Les Bleues en 2024 nous impose une réalité, comme Emmanuel Macron nous impose la sienne. Il faut faire avec, bien que personne ne soit d’accord avec cette réalité.
Une équipe qui doit réussir ses fulgurances
La réalité des Bleues la situe autour de la 10e place FIFA et tout porte à croire qu’elle peut descendre plus bas, mais aussi à l’opposé.
A la condition qu’elles réussissent à concrétiser leurs fulgurances qui les amènent à jouer, ponctuellement, au niveau, de ce qu’elles produisaient dans le passé.
Un jeu fluide, avec des passes qui arrivent dans le bon tempo, rapides et efficaces et dont la seule difficulté reste, cependant, la dernière passe. Pour les françaises, toujours en direction de la joueuse qui l’attend quand l’Espagne nous a fait comprendre que les passes doivent être dans un espace vide, ailleurs. Rendant la défense inutile, concentrée sur un ballon qu’elle attend et qui va aller ailleurs.
A charge pour la joueuse en action, d’aller la chercher et ainsi, de se retrouver sans opposition. Mieux encore, source de déstabilisation de la défense adverse.
Un exemple en 6′. Aïtana Bonmati, plutôt connue avec ses deux ballons d’Or récents (2023, 2024), se met à courir dans la surface française en ne cherchant pas à avoir la balle dans les pieds mais dans un espace libre qu’elle a identifié et que sa partenaire, ex-jumelle de Barcelone, Caldentey, posée à droite et déstabilisatrice à gauche, sert comme on sert un « champagne » : avec sérénité et certitude.
Au final, elle marque le premier but à la 6e comme on prend un train au vol. Sans opposition.
Un état d’esprit, une volonté, un travail et une identité. Voilà ce que l’Espagne nouvelle a proposé aux françaises. Personne ne le contestera et l’évidence est là : les espagnoles (2-4) sont au-dessus de nous en cette fin d’année 2024, nous obligeant à le dire, et surtout à espérer que l’équipe recherchée par le nouveau sélectionneur, Laurent Bonadei, révèle un onze qui s’oppose, au score, à une équipe du Top 10 mondial. Sur ce qui a été vu, c’est présomptueux.
Cela reste possible, sans nul doute. Cela dépend des joueuses, de leurs équilibres et surtout de la réflexion qu’elles auront à titre personnel pour réussir leurs fulgurances et ne pas se contenter, d’être présentes au combat. Il faut quelque chose de plus et en plus. A ce stade, une remise en question en se disant que, si les louanges sont nombreuses et le salaire réconfortant, le chemin de la réussite sportive personnelle est encore loin.
Comment faire pour que les passes aboutissent plus et mieux ? Comment faire pour que la passe décisive aboutisse et n’aille pas sur la joueuse, l’obligeant à aller vers un espace libre ? Comment faire pour que la balle offerte par Marie-Antoinette Katoto à Kadidiatou Diani soit au fond des filets ?
Tout se résume à « comment faire » pour mieux faire ? L’axe principal d’amélioration des Bleues à venir.
Au résumé des deux dernières rencontres, les Bleues peuvent retrouver un public si elles réussissent leurs fulgurances. C’est une équipe qui peut marquer à tout moment mais sans garantir qu’elle remportera le match. La tolérance que leur donnait leur niveau, à rater des occasions relève du passé. Aujourd’hui, le peu de donné par l’adversaire doit être converti en but. C’est plus qu’un objectif, une nécessité, sinon le jeu français ne peut lui garantir de gagner face à une équipe du Top 10, voir au-dessus.
Mais ce qui est certain, c’est qu’elles donnent le maximum sur le terrain.
Ca, c’est un truc qui ne leur manque pas.
Alors peut-être, qu’avec cette qualité essentielle de base, il y a quelque chose qui sorte d’inattendu, de surprenant et pourquoi pas d’attirant. Un truc à part. Un truc français.
Sinon, les françaises sont descendues de plusieurs crans et, comme Emmanuel Macron le dit, elles ne s’en sentent pas responsables. A vrai dire, on cherche les responsables qui se gardent bien de se désigner. Oubliant l’hier, d’une nation à un niveau incroyable, pour se concentrer sur aujourd’hui, en caractérisant les Bleues, d’équipe en reconstruction.
De 2e à 10e mondial. C’est carrément pas la même maison qui se reconstruit.
William Commegrain Lesfeminines.fr