La FIFA triple sa dotation et décide de la donner individuellement aux joueuses en continuant à indemniser les fédérations. Une somme individuelle qui constitue pour la plupart un énorme capital qui va devenir un objectif essentiel. Sans aucun doute, les ambitions des moins riches vont se décupler. Avant les sélections, pendant et après. Et elles sont beaucoup à être peu riches du football.

La nouveauté : Money !

Dans un sport qui ne bouge que d’une oreille tous les dix ans au niveau de ses règles (le changement a cinq remplacements au lieu de trois ayant été imposé par la COVID), ce qu’a décidé Gianni Infantino, sous négociation du syndicat international FIFPRO, laisse rêveur !

Expression d’ailleurs mal adapté si on associe le rêve à l’imaginaire, l’écriture devrait plutôt aller vers « le sanguinaire ».

Explications :

Les joueuses, habituellement rémunérées par les fédérations en pourcentage de ce que la dotation FIFA leur restituait, percevaient 1/3 de cette somme globale qui couvrait pour les deux tiers, les frais de déplacements des équipes nationales dans le tournoi mondial, à partager avec les vingt trois joueuses et trois ou quatre membres du staff.

Dans le Mondial français, la dotation collective avait été de 50 millions d’euros à partager auprès de vingt quatre équipes et dont l’équipe américaine, championne du monde avait eu à se partager, quatre millions d’euros, soit un peu plus de 38.000 euros chacune quand les françaises, éliminées en quart, avaient reçu aux alentours de vingt mille euros chacune.

Chez les filles, money in my pocket

Un chèque symbolique pour les joueurs masculins qui d’ailleurs, forts des rémunérations à six ou sept chiffres qu’ils recevaient, se faisaient un plaisir à les restituer à des associations caritatives. La France au Qatar (finaliste 2022) avait eu 28.4 millions d’euros à se partager quand l’Argentine de Messi recevait 40 millions d’euros. Certains avaient gardé leur participation, les plus gros l’avait rétrocédé.

Un système plutôt sympa, sauf que pour les joueuses, les sommes restituées constituent un sacré capital au regard des rémunérations reçues et, pas folles les guêpes, aucune ne s’est amusée les redonner à des associations caritatives. Le virement effectué venait gonfler un compte bancaire plus ou moins garni mais avec assez de places pour en recevoir un peu plus voire bien plus.

La révolution helvétique

La révolution suisse vient que dorénavant, ce seront les joueuses qui seront directement payées par la FIFA. Elles vont donc recevoir 100% des tours passés, …. chacune.

Deux nouveautés. La première souhaitable pour des équipes comme la Chine ou celles venant du continent africain, ayant appris à distinguer entre les belles photos des signatures contractuelles leur promettant vingt à trente pour cent des dotations et la réalité virée sur leur compte bancaire, les obligeant à se taper les tutos you tube sur l’application des pourcentages, pour se rendre compte que leurs dirigeants mélangeaient les multiplications avec le redoutable zéro qui élimine tout ! ou confondait les % avec les milliers.

La seconde, plus impressionnante quand on voit le montant des dotations :

  • Chaque joueuse de la phase de groupe éliminée en phase de groupe recevra 30.000 $
  • éliminée en 1/8e, le montant passe à 60.000 $
  • bloquée en 1/4, le virement sera de 90.000 $
  • à partir de la 4e place, les non-sélectionnées 2023 verront passer 165.000 $. cela fait cher la sélection.
  • Les 3e, commenceront à recevoir des notifications de leur banquier pour placer les 180.000 $
  • les finalistes jongleront avec 195.000 $ chacune
  • quand aux vingt trois finalistes dont les cinq qui ne joueront jamais, elles ne regretteront pas les formations CPF ou « you tube » passées incognitos pour « être le collègue idéal » dans un groupe !
  • 270.000 $ in the pocket pour poser des fesses royales sur un banc en n’oubliant pas d’encourager les coéquipières et de dire, avec les yeux ou les mots, à quel point, ce coach est extraordinaire et cette équipe géniale :

Le royaume du « I can Wait ! »

En faisant ce prize momey 2023, bien au-dessus des rémunérations des joueuses, vous ouvrez la porte à la gestion des portefeuilles financiers, dans un monde qui compte en milliers d’euros pour la plupart.

