Sans nul doute, les commentateurs et commentatrices des Bleues vont devoir demander à leurs assistantes un gros travail de recherche d’informations afin de pouvoir « meubler » d’anecdotes et de transferts, la partie -souvent une mi-temps- toujours « comptable » et sans émotion que les Bleues d’Hervé Renard nous produisent depuis son arrivée à la tête de la sélection.
Une bizarrerie quand on voit et on lit qu’aux entraînements, le groupe fonctionne dans la joie et la bonne humeur. Un truc qui ne reproduit pas dans le jeu des matches.
Autriche – France (0-1)
Là encore, après un premier acte géré professionnellement des Bleues, tout en maitrise face à une modeste Autriche (16e FIFA) mais dont le dernier Mondial a obligé toutes les équipes à penser homogénéité et danger quand les rencontres opposent un Top 10 jusqu’à un Top 30 mondial, la France est tombée dans une déliquescence de spectacles et d’émotions qui ont dû servir de modèle ou de concept innovant à tout laboratoire cherchant à trouver des expédients peu chers, aux trop chers somnifères. On s’est endormi.
Et cela marche. La France des téléspectateurs s’est assoupie sur cette rencontre dont le seul but à été marqué à la 5e par une tête effleurée de Wendie Renard et dont la seule surprise, a été la transversale subie par Constance Picaud, pour un plat du pied autrichien sur corner, à la 46′, nous montrant la gardienne parisienne regarder cette balle venir et repartir sur sa transversale, comme un enfant ouvre des yeux sur une étoile filante, dans un ciel étoilé. Sans réaction.
Le pire aurait été de dire « heureusement que les poteaux ne sont pas carrés » car là, le commentateur aurait fait comprendre aux plus anciens qu’il aurait déjà consommé, à la 46′, les trois pages de notes soigneusement recherchées, faute d’avoir à dire quelque chose de significatif sur le jeu.
Le football féminin d’aujourd’hui demande plus mais il donne moins.
Sans avoir à jouer « aux vieux », ce que je ne suis pas ; il ne faut pas remonter à plus de dix ans pour affirmer qu’un match de football féminin était un exercice de style pour les journalistes suiveurs. A chaque minute, quelque chose se passait. Une attaque, un contre qui allait jusqu’à la ligne de but, un centre, une occasion et la balle repartait, puis revenait.
L’antithèse du football masculin où dans les tribunes de presse de Ligue 2, il fallait attendre les dix minutes d’une mi-temps pour avoir quelque chose à écrire et à dire.
Aujourd’hui, on touche au pire. Le football féminin joue comme le football masculin, sans la vitesse, sans la même précision, sans la même émotion.
Il va falloir faire attention à cela ; à moins que de décider que le football féminin vive aux crochets de celui masculin. Mais là, cela nous renverrait au pire des concepts sur le « machisme » des situations structurelles. Les féminines totalement dépendantes des finances masculines.
Les filles accepteraient tout en échange de l’argent.
Revenons au sport
En fait si le football est un sport, alors on ne peut pas accepter le ballet au coin des corners des françaises à la 90′, attendant les quatre minutes de temps additionnels, quand l’Autriche n’a jamais montré le bout d’une chaussure de la rencontre, hormis le fait de se faire des passes, pour s’arrêter aux seize mètres des françaises.
A l’heure où le sport se veut exemplaire, c’est choquant d’un manque de sportivité et un aveu de faiblesse, -autant des joueuses que du football-, quand on a encore en mémoire, au dernier Mondial d’Athlétisme de Budapest, des arrivées, à bout de souffle, des athlètes féminines dans toutes les épreuves.
De la première à la dernière, à la ligne d’arrivée, elles s’écroulent pour avoir tout donné et accepté la force des meilleures. La leur étant dans le fait de se donner, dans le respect de la morale sportive.
Si l’Autriche doit revenir, alors qu’elle revienne et qu’ainsi elle nous montre nos faiblesses pour qu’elle donne envie à chacune, d’aller vers son plus et son mieux.
Parlons spectacle.
Si le football est spectacle justifiant des rémunérations mensuelles supérieures à dix mille euros des footeuses, sans compter les avantages qui vont avec, alors les Bleues ont fait un « four » qui fait que, dans la zone d’ombre des conseils que chacun donne à d’autres ; ceux qui ont regardé la rencontre, -jamais obligé à de la complaisance d’intérêts-, ne peuvent que dire que « le match » ou plutôt « le film » est mauvais.
