Le choc des challengers de l’Arkema Première Ligue se jouera ce soir, à Charlety, quelques heures après la réouverture officielle de Notre-Dame-de-Paris, brûlée par inadvertance et sublimée par le travail des Compagnons du devoir et Architectes des Monuments Historique, financé par des donateurs, dont la famille Arnault (Paris FC) et Pinault (FC Rennes), n’ont pas été des moindres.

Le stade Charlety bénéficiera-t-il de cette communion des compétences et des ardeurs qui ont permis de rendre, au Monde plus qu’à Paris, ce chef d’oeuvre du romantisme où le laid Quasimodo, bossu croit en l’Amour de la Belle Esméralda ? Imaginons un monde où le football masculin, créateur de l’intelligence artificielle des euros ou dollars, sautant de compte en compte, tombe à genoux, devant un football féminin, mère des valeurs d’un football espéré.

Victor Hugo, en écrivant si bien ce chef d’oeuvre que l’époque d’aujourd’hui, a autant écouté et chanté que lu, marque la vérité des challengers face à la force des tout-puissants. L’histoire ne parle que d’amour entre deux désoeuvrés, démunis mais dont les ardeurs du coeur, en ont fait les milliardaires de l’Humanité.

Ce choc de football féminin possède un peu de cette histoire et si les jeunes joueuses, ont l’âge de ne penser qu’à elles, il y a entre les deux clubs parisiens, une histoire d’amour et de haine, une rancoeur, une jalousie, la recherche de la vérité passée comme un graal : en effet, depuis 2013, le PSG est passée inéluctablement devant l’ex-Juvisy avec 19 victoires pour 24 matches de joués et aucune victoire du Paris FC. Le solde étant fait de cinq matches nuls.

Une vérité violente depuis cette professionnalisation de Farid Benstiti (2012) puisque le compteur buts des parisiennes du 78 est de 52 buts pour seulement 9 encaissés du club de Juvisy, autant parisien que du 9-3.

Le rêve de qui ? Sandrine Soubeyrand qui avait forcé la voix en se rendant compte que les joueuses des deux camps s’amusaient ensemble quand le sceau de la défaite était encore, prégnant, à son esprit ? Un rêve pas si incongru, quand on remarque, sur le bilan des cinq dernières rencontres de championnat, trois matches nuls pour seulement deux défaites, avec un seul but de différence.

Le rêve de qui ? Le rêve du coach parisien, Fabrice Abriel, de l’emporter. Chahuté, vilipendé par les fans, bousculé par ses joueuses dans la presse, Grace Geyoro comme Marie-Antoinette Katoto, voire ses agents, alors que partenaire de Sandrine Soubeyrand, à l’obtention du BEPF, dans la même session de 2023, il doit vouloir l’emporter voire, il est dans l’obligation de vaincre. Le PSG féminin ne pouvant se permettre d’intégrer un Luis Enrique féminin.

Le rêve, c’est l’impossible qui s’offre à chacun.

Les joueuses du PSG de 2014 l’emportant pour la première fois à Lyon sur une tête d’une ancienne lyonnaise (0-1), ont senti la grandeur du rêve. C’était incroyable, la presse mondiale du football féminin l’avait écrit. Je me souviens de Laure Boulleau tombant dans les bras de Sabrina Delannoy. Je me souviens, qu’ensuite, le PSG les avaient éliminé plusieurs fois de la Coupe européenne. Il y avait eu comme une Histoire, un roman.

Chacune s’était convertie à cette église du football féminin français. Françaises, américaines, suédoises, costaricienne. Ce premier match avait crée une sorte de Notre-Dame du football féminin.

Le rêve des joueuses va devoir être nécessaire. Bien qu’il y a longtemps qu’elles ne rêvent plus, ordonnées toutes à l’exercice d’une profession, habituées à réguler leurs gestes et intentions, par le polissage de la professionnalisation qui rend poli ce qui devrait être impoli, quand on exprime, à son intention maximale, la volonté d’une performance.

Il peut y avoir de l’extraordinaire dans ce derby.

Le Paris FC, tout prêt d’un idéal, demandant à l’expression inhumaine d’un Dieu, le passage au Paradis de l’instant et le Paris Saint Germain, bousculé, éloigné du terrain sage de la certitude, obligé à croire en Elles, menacé de l’enfer des médias et de la considération, quand riche de talents, tu deviens comptable de ta performance.

Qui l’emportera ? Samedi soir, 21h00. En espérant que Charlety devienne l’église de la performance des dix années à venir. Il fera froid, mais je viendrais écouter les joueuses chanter ce football féminin.