Elles sont vingt-six, il en faut vingt-trois. Même avec la plus grande des complicités, même en en planquant une ou deux dans les valises, elles ne seront que vingt-trois à donner leurs coordonnées bancaires à la FIFA pour recevoir le prize money de la performance française.
C’est le jeu des chaises musicales qui là sera très clair.
Gros plan sur le banc dans ce match amical contre la République d’Irlande prévu à Dublin, le 6 juillet au soir. Les onze sont alignés sur le terrain, j’en rajoute douze sur le banc et je cherche les trois manquantes dans les tribunes.
Hervé Renard l’a dit : « les trois dans les tribunes seront les trois qui n’iront pas à la Coupe du Monde ». Elles le sauront à l’avance.
Je pense qu’il est préférable qu’elles ne fassent pas le voyage. Au niveau, « montrées du doigt », on fait rarement plus précis. On est proche du traumatisme financier et psychologique.
Argent : Money is money
Dans le passé, un choix qui n’aurait pas posé de problème sauf que la FIFA a décidé d’ouvrir le portefeuille et de donner à chaque joueuse du Mondial, une future dotation de rêve!
Leur futur sera très clair ; allongées sur leur canapé à zapper sur les matches de l’Equipe de France, en se disant, tour après tour, qu’elle viennent de perdre soit 28.000 € (phase de qualifications) ou 60.000 € (1/8e) voire 90.000 € si les Bleues sortent en quart de finale.
Elles prendront deux dolipranes si cela monte plus haut avec un prize money unique de 165.000 $ pour une quatrième place, 180.000 $ pour le bronze mondial et elles mettront leur téléphone en mode avion si les Bleues vont en finale !
Elles verront s’envoler 195.000 $ et 270.000 $ donnés à chaque joueuse pour le titre de championne du monde 2023. Des sommes qu’aucune féminine n’imagine toucher en une seule fois et surtout n’imaginait le toucher dans un passé récent. Encore plus pour les trois futures, certainement moins connues, moins rémunérées que les stars. Pas contre d’avoir un tel banque sur leur Plan d’épargne.
Psychologie : Vingt ans après 1998, on en parle encore
Il y a de quoi maudire cette règle créée par Aimé Jacquet en 1998, moins coûteuse chez les hommes, compte tenu que leur salaire dépasse largement ladite dotation de la FIFA.
D’autant que vingt ans plus tard, certains journalistes rappellent, à l’écoute de certains noms, qu’ils ont fait partie de la liste des « bannis ». Une étiquette difficile à enlever. Un article du Parisien, tiré d’un livre de Karim Nedjari en parle sur le plan de l’émotion reçue pour Pierre Laigle, Lionel Letizi, Sabri Lamouchi, Ibrahim Ba, Martin Djetou et Nicolas Anelka.
Six exclus de France 98 : le livre qui raconte la nuit «des maudits» – Le Parisien
Là, il y aura de quoi pleurer ; d’être amer , de parler d’injustice et de souhaiter le pire à celle qui a pris la place qu’elle pouvait mériter.
Sur le coup, les partantes sur le banc, trop contentes d’y être, se serreront comme jamais pour pouvoir y poser leurs fesses mais toutes sauront que cela peut arriver à toutes, avec ou sans raison autre qu’un staff qui, anticipe un problème à venir, en choisissant A plutôt que B, sans être certain qu’il arrive.
Aujourd’hui, les joueuses sont bien plus proches en niveau que par le passé. Le choix sera préventif, donc avec sa base d’injustice.
Je ne sais pas si c’est une bonne idée cette liste à vingt-six.
Surtout qu’un mondial, cela vous éclaire le portefeuille. Demandez à Amandine Henry suite à son Mondial 2015 au Canada. Reposez la question à Kadidiatou Diani pour sa performance au Mondial 2019 en France.
On joue rarement avec l’argent face à des filles. Si en plus, on touche à leur équilibre psychologique, c’est encore plus compliqué.
William Commegrain Lesfeminines.fr