Un sentiment qui n’est jamais objectif pour les actrices du spectacle mais qui doit se comprendre : si un spectacle ne donne pas d’émotions, alors il est mauvais. La maxime n’est pas nouvelle, elle est aussi vieille que le Monde, notamment celui de l’évènementiel.
C’est le prix du spectacle en contrepartie d’une rémunération individuelle hors sol.
Parlons business
Si le football est professionnel, alors les joueuses ont été professionnelles. Le professionnel regarde le résultat, il oublie le contenu. Trois jours après, un autre « client » s’enchaîne. Il avale les matches comme on avale un kebab. Sans chercher le goût ou la saveur. L’essentiel étant dans le fait de manger et de passer à autre chose.
De temps en temps, il s’invite dans un « gastro ». Alors, il ronronne de plaisirs aux codes et attentions. La larme et l’émotion montent sous les sons des musiques célestes de la Ligue des Champions. Il est ailleurs, acteur du coin doré de ses rêves.
Les Bleues ont été professionnelles. Elles sont de plus en plus professionnelles. Comme les hommes sauf que le football masculin a de tels excès que ces derniers forment en eux-mêmes un spectacle : les transferts, les salaires, les buts, les problèmes. le football féminin n’en ait pas là et les quelques histoires qui sortent les mettent plus dans un tiroir à problèmes qu’au milieu de la table basse, trônant comme l’identité d’une maison.
A jouer trop en professionnelles, qu’elles ne soient pas surprises qu’on ne se transforme plus en aficionados. Qui serait passionné de son chauffagiste ? De sa comptable ? De son commercial ?
Il vaut mieux que la France du football féminin redevienne Artiste si elle veut toucher le cœur des femmes et des hommes de ce pays.
William Commegrain Lesfeminines.fr
UEFA Women’s Nations League – Ligue A – Groupe 2 – Deuxième journée
Mardi 26 septembre 2023 – 18h30 (diffusé sur France 4)
AUTRICHE – FRANCE : 0-1 (0-1)
Vienne (Viola Park) – 10 050 spectateurs
Temps dégagé (25°C) – Terrain en très bon état
Arbitres : Jelena Cvetković (Serbie) assistée de Ivana Jovanović (Serbie) et Aleksandra Kostić (Serbie). 4e arbitre : Milica Milovanović (Serbie)
But
0-1 Wendie RENARD 5′ (Coup franc couloir droit à 35 m frappé du gauche par Bacha qui trouve au premier poteau à 7 m la tête de Renard qui effleure le ballon et surprend Zinsberger qui le laisse échapper de ses gants et finir sur sa droite)
Avertissements : Léa Le Garrec 62′, Selma Bacha 64′, Griedge Mbock 90+1′ pour la France
Autriche
1-Manuela Zinsberger ; 11-Marina Georgieva, 6-Katharina Schiechtl (13-Virginia Kirchberger 61′), 4-Celina Degen, 19-Verena Hanshaw ; 9-Sarah Zadrazil, 17-Sarah Puntigam (cap.) (14-Marie-Therese Höbinger 73′) ; 8-Barbara Dunst, 10-Laura Feiersinger (16-Annabel Schasching 84′), 20-Katharina Naschenweng (18-Lilli Purtscheller 61′), 7-Viktoria Pinther (12-Eileen Campbell 46′). Entr.: Irene Fuhrmann
Non utilisées : 21-Isabella Kresche (G), 23-Jasmin Pal (G), 2-Julia Magerl, 3-Jennifer Klein, 5- Michela Croatto, 15-Nicole Billa, 22-Chiara Anna D’Angelo
France
1-Constance Picaud ; 22-Ève Périsset (19-Griedge Mbock Bathy 58′), 5-Élisa De Almeida, 3-Wendie Renard (cap.), 7-Sakina Karchaoui ; 6-Amandine Henry (14-Sandie Toletti 76′), 2-Oriane Jean-François (8-Léa Le Garrec 68′), 12-Clara Matéo (Vicki Becho 57′) ; 11-Kadidiatou Diani (18-Viviane Asseyi 86′), 9-Eugénie Le Sommer-Dariel, 13-Selma Bacha. Entr.: Hervé Renard
Non utilisées : 1-Solène Durand (G), 16-Pauline Peyraud-Magnin (G), 4-Laurina Fazer, 10-Amel Majri, 15-Julie Dufour, 17-Sandy Baltimore, 20-Estelle Cascarino