien qu’elle peut se pratiquer partout, quel que soit les terrains. Ouvert à tous et toutes, sans grande dépense, et facile d’installation pour réaliser une partie.
Bien qu’il existe en province, des boulodromes qui accueillent 64 terrains de pratiques, restauration, vestiaires, gradin, public et jeux de lumière comme de sonorisation avec des caractéristiques départementales, nationales comme internationales.

Une compétition très compétitrice.
Les françaises n’ont pas brillé puisque France 1 est sortie en 1/8e de la triplette quand France 2 a buté sur la Belgique en quart. A deux doigts de sortir VietNam 2 en demi-finale, faute d’une série de tirs ratés quand le score demandait à les réussir. Une mésaventure obligeant la quatrième à entrer dans la mène, très concentrée à sa réussite (3 tirs sur 4), mais ne pouvant faire le retard que le Vietnam, impassible créait à chaque occasion.
Plusieurs fois, il a fallu pour le trio belge, que la joueuse de milieu tire le bouchon, de telle manière à ce que la mène s’annule, pour avoir été envoyé, hors du rectangle rouge, que des arbitres, costumés à l’américaine (maillot à rayure verticale), s’escrimaient à vérifier pour que le ’bout’, ou la boule soit effectivement sortie, à l’aplomb du fil rouge.
Pas besoin de VAR dans ce sport, les choses se font en silence. Un sport qui demande une concentration de tous les instants. Le public silencieux au moment du tir ou du lancer, explosant à chaque point repris ou boules touchées comme ratées.
A ce jeu, le Vietnam (Nguyen Thi Thi, Nguyen Thi Thuy Kieu, Le Ngoc Nhu Y et Lai Thi Dung) a vécu une finale de rêve.
Terminant sur un score de 13-1 contre la Thaïlande (Thongsri THAMAKORD, Nantawan FUEANGSANIT, Kantaros CHOOCHUAY, Arisa WADRONGPAK), alors que dans ses rangs, se trouvait la jeune de 20 ans, Kantaros CHOOCHUAY, lunette au nez, étudiante en économie, triple championne du monde dans les trois pratiques (tête à tête féminin et doublette à Rome), puis la veille à Douai, en tirs de précision face à l’espagnole Sara REYES DIAZ, vainqueur sur le score de 43 à 31, soudainement pris par des défauts de tirs qui glaçait son équipe devant la réalité qui s’annonçait.
Le Vietnam conservait son titre en triplette, à la surprise générale et c’était une joie de voir la simplicité de ces jeunes femmes, hébergées et accueillies dans le Nord de la France, venues du bout du monde, prendre un titre auquel elles étaient en droit d’espérer et qui, était devenue réalité.
La Malaisie prenait celui des Nations quand la jeune thaïlandaise, Kantaros CHOOCHUAY obtenait celui du tir de précision.
Une épreuve faite pour être comprise et spectaculaire. Un face à face avec des boules mis dans des configurations différentes (quatre Ateliers différents) qu’il faut toucher sans bouger les autres, sur quatre distances différentes allant de 7 à 9 mètres et finir par la cinquième épreuve, l’atelier le plus difficile, celui du tir sur le cochonnet ! Chaque tir réussi valant cinq points, trois ou zero points.
Les françaises et les belges sont reparties vers leur quotidien. Le travail en semaine et les compétitions le week-end. Plutôt heureuses pour ces dernières, n’oubliant pas de dire qu’elles soutiennent les françaises car, même dans ce sport, les réseaux sociaux les enfumaient.
Découvert sur Sport de France.
Vingt quatre heures plus tard, le tir a quelque chose de magique, s’opposant à l’avis général que la pétanque n’est pas visuelle.
Le fameux « carreau » offre une émotion quasi-éternelle.
A la fin d’une retransmission dominicale, j’ai cherché l’adresse d’un boulodrome proche avec l’envie d’avoir dans la main, la boule de pétanque qui fait la joie de l’envoyer, la fierté de la réussite et l’enjeu de la compétition quand les points des adversaires s’égrènent (se dispersent).
William Commegrain Lesfeminines.fr
Résultats :
- Triplette : Vietnam (1), Thailande (2), Belgique et Cambodge (demis)
- tirs de précision : CHOOCHUAY Kantaros (Thailande) (1), DIAZ REYES Sara (Espagne) (2), TOSUN Yagmur (Turquie) et HOMNIAM Ranu (Norvège)
- Coupe des Nations : Malaisie (1), Italie (2), Pays-Bas et Autriche (demis)
Les replay des parties : https://www.youtube.com/@ffpjpofficiel/streams
le tir de précision : https://www.youtube.com/watch?v=-n2n_0jFbzE