Paris le 25 février 2022. Une opposition de six années pour une demande égalitaire de rémunération entre les hommes et les femmes pour les internationaux du soccer américain qui se solutionne par un accord de consensus.

Leur attribuant, par leur fédération, la même somme entre les hommes et les femmes, pour les matches des USA qu’ils soient amicaux comme de compétitions.

L’accord attribue vingt quatre millions de dollars pour solde de tout compte quant au passé. A répartir entre les internationales concernées. La demande initiale était de cinquante trois millions de dollars.

Une belle somme à recevoir pour certaines mais la compensation de la réalité pour les bénéficiaires. Le Washington Post écrit ceci : « Avec cette déclaration, l’organe directeur dirigé par Cindy Parlow Cone a essentiellement fait un aveu : tout était vrai. Les membres de l’équipe féminine avaient été lésés. Pendant des années, elles ont dû jouer plus et gagner plus gros pour être payées à proximité de leurs homologues masculins. Elles ont reçu moins de salaire pour un meilleur travail. »

Megan Rapinoe, commentant la décision avec un indicateur complémentaire : « Cindy s’est excusée auprès de nous, et c’est la première fois que quelqu’un fait ça ».

Une femme Présidente

A noter que la situation s’est réglée avec un changement de board dans la fédération américaine, suite à la démission en mars 2020, de Carlos Cordeiro pour des écrits de ses Conseils juridiques contestés et contestables. L’homme n’avait rien dit, mais le fait d’avoir signé, des arguments écrits par d’autres, devant le futur tribunal, que les féminines scientifiquement avaient moins de production à faire que les hommes, lui a coûté sa position.

Plutôt bien joué du côté des Conseils des joueuses. Coca-Cola ayant menacé de retirer son sponsoring. L’idée « scientifique » avait renversé sa situation. Avec les américaines, il faut faire attention aux mots.

En France, il y a longtemps qu’on ne reproche rien de ce qui a été dit dans le passé comme le présent sur le plan judiciaire. Quand au bruit médiatique, on l’assimile à de la publicité gratuite. Bonne ou mauvaise, on aime le ketchup comme on aime le buzz.

Aux USA, les choses sont différentes visiblement. Si la pudibonderie attribuée aux USA semble être du passé, notamment dans le football féminin ; les valeurs sont sources de décision et d’expulsion.

C’est une femme alors qui reprend la direction fédérale. Cindy Parlow Cone (ex-internationale avec 158 sélections), vice-présidente, prend la suite.

Le football américain est organisé de manière spécifique. L’employeur est la fédération quand en Europe, l’employeur est un club qui met obligatoirement à la disposition de sa sélection, les joueuses sélectionnées et ce gratuitement. Employeur des internationales américaines, quatre fois championnes du monde sur huit éditions (1991, 1999, 2015, 2019), quatre fois championnes olympiques (1996, 2004, 2008, 2012) sur huit éditions ; elle est la première base d’une solution.

La plupart des médias ont expliqué la décision par la performance féminine américaine comparée à celle masculine.

Première mondiale depuis la création du classement FIFA quand l’équipe masculine n’a jamais dépassé la vingtième place mondiale en moyenne. Sauf qu’a bien regarder le classement FIFA en date du 24 février 2020, la 13e place américaine est plutôt une bonne performance.

La notoriété

A mon sens, la présence d’anciennes joueuses internationales au sein des Board du football comme de l’audience médiatique d’une Megan Rapinoe ou Alex Morgan ont été des instruments décisionnels favorables.

Les joueuses américaines ont lancé un message « Equal play, Egal Pay » qui s’est si bien répété que la FIFA l’a même institutionnalisé. Donnant une puissance à l’idée, laissant le temps lui donner une réalité dans un monde où de nouvelles valeurs apparaissent, liées à l’expression individuelle, plus forte que le cursus socialement imposé. Le football étant leader dans les messages sur les différences LGBTQ+.

Aujourd’hui, on ne sait plus si la différence compétitive entre les deux expressions du football, hommes d’un côté et femmes de l’autre, est une réalité ou si elle n’est pas le simple fruit d’un stéréotype répété et irréel.

C’est la force de cette notoriété.

La fédération américaine a pris une position

En reconnaissant un préjudice et en l’indemnisant, la fédération américaine a reconnu que les demandes des joueuses étaient réelles. C’est un fait politique non-discutable.

Vingt quatre millions de dollars, moins les honoraires des Conseils, sont à partager. C’est une autre réalité au quelle les joueuses américaines ne seront pas insensibles et peuvent répondre que c’est la juste indemnisation de leur préjudice passé.

Une position qui continue

Hope Solo, souvent esseulée à l’image d’ailleurs de son ancien poste de « gardienne de but », critique cependant l’accord en demandant une lecture plus assidue du document, soumis au conditionnel « d’une nouvelle convention collective » à venir et à négocier.

Cependant, on voit mal un retour en arrière. On le voit d’autant moins que Megan Rapinoe a lancé le nouveau combat : « que la FIFA donne les mêmes bonus aux équipes féminines que celui donné aux équipes masculines lors des Mondiaux que chacun joue et organise. »

Aujourd’hui, la FIFA rétrocède 10 fois moins au Mondial féminin en comparaison du mondial masculin. La raison est économique : moins de sponsors, moins d’entrées, moins de retours. Pour les USA, on a vu que c’était un argument qui ne tient plus. Megan Rapinoe pouvant facilement répondre que le partage est obligatoire en droit.

La Il faut ces trois ingrédients pour que les choses changent. Le pouvoir au féminin, la notoriété et au final, le partage d’un consensus financier avec un espoir à valider en ligne de mire.

Et un préjudice.

Un bien pour certaines et certaines, un mal pour les autres.

William Commegrain Lesféminines.fr