L’Angleterre met du neuf sur du neuf.

D’un championnat d’hiver qui semble totalement oubliée, les anglais avait décidé, à la moitié de la décennie 2010-2020, de suivre les championnats européens avec un début en Septembre pour une fin en Juin.

Dans la quasi foulée, la FA avait instauré un championnat totalement professionnel, au début imaginé fermé (sans descente et montée) pour garantir aux clubs investisseurs, une durée de présence, pour finir, par créer montées et descentes, conservant un plancher minimum d’investissement, pour devenir une franchise de la FAWSL anglaise.

La montée en puissance s’est faite avec une poussée financière et un chèque de dix millions de livres annuel par la Barclays Bank pour financer, partie des deux divisions professionnelles mais aussi des centres de formations à organiser dans les écoles anglaises.

Avec toute cela, l’équipe nationale est devenue championne d’Europe 2022 et finaliste de la Coupe du Monde 2023, après deux petites finales acquises aux mondiaux de 2015 (3e) et 2019 (4e). L’Angleterre n’attend plus maintenant qu’une victoire des clubs en Ligue des championnes féminines (Women’s Champions League) avec notamment Chelsea, déjà finaliste en 2021.

Une nouvelle étape est créée, avec une ligue professionnelle indépendante de la FA, dénommée NEWCO et dont la directrice générale sera Nikki Doucet, directrice de Nike.

Doucet entrera en fonction immédiatement, a déclaré la FA, alors que les 24 clubs, futurs actionnaires, se dirigent vers une nouvelle structure de gouvernance pour la saison 2024-25.

En France, les lignes bougent

La puissance de l’Olympique Lyonnais sur la scène européenne (huit titres) a certainement bloqué les initiatives collectives ou individuelles qui auraient pu émerger dans la dernière décennie. L’hexagone ayant déjà des Reines, il n’y avait pas de places pour une autre royauté et l’histoire l’a confirmé avec la continuité des titres lyonnais en championnat (16) pour une seule victoire du PSG en 2021.

La France, avec un Président Aulas qui a quitté le groupe OL moyennant finance, Président de la commission de développement du football féminin en France et membre du Comex, joue maintenant à l’américaine avec une nouvelle propriétaire féminine de l’OL, originaire de la Corée du Sud et américaine, un titre de championnat qui va se jouer sur des play-offs à quatre équipes et une seule D2F féminine à douze équipes.

La FFF a été moins novatrice dans le libellé de sa ligue professionnelle en l’appelant : LFFP, soit Ligue Féminine de Football Professionnel.

A la différence des anglais, la FFF souhaite garder le contrôle en ne donnant pas à cette nouvelle organisation de personnalité juridique. Elle sera donc sous la tutelle du Comex. Elle aura pour charge d’organiser la D1F Arkema et sa seconde division.

L’Espagne revendique, à l’américaine.

L’Espagne, seul nation avec seize équipes dans son championnat, est un peu à l’image de la France, très dépendante du FC Barcelone qui a investi dans le football féminin en appliquant sa connaissance et son savoir-faire du milieu masculin.

Un système qui lui a permis de faire une finale en 2019 (battue 4-1 par l’OL), une autre en 2022 (battue 3-1 par l’OL) et surtout un titre en 2023 avec comme « papier cadeau », le doublé pour Alexias Putellas, du titre de The Best Fifa, suivi de la même reconnaissance européenne.

Si on devait caractériser l’Espagne, on pourrait dire que ce sont les cousines des américaines avec cette velléités continuelles de remettre en question des habitudes passées en cherchant le conflit (nombreuses grèves) tout autant que le consensus, souvent bien loin sur la table des négociations (de nombreuses joueuse sont refusé la sélection).

Le plus espagnol, c’est que l’équipe est devenue championne du monde en 2023, alors qu’en 2019, elle était sortie en 1/8e face aux USA et qu’en 2015, on parlait de performance et d’espoir en la regardant jouer en phase de groupe.

A l’évidence, c’est dans le mouvement que le football féminin gagne de la performance et des titres, surtout quand on est challenger.

Dans le cas contraire, il ne peut que se maintenir et constater qu’il y a de plus en plus de concurrents au très haut niveau. Il va falloir créer des compétitions pour continuer à alimenter cette concurrence avec un gâteau appelé à être partagé s’il veut prendre du volume et de l’intérêt.

William Commegrain Lesfeminines.fr