Wendie Renard, les Antilles sont à Paris !

Au sortir du match entre le Paris Fc et l’Olympique Lyonnais, je me demandais pourquoi personne n’avait contacté Wendie Renard en lui parlant de l’importance de la communauté des Antilles dans la région parisienne comparée à celle dans le Rhône ! Les chiffres sont hallucinants, ceux de la footballeuse comme de la communauté des Antilles ! Les Antilles sont à Paris !

Elle en serait la Reine et avec elle, les stades seraient pleins de nos compatriotes antillais, passionnés de ballon ! Elle danserait la biguine tous les fins de week-end, le poulet bacané à profusion et même des langoustes grillées à volonté !

Ce n’est pas Wendie Renard sort de ce corps, c’est Wendie renard sort de ce match si tu veux que Paris gagne !

Parce que soyons clairs. A chaque fois qu’une équipe parisienne est à deux doigts de gagner l’Olympique Lyonnais …. qui sort de sa tanière pour aller marquer !!!? Wendie Renard, auteure d’un doublé (17′ et 70′) cet après-midi à Charlety, sur des buts de combat où il faut mettre encore plus le cœur que la tête pour marquer !

Le premier, tu ne sais pas comment il rentre (17′, 0-1), mais tu sais maintenant pourquoi si tu as lu les premières lignes de ce compte-rendu.

L’Olympique Lyonnais s’était pris deux actions très chaudes du Paris Fc (2′ et 13′), sur un premier décalage qui met Ouleymata Sarr en position de tir, dans les bras d’Endler (2′) et le second, qui va frapper poteau extérieur, d’un bel enroulé de l’attaquante française et internationale.

Normalement, c’est terminé et le match est plié. Sauf que l’OL est devenu imparfait. Les joueuses sur le terrain jouent mais ne font pas mal à celles du Paris Fc qui tiennent le choc et plus encore, montrent les dents prêtes à mordre.

Sarr la joue au mental et oublie ses deux échéances précédentes pour prendre le vent à Janice Cayman, centrer au ras. Mathilde Bourdieu ne rate pas l’occasion pour égaliser dans les deux minutes suivantes (1-1, 19′)

Le Paris Fc égalise dans les deux minutes suivantes, cela sent l’histoire à suivre avec attention !

Là, si tu as un peu de vécu dans le football féminin français, tu comprendras qu’il va peut-être se passer quelque chose. D’autant que l’OL joue au chat et à la souris avec la première place depuis le début du championnat, gagnant ses matches sur des petits scores alors que le Paris FC joue un football complémentaire et équilibré, pour une troisième place qui depuis deux journées pourraient avoir un meilleur goût !

Quand à la 47′, juste aux retours des vestiaires, Mathilde Bourdieu met le second parisien (2-1) ! là tu te dis qu’il va se passer quelque chose. D’autant que Clara Matéo est parti de ses vingt mètres pour filer droit vers le but lyonnais, sans rencontrer aucune opposition réelle, si ce n’est un adversaire qui court après elle, pensant que celle devant va l’arrêter quand celle devant, pense à tort que la première va tacler.

À trop penser, Clara Mateo est aux pieds de la box lyonnaise, envoie à bout de souffle, un tir de cacahouète qui a le bonheur d’être contré et Mathilde Bourdieu joue de sa vitesse pour être seule à marquer.

Le Paris Fc mène devant l’OL ! Très rare !

Une situation où l’Ol mène devant le Paris Fc. Normal. La même situation où le Paris FC égalise dans les deux minutes suivantes. Très rare. Enfin, voir le Paris Fc passer devant l’Ol après avoir été mené, jamais vu depuis 2011 !

Dans ce Paris Fc, il y a un paquet de filles qui sont revenues des matches face à l’Ol avec une valise, un container et au mieux, des regrets.

Donc ces joueuses ont bien dans la tête l’exploit qui se dessine et si le bonheur voulait leur tendre une chance -c’est à dire de ne pas avoir de corners contre elles-, ce n’est pas dit que Noêl n’arrive pas avant l’heure.

Mais il faut croire que les joueuses parisiennes n’ont pas en tête qu’un corner, c’est quasiment un pénalty avec Wendie Renard dans la surface. La capitaine de l’Equipe de France a pris l’habitude de camper dans la box et d’attendre la balle impossible que ses longues jambes, sa motivation, son caractère de championne vont aller chercher quand d’autres espèrent que cette balle finisse inoccupée.

Nous sommes à la 68′. Le Paris Fc a tenu son score depuis vingt minutes. Un petit exploit bien que l’OL, dans sa configuration de base ne présente pas de dangers particuliers, si ce n’est celui de sa notoriété.

