Le Plafond de verre est un mirage
« C’est quoi un plafond de verre ? » dit une gamine de neuf ans à son papa, exubérant ! L’homme réfléchit. Il hésite entre la condescendance devant l’enfant et les mots qui se transmettent de génération en génération, comme pour marquer les valeurs d’une famille.
Sa réponse fuse : « c’est un mirage plein d’emmerdes ! »
L’enfant tenterait bien d’aller plus loin dans la question. Le mot « emmerdement » fait partie de son patrimoine familial. Il reste juste la notion de « mirage » à éclaircir. Sa maman se tourne vers elle, la regarde, pense à la journée internationale des femmes qui vient demain, le 8 mars et lui dit : « un mirage, c’est quelque chose que tu crois voir mais qui n’existe pas ! ».
L’enfant absorbe l’information et note le sourire de son papa quand son épouse se lance, pour lui envoyer un message. « Souvent, les femmes, croient qu’elles ne peuvent pas faire les mêmes choses que les hommes, alors on dit qu’elles butent sur un plafond de verre ! »
« Et cela pose des problèmes ! » Enchaîne avec véhémence la gamine !
« Exactement ! » lui répondent, de concert, ses deux parents. « C’est génial quand tu le fais exploser ! » rient-ils ensemble alors que l’un des deux accompagne les yeux grands ouverts de leur enfant, contente d’avoir compris un mot compliqué.
Le HAC – Paris FC, un match difficile à gagner.
La gamine ne dira plus rien du voyage. Elle est contente d’avoir senti ses parents en accords. Sa question était bonne. Elle revoit les joueuses du Paris FC sauter de bonheur après le coup de sifflet final. Elle revoit la joueuse au numéro 17, Gaetane Thiney, taper sur le sol de bonheur ! Elle comprend pourquoi, à la fin du match, les joueuses en blanc, couraient partout pour empêcher les hacwomen de revenir au score, alors que les 4.500 spectateurs de la rencontre criaient pour obtenir le contraire.
Elle mesure la force de l’explosion d’un plafond de verre, fait par les adultes.
Parce qu’elle sait que depuis vingt ans déjà, après huit demi-finales ratées, en étant toujours dans la meilleure moitié du championnat, le Paris FC n’a jamais réussi à aller en finale de la Coupe de France quand l’Olympique Lyonnais l’avait fait quinze fois dont dix titres, le Paris Saint Germain neuf fois dont quatre titres. Montpellier neuf fois dont trois titres. Alors que Compiègne, Le Mans, Saint Etienne (1 titre), le Losc, Yzeure, Fleury, des clubs de D1 et de D2 avaient eu le bonheur de réaliser.
Et jamais le Paris FC.
Toujours bien placé mais jamais arrivé.
Le plafond de verre n’est pas un ami imaginaire
« Un plafond de verre, c’est un truc invisible qui n’existe pas mais qui n’est pas un ami » se dit la môme, en entendant ses parents parler avec envie de ces plafonds de verre explosés.
Alerte, elle pensa à sa petite vie qui est déjà très grande pour elle et chercha bien dans sa mémoire émotive, ses plafonds de verre.
Bien décidée à les faire exploser. Comme « Elles ».
Quand ses yeux se fermèrent par le bercement du moteur de la voiture, elle revit les occasions du Paris FC. Vainqueur par deux fois en championnat, et là, pourtant dominées en opportunités havraises, toujours à la recherche d’aller vers l’avant rapidement, et qui n’ont jamais abandonné le combat quand le score afficha (0-1, Bussy) et (0-2, Thiney) au grand tableau d’affichage du stade Océane.
Elle comprit que le plafond de verre n’explose pas sans combat et la réduction du score havraise à la 85′ (1-2, Roth) pour la première balle touchée par la nouvelle entrante, lui rappela que le plafond de verre est toujours là.
Elle revit la perte de balle du Paris FC, au coin de corner du Havre, et la chevauchée incroyable de la havraise, Effa Effa, entrée à la 55e, suivie comme son ombre par Ould Hocine, et la passe millimétrée de la jeune joueuse pour sa partenaire, buteuse comme on peut l’être à l’entraînement. Avec certitude.
Elle se dit que le plafond de verre, est prêt à venir écrouler les rêves les plus fous pour aller dans les rêves des autres.
Elle revit le pied tendu de la défenseure du Paris FC qui sauva, à la 89′, le Paris FC d’une égalisation quasiment offerte à Mélinda Mendy, et elle pensa qu’un plafond de verre c’est très grand et qu’il faut peu, vraiment peu, pour que le plafond de verre gagne la partie.
Les plafonds de verre sont partout et pour tout le monde
Les voilà revenus chez eux, en Normandie. Les yeux encore endormis, elle sent la chaleur parentale de son père qui la porte vers sa chambre, pour la laisser encore rêver tranquillement.
Elle sait qu’il est content. C’est un parisien. Il suit le Paris FC. Et son père dit que le Paris FC a aussi un plafond de verre avec la montée en Ligue 1. Et demain, il joue contre les premiers. Lorient.
Alors peut-être que les deux équipes parisiennes auront fait exploser leur plafond de verre.
Dit Papa : « Le plafond de verre, c’est pour tout le monde ? Les femmes comme les hommes ? ».
Le père lui répond, en l’embrassant sur le front. « Oui ma grande, le plafond de verre, c’est un mirage qui existe pour tout le monde ! ».
Le Paris FC féminin jouera la finale de la Coupe de France, le 3 mai prochain à Calais face soit au Paris Saint Germain, soit face à Saint-Etienne. Deux équipes qui ont déjà gagné la Coupe de France. Le Paris FC masculin, second de Ligue 2, rencontre, samedi 8 mars, à Charlety, le FC Lorient, premier du championnat.
William Commegrain Lesfeminines.fr
Personnages romancés.
Au Havre, Paris FC bat Havre AC 2 à 1 (2-0)
Arbitre : