De gros changements dans cette « première » liste d’Hervé Renard. En effet, d’habitude, la précédente liste est reconduite dans sa quasi-totalité en s’adaptant aux différentes blessures, entrées ponctuelles alors que là, sur le tapis rouge du Mondial 2023, le nombre de joueuses inattendues de derniers instants ou venant juste de mettre un pied dans la sélection, est nombreux.

Des choix très jeunes

Cascarino Estelle (26 ans, Manchester United) comme Lakrar Maëlle (Montpellier, 23 ans) en défenseuses en sont l’illustration idéale. La jumelle de Delphine, bloquée à Paris sur blessure lors du dernier PSG-OL, n’est revenue en sélection qu’en février 2023 , lors du dernier Tournoi de France (5 sélections depuis), après un trou de deux années pour un total initial de quatre sélections, porté maintenant à neuf.

Lakrar Maëlle, (23 ans, Montpellier HSC) vient de plus loin encore, puisqu’elle n’est entrée en équipe de France qu’à compter du Tournoi de France sous la liste de Corinne Diacre, et n’a que deux sélections à son compteur avant de partir pour l’Australie et cette neuvième Coupe du Monde féminine.

Elles seraient les seules qu’il n’y aurait que peu d’intérêt à prendre cet angle, mais se rajoute Laurina Fazer (20 ans, PSG), entrée dans le groupe sans jouer en octobre 2022 (Corinne Diacre), lancée sous les ordres d’Hervé Renard en avril avec un petit total de deux sélections à ce jour. Dans cette foulée, on retrouve Oriane Jean-François, testée une première fois en 2020 par Corinne Diacre, puis lancée en avril 2023 par Hervé Renard (Canada, Colombie) pour ses deux premiers matches à la tête de la sélection française.

Si on rajoute Léa Le Garrec, trentenaire, et au centre de l’animation offensive de Fleury FC 91, quatrième du championnat, qui n’avait pas été en Bleue depuis novembre 2017, profitant de son retour pour marquer son seul but en sélection et avec un quota de seulement cinq sélections, vous devez comprendre la liste d’Hervé Renard, comme une liste pour le Mondial 2023 mais surtout dans la ligne de celle des JO de Paris 2024.

D’autant si vous rajoutez les deux attaquantes que sont Vicki Becho (OL), toute nouvelle arrivée à dix-neuf ans dans le groupe France et Naomie Feller (22 ans, Real Madrid), remplaçante dans le club madrilène, second du championnat espagnol. Deux joueuses non-titulaires et en cours de formation dans leurs clubs à forte réputation et concurrence, bénéficiant des absences de Delphine Cascarino et Marie-Antoinette Katoto pour blessures.

Sans oublier la présence d’Aissatou Tounkara (26 ans, 39 sélections), capitaine de l’Equipe de France lors de certains matches de Corinne DIacre, entrée en 2017 chez les Bleues, 39 sélections, et ayant perdu sa place assez récemment, puisque encore présente en Octobre 2022. Un retour, sur une liste essentielle, bien que peu vue sur le terrain à Manchester United. Il faut rajouter à ce retour la gardienne Solène Durand (2 sélections, 29 ans), oubliée en 2022-2023 par les Bleues, et appelée dans cette nouvelle liste après une saison 2021-2022 sous blessure.

Sur une liste de vingt-trois, dix joueuses qui découvrent ou redécouvrent l’Equipe de France en se disant qu’elles ont une sacré chance d’avoir posé leurs pieds à Clairefontaine, très récemment ou pour une nouvelle fois. Un peu à l’image de la communication de la fédération faisant un choix d’écriture visuelle originale sur twitter.

La liste en vidéo

Le retour de l’expérience

Pour encadrer cette jeunesse qui entrera ponctuellement dans un onze titulaire et certainement plus souvent dans le cours des rencontres, soit six pour aller en demi-finale, objectif fédéral annoncé par le sélectionneur lors de sa conférence de presse au siège social de Nike, l’équipementier des Bleues, le staff d’Hervé Renard a confirmé le retour d’Eugénie Le Sommer, meilleure buteuse des Bleues en activité (88), 187 sélections pas très loin de battre le record français de Sandrine Soubeyrand avec 198 maillots portés en Bleue.

Le risque a été de confirmer la rumeur d’Amandine Henry (93 sélections, 13 buts), tout juste blessée au moment de la nomination d’Hervé Renard, prise sans match joué depuis, et qui était avec une année délicate dans son club, entre titularisation et négociation de fin de contrat, pour aller jouer à Angel City, sa nouvelle destination américaine.

Deux joueuses extraordinaires et uniques jusqu’à l’année dernière mais dont la saison 2022-2023, a été mitigée. Elles viendront avec une forte connaissance des duels qui attendent les Bleues mais auront besoin de leur jeunesse pour aller au plus loin.

Ce sera tout l’art de la sélection d’Hervé Renard de trouver l’équilibre en force et en différences des qualités de son groupe.

Les autres particularités

Visiblement, le staff a décidé de partir avec quatre gardiennes sur une liste de vingt trois. Cela donne une joueuse de champ en moins au regard de l’habitude et pour ce groupe de vingt-six, trois noms sans billet pour l’Australie. Une situation connue et habituelle maintenant, en France comme à l’étranger.

Au bilan, des choix audacieux mais risqués, inattendus qui laissent de côté des joueuses dont les plus connues sont Kheira Hamraoui mais aussi dans le chapitre des joueuses d’expériences, Sarah Bouhaddi en tant que gardienne voire Gaetane Thiney, au centre de la réussite sportive du Paris Fc, 3e du championnat de France et européen pour la seconde fois.

Pour ce qui en est de la jeunesse, Sandy Baltimore (PSG) avait l’habitude d’être en Bleue, comme Ouleymata Sarr (PFC) voire Melvine Malard (OL). Marion Torrent (51 sélections), Charlotte Bilbault (56 sélections), capitaines de l’équipe de France faisaient plus partie d’une vision précise de Corinne Diacre, qui en avait fait « ses soldats », démarrant avec elle et prenant de plus en plus de responsabilités sous son coaching, difficiles à intégrer dans le cadre d’une autre dynamique.

William Commegrain Lesfeminines.fr