La gardienne parisienne se fait prendre sur un contact inutile, blessée, arrêtée. Dans les deux minutes qui suivront, elle lâchera la balle qu’il ne fallait pas lâcher. Là où elle s’était envolée et concentrée dans les duels aériens, elle n’est pas aussi attentive sur une balle basse et Wendie Renard envoie sa canne à pêche du pied droit pour aller pêcher l’égalisation lyonnaise (2-2, 70′).

Tu ne sais pas comment elle l’a fait. Juste, elle l’a fait.

(2-2) Si tu fais clair et court : le Paris Fc a marqué deux fois par son avant-centre ; l’OL a marqué deux fois par sa défenseure centrale. Autrement dit, si tu es pragmatique, tu es sorti d’un rêve cinq étoiles et tu te retrouves à demander une chambre dans un trois étoiles.

L’Ol change ses joueuses, le match change de camp

Le Paris Fc est fatigué. Gaetane Thiney, jusque-là impeccable, commence à perdre des ballons. Clara Mateo pousse et montre son niveau international mais offensivement, c’est fait. Le moteur parisien a donné ce qu’il pouvait, reste à la défense de tenir. Elle tient.

Sauf pour le troisième but encaissé qui donne la victoire à l’OL.

L’erreur Suisse

Je suis Aigbogun, internationale suisse quand même, 29 ans, je demande un congé sans solde. Je prends des vacances.

Depuis cinq minutes avec les entrées de Bruun, Bacha, Marozsan et Becho le moteur lyonnais s’est emballé. Eugénie Le Sommer lui a fait deux pointes de vitesse qui sont à l’évidence dans sa mémoire émotive.

La balle de la lyonnaise Becho est en profondeur, sans risque. Elle n’a qu’à couvrir, Delphine Cascarino, tel un léopard est derrière. Elle ne la bouscule pas. La gardienne Nnadozie sort. Elle est aux dix mètres. Maintenant treize. Tout est clean.

Et la question se pose : tu me la donnes ? Quand l’autre pense : tu la prends ?

Aucune ne prend de décision. Normalement, au pire, elles doivent se tamponner.

Et là s’est passé l’incroyable. Aigbogun dribble sa gardienne ! Delphine Cascarino, juste derrière envoie sa vitesse, lui prend la balle au passage, disponible comme une offrande, pour la mettre au fond des buts vides (2-3, 80′) !

Il s’est passé un truc incroyable. Aigbogun a déconnecté son cerveau du côté raisonnable et expérience pour se retrouver comme une enfant – dont le stade est rempli – à faire une bêtise de débutante.

On ne comprend pas. C’est comme si un chronomètre suisse se mettait brusquement à aller dans le sens contraire des aiguilles d’une montre. Un cauchemar pour ce pays fait de Maîtres horlogers !

A la 47′, le President Ferracci invitait tout le monde au superbe restaurant des nouvelles tours jumelles de la Porte d’Ivry. A la 80′, il rangeait sa carte bleue et se préparait à un discours très politique sur l’impossible devenu impossible mais qui laisse la place au possible dès lors que l’impossible veuille bien venir poser ses valises dans la région parisienne. (humour)

L’OL en dix minutes, c’est l’OL

Cela confirme que l’Ol avec ses rentrées, a tapé dans le jeu, fort, comme dans le mental. La fille a déconnecté ! Les deux files ont déconnecté.

Car la gardienne Nnadozie n’est pas mieux. Elle voit Delphine Cascarino prête à bondir. Elle n’a qu’à plonger dans les pieds de sa joueuse et l’affaire est réglée ! Il ne peut pas y avoir faute, c’est sa joueuse. Elle, aussi, a déconnecté de la réalité.

L’Ol a tapé et elles sont sonnées. Elles savent gérer le normal, elles n’ont plus le mental pour gérer le risque.

C’est cela qui me fait penser que l’Ol peut très bien gagner ce championnat comme la Coupe d’Europe. En dix minutes de changement, l’équipe lyonnaise n’a rien à voir. Elle tourne comme une horloge. On ne voit plus les faiblesses, on devine et on sent la vitesse.

Le bilan

Il restera quoi de ce match où toutes les filles se sont accolées, adversaires se connaissant par cœur, sauf Aigbogun, pas encore remise de la réalité de ce qui s’est passé. Sortie seule. En train de descendre. Sûr, les vestiaires seront froids pour elle !

Tu t’appelles Thiney, Soyer, Butel, Greboval, même Vaysse tu sais le prix de ce qui est en train de te passer sous le nez. On ne passe pas à deux doigts de battre l’OL pour sortir comme cela. Sans rien au passage. Vingt fois, tu es revenue sans rien. Et là, rebelote quand la partie pouvait être à toi.

C’est un peu comme un cadeau de Nöel qui marche le soir et qui doit aller au SAV le lendemain. Tu as beau expliquer à ton gamin qu’il en aura un. Bien élevé, il te dira oui ; énervé, il te mettra la mort dans un silence sans amour, assis sur son siège. Dans les deux cas, tu l’auras touché là où cela fait mal. Au cœur.

