La demi-finale a offert une belle différence entre les joueuses. Au rugby, on entend souvent les passionnés de ce sport dire qu’il est ouvert à tout le monde sur le plan physique, des demis de mêlées taille normale, aux trois-quarts, taillés à la vitesse, puis les grands de deux mètres pour finir par la troupe de devant à 130 kilos pour le plus maigrichon.
Au football féminin, c’est souvent le même gabarit. Entre 1m60 et 1m70 pour les dix du terrain, 1,80 pour les gardiennes.
La demi-finale de la Women’s Champions League entre Arsenal et Wolfsburg a fait jouer deux joueuses totalement différentes dans leur physique comme dans leur pratique.
La première du côté allemand, gloire aux qualifiées, est Svendis Jonsdottir, islandaise de 21 ans dont wikipédia nous apprend que sa mère est ghanéenne. Fine, elle semble incroyablement grande alors qu’elle ne fait que 1,76 ! Lorsqu’elle court, elle lance sa balle loin devant et envoie des enjambées d’une coureuse de 800. Ses adversaires doivent doubler les appuis pour se mettre à son niveau de course. Avec plus d’appuis, elle pourrait voler.
La tête est haute, le port altier. Aucun effort de visible. Elle court simplement comme cela, aussi facilement qu’on respire. Naturellement.
On la verrait plutôt danseuse d’Opéra. Lorsqu’elle joue de l’épaule, c’est bien plus dans la tête qu’elle veut conserver cette balle, plus que par son physique. Celle fille finira romancière à écrire des romans d’aventure sur les gens.
Avec une particularité unique en football féminin, elle fait des touches qui t’envoie la balle au milieu de la surface quand la plupart ne dépassent pas les dix mètres. Et encore, en sautant de joie !
Elle est fine, elle est élégante et elle joue au foot au plus haut niveau avec ces différences.
De l’autre côté, il y a Katie Mac Cabe. 27 ans, capitaine de l’Equipe d’Arsenal. Un caractère de cochon. A l’aller, sur un tacle d’Oberdof sur une de ses joueuses, elle est allée directement « poitriner » l’allemande qui se relevait, pour l’écraser. Prendre un carton à l’irlandaise, comme une récompense et finir, deux minutes plus tard, à se calmer en se demandant ce qui était arrivé.
Une bombe. C’est clair. Tu l’amorces, elle explose.
Deux images. Placée devant, elle court comme une dératée sur Frohms, la gardienne allemande, qui dégage dans un souffle sur son tacle glissé de cinq mètres, pour que la balle tombe dans les pieds d’Arsenal. La capitaine, ni une ni deux, revient à la même vitesse pour ne pas être hors jeu, reçoit le ballon et, ipso facto, repart au combat pour se faire tacler et finir par une roulade dans la surface. Prête à se relever, contente d’être tombée.
Du sang, de la sueur, de la puissance, voilà ce qui est son moteur.
A la fin du match, quand il ne reste plus qu’une ou deux minutes, elle sent une joueuse qui lui touche l’épaule. Pas méchamment, Juste touchée. Jill Roord, la buteuse. Elle, immobile. Elle se retourne et poing armé, elle est à deux doigts de lui envoyer une droite ! Comme cela.
Alors elle, dans un métro bondé, elle s’assure un mètre de tranquillité !
Match terminé, elle est à l’écoute de toutes et tous. Hug à gauche, hug à droite. C’est plus la même ! 1m64, pas beaucoup moins que Jonsdottir mais autant elle est attachée au sol, terrienne, autant l’islandaise semble grande, prête à toucher le ciel.
Deux tempéraments différents qui se sont retrouvées, l’une opposée à l’autre. Directement adversaires, par le jeu des faits sur cette rencontre.
Le football féminin dirait un fan excessif de cette pratique. Le sport féminin permet cela. D’être une à un moment pour être l’autre, à un autre moment. Qui que l’on soit et peu importe comment on l’est.
William Commegrain Lesfeminines.fr