13 Août 2020
Auteur : William Commegrain
L’OL Reign, filiale de l’OL, a fait l’acquisition des droits de Rose Lavelle (Washington Spirit), partie pour Manchester City pour une année de contrat renouvelable, contre son 1er choix en draft et 100.000 $. La joueuse portera le maillot de Tacoma lors de son retour en NWSL.
Il s’agit d’une grande première. La joueuse s’engage avec deux contrats. Le premier, avec effet immédiat en prenant la route de l’Europe pour défendre les couleurs de Manchester City et accompagner Sam Mewis (North Carolina Courage) qui a suivi le même chemin. Le second, pour ne plus être une joueuse des Washington Spirit à son retour en NWSL, mais de porter les couleurs de l’OL Reign, filiale de l’Olympique Lyonnais.
Un ballon de bronze au Mondial 2019, un jeu de passes et une très grande vivacité dans le jeu en 2019. La capacité à jouer de la verticalité dans un univers qui s’était transformé dans un jeu à l’horizontal. 25 ans, l’âge du début de la maturité en football féminin. Championne du monde et normalement, future sélectionnée des USA pendant quelques années, soit candidate au titre olympique que les USA ont déjà remportée quatre fois sur six et d’un prochain Mondial 2023 (elle aura 28 ans).
Voilà le profil de la joueuse américaine, rendue libre par la COVID-19, faut d’un championnat américain en 2020, remplacée par un tournoi remporté en Juillet par les Houston Dash.
Quels sont les intérêts de Manchester City et de l’OL d’avoir pris Rose Lavelle ?
Rose Lavelle, Ballon de Bronze au Mondial 2019.
Photographie @FIFA
Manchester City a une belle carte à jouer, si …
Qualifiée pour l’Europe 2021, Manchester City se bat dans un championnat où l’adversité pour une place européenne est grandissante. Chelsea sera présent en 2021 alors qu’elles avaient perdu leur place l’année dernière. Arsenal Ladies, champion n’y sera pas en 2021 et Manchester City voit Man United constituer une belle équipe quand les autres se renforcent avec des internationales européennes.
La jeune américaine, bien qu’en petite forme lors du Tournoi NWSL 2020, a une capacité à aller de l’avant et de briser des lignes qui n’existent plus au niveau international. Son petit format d’1m63 lui donne de la vitesse et elle sera appuyée par Sam Mewis, internationale américaine, une taille rare dans le football féminin avec 1m83 sous la toise. Le tout encadrée par l’expérimentée anglaise, Jill Scott, infatigable au milieu, fine et grande.
Si l’américaine joue souvent pour Manchester City, les anglaises ont une très belle carte à jouer pour le podium européen.
Le conditionnel n’est pas inutile. Normalement, les internationales américaines, payées par la fédération, ont l’obligation de jouer en NWSL. Instituée par Jill Ellis, la procédure avait fait rapatrier Tobin Heath et Lindsey Horan, quittant le Paris Saint Germain dans la continuité. La seconde raison de ce conditionnel est liée à l’organisation nombreuse de stages par l’équipe américaine qui fait que les internationales jouent peu pour leur club respectif.
Il faudrait voir le contrat entre les deux parties pour savoir ce qui a été décidé en la matière. Un aspect important, puisque quittant les USA, Rose Lavelle n’est plus payée par la fédération américaine. Une Fédération qui doit préparer les Jeux Olympiques de 2021 avec l’objectif et l’ambition d’être les premières à réaliser le doublé, championne du monde et championne olympique, bien qu’elles possèdent quatre des six médailles d’or de l’histoire de cette pratique aux JO créés par Coubertin.
« Une somme de 100.000 $ dont l’OL peut se permettre, et qui est plus un investissement qu’un pari ! »
Pour l’Olympique Lyonnais, l’avenir est un problème. Rose Lavelle, une solution.
L’OL Reign a un souci. L’âge de ses joueuses renommées. Megan Rapinoe aura 35 printemps, Jess Fishlock touche les 34 ans et Allie Long présente une carte d’identité a 33 ans. Il faut à Farid Benstiti des joueuses d’avenir pour compenser les départs inévitables de certaines. Et pour attirer les joueuses dans un projet, il faut de la renommée. C’est ainsi qu’il avait construit le Paris Saint Germain (2012-2016).
Rose Lavelle en 2021 (26 ans) ou en 2022 (27 ans) lui donne cette possibilité en dehors de son apport au jeu (voir ci-dessus).
Même si 100.000 $ est une somme ridicule dans un budget de club européen, les règles sont ainsi faites que les transferts doivent être rares entre clubs afin de rester dans des budgets limités que le football masculin octroie à la pratique féminine. Il a donc certainement fallu expliquer et justifier de l’investissement auprès de l’OL et de Jean-Michel Aulas.
Un des arguments est la couverture médiatique.
Jean-Michel Aulas est présent dans toute la presse française, au moins une fois par semaine. Ses prises de position mais aussi les sièges qu’il occupe au sein des différentes institutions le lui permettent. Quand ce n’est pas l’actualité, son compte twitter est regardé à la loupe par les médias et repris avec bonheur par ces derniers pour constituer les quelques lignes qui font des articles. Quasiment, ne pas lire une intervention du Président lyonnais ou une de ses positions est presque un manque d’un futur argument pour un fan de football.
La signature de Rose Lavelle – pour le futur – a été repris par tous les pages sportives des médias américains : USA Today, ESPN, etc … C’est quelque chose qui se comptabilise et s’évalue. La puissance de l’OL est telle dans le football féminin que ce milieu sait plus que la joueuse a signé avec l’OL Reign alors qu’elle va jouer pour Manchester City !
L’ambition de JM Aulaus ne se fera pas avec l’effectif actuel de l’OL Reign.
C’est une évidence. JM Aulas souhaite et travaille pour que lors d’une finale mondial des clubs féminins, on y trouve l’Olympique Lyonnais français face à l’OL Reign. Cela fait partie d’un ensemble que le président lyonnais rappelle à chaque interview qu’il termine : nous sommes le premier club en Europe à pouvoir présenter une équipe masculine qualifiée en LDC, une équipe féminine qualifiée en WCL et une Academie qualifiée en Youth League.
Il veut juste changer le mot « Europe » par « le Monde ».
Pour cela il faut de nouvelles joueuses à l’OL Reign. Le tournoi challenge Cup l’a montré. Les joueuses sont attirées par la rémunération mais aussi par la crédibilité du projet. Rose Lavelle est une caractéristique qui le rend plus crédible.
William Commegrain Lesfeminines.fr