Le Paris Fc ne sera pas champion. On le voit quand l’OL accélère. Les mêmes joueuses parisiennes qui auraient pu gagner ce match qu’elles n’ont jamais gagné n’ont pas dû mettre plus d’une heure à redescendre à mon avis. Ces trois points ne sont que trois points envolés mais la leçon à retenir, c’est qu’on ne peut pas être sportif de haut niveau sans être exigeant avec son mental. Là, il y a eu une défaillance qui mérite un réel effort pour passer par-dessus et vaincre ce moment s’il venait à revenir.

L’Ol a fait intervenir cet aspect mental dans son équipe. Il faut que le Paris Fc en fasse de même si elles veulent avancer dans ce championnat et dans leurs rêves.

L’Olympique Lyonnais peut redevenir ce qu’il était si ses joueuses principales arrêtent de se blesser. On voit bien la différence.

Il faudrait dire aux jeunes pousses lyonnaises, décevantes comme Benyahia, Sombath qu’elles doivent faire plus que d’être là pour faire le nombre. Aujourd’hui, si Griedge M’Bock revient, personne ne se posera la question de savoir si elle rentre ou pas. Idem pour Vanessa Gilles. Idem au milieu. Dans un club comme l’OL, ce n’est pas normal, d’autant qu’elles sont en droite ligne de la future équipe de France. Là, c’est impossible. Il faut faire plus et mieux.

Les jeunes lyonnaises doivent se mettre en danger si elles veulent que le comptable ne pose pas des équations trop compliquées quand elles iront demander un nouveau contrat.

Becho a un réel avenir. Le peu de sa présence et déjà on l’a en tête. Passes puissantes, déterminantes. Elle est au-dessus.

Il reste donc le début.

Qui a dit à Wendie Renard que la plus grande communauté antillaise et la meilleure se trouve dans la région parisienne ?!! Où plutôt qui ne l’a pas dit maintenant qu’elle a signé pour un bail à long terme. C’est quasiment une faute professionnelle. Pas surprenant, de ce que j’ai vu dans le football féminin, on ne s’éloigne pas de l’habitude. L’innovation et l’anticipation, c’est dans le tiroir ou dans le garage. Cela va trop vite, ces trucs-là !

A Paris, cela aurait biguiné grave dans les stades !

William Commegrain Lesfeminines.fr

Dimanche 27 novembre 2022 – 16h00 (Canal+ Foot)
PARIS FC – LYON : 2-3 (1-1)
Paris (Stade Sébastien Charléty) – 2 957 spectateurs
Arbitres : Savina Elbour assistée de Jennifer Maubacq et Camille Daas

Buts
0-1 Wendie RENARD 17′ (Corner côté gauche de Le Sommer-Dariel prolongé par Cayman au premier poteau puis repris par Renard plein axe. Nnadozie repousse mais Renard de l’extérieur du droit en pleine extension à 4 m. Le ballon heurte le dessous de la barre avant d’entrer)
1-1 Mathilde BOURDIEU 19′ (Corboz lance Sarr* dans le couloir gauche qui va se défaire du marquage de Cayman dans la surface pour centrer en retrait au sol que Bourdieu reprend en ouvrant son pied droit devant Morroni à 4 m)
2-1 Mathilde BOURDIEU 46′ (Matéo avance dans l’axe et tente une frappe que Renard contre du talon dans l’axe, le ballon arrive sur Bourdieu qui ouvre son pied droit au point de penalty pour placer le ballon dans le petit filet gauche d’Endler)
2-2 Wendie RENARD 70′ (Le Sommer-Dariel à gauche effectue un centre du gauche que Renard reprend en se jetant devant Nnadozie qui repousse. Au sol à 3 m, Renard arrive à pousser du pied droit dans le but)
2-3 Delphine CASCARINO 80′ (Becho depuis le point de coup d’envoi adresse une passe vers l’avant que Aigbogun intercepte devant Cascarino à l’entrée de la surface alors que Nnadozie est sortie. Cascarino intercepte et vient marquer de l’extérieur du droit à 8 m dans le but vide)

Avertissements : Soyer 65′ ; Morroni 90+2′

Paris FC
Nnadozie ; Soyer, Butel, Gréboval, Aigbogun ; Vaysse, Corboz (Sow 64′) ; Matéo, Thiney (c), Sarr (Binate 85′) ; Bourdieu (Fleury 75′)
Banc : Pecharman (G), Ould Hocine, Laplacette, Ribadeira

Lyon
Endler ; Cayman, Sombath, Renard (c), Morroni ; van de Donk (Bruun 60′), Horan, Benyahia (Marozsán 67′) ; Cascarino, Le Sommer-Dariel (Becho 79′), Malard (Bacha 67′)
Banc : Holmgren (G), Jaurena, Gilles