Vous les faîtes bouger avec, en ligne de mire, le million qu’elles n’auront quasiment jamais aujourd’hui, à part certaines pour les américaines, très collectives et certaine -au singulier- pour les meilleurs stars européennes.

Vous allez développer les « lèches …. », jamais certaines d’entrer en jeu mais prêtes à partir. Sans souci.

Quelques exemples rapides. Vous prenez la quatrième gardienne française. Dans une équipe 5e mondial, elle peut espérer toucher soit 90.000 €, soit au pire 165.000 $ (4e) voire mieux. Elle ne va jamais jouer, mais tu ne peux pas savoir comme elle l’aime, cette équipe des Bleues, cette décision extraordinaire d’avoir une quatrième gardienne, etc … quand, pour la joueuse de champ qui perd une place dans les vingt trois, … une seule solution : la haine ou la reconversion en gardienne !

Sans remuer le couteau, le duel entre Elisa De Almeida et Delphine Cascarino lors du PSG-Ol de l’avant-veille de la liste du 6 juin, même si la blessure n’est pas directement liée, voilà un duel qui a un coût. Les joueuses l’auraient su, de manière si directe, Delphine n’aurait pas tout tenté et Elisa, aurait estimé le risque trop important, pour elle comme pour sa coéquipière en Bleue.

Et les exemples comme cela, on peut en estimer quelques uns aujourd’hui, et on devra en évaluer plus d’un dans un temps à venir.

Les autres restées à la maison, si on prend l’avant-dernière sélection, pas bêtes les mouches, vont devenir sanguinaires. Hawa Cissoko qui ne part pas, laisse un petit paquet de billets. Melvine Malard, tout autant, Ouleymata Sarr mesure sa malchance et Sandy Baltimore maudit le sentiment d’Hervé Renard et de son staff qu’elle aurait pu mieux faire.

Et, les petites équipes du Mondial, montées de vingt quatre à trente deux dans cette 9e édition, très sensibles à la différence entre 30.000 & et 90.000 & vont envoyer du bois lourds, voire très lourds dans les matches de groupe. Pour le groupe des Bleues, 30.000 $ en Jamaïque et 90.000 $ en Jamaïque, tu mesures très facilement la différence entre les deux. Déjà, une équipe physique. Attendez-vous a du lourd.

Et pour terminer, Corinne Diacre a sauté sur des égos, des stratégies avec des ambitions financières pour les joueuses. Là, il ne faudrait pas qu’Hervé Renard plante le compte bancaire. Aujourd’hui, quand tu joues en Equipe de France, tu fais un business. Et je ne parle même pas, d’une erreur de coéquipière qui laisse les Bleues, comme les autres, en phase de groupe alors que la France est classée 5e mondial.

L’argent s’invite. C’est toujours un ami quand tout va bien. C’est le pire des ennemis quand il n’atterrit pas dans sa poche mais dans celle du voisin, dans un milieu où il n’y en a pas tant que cela.

Surtout quand on parle en milliers ou en millions. Et que, c’est le seul moyen pour la personne d’en gagner. Rappelons que la FIFA et la FIFPRO, dans la même annonce, parle de 14.000 € … annuel pour le salaire moyen mondial.

On a demandé à toutes, associé à leur passeport et visa, leur coordonnée bancaire, avec RIB et numéro de compte. Attendez-vous à du SANG ! Il ne faut prendre les filles pour des princesses qui attendent le prince ou la princesse charmante.

Lève les jambes. Protège les chevilles.

Puis, troisième réflexion, on est assez proche avec le système individuel des prizes money dans le tennis ou l’athlétisme, sports individuels par excellence.

On verra.

William Commegrain Lesfeminines.fr

Les dotations qui resteront données aux fédérations

  • phases de groupes 1.560.000 $
  • 1/8e de finale : 1.870.000$
  • 1/4 de finale : 2.180.000 $
  • 4e place : 2.455.000 $
  • 3e place : 2.610.000 $
  • finaliste : 3.015.000 $
  • champion : 4.290.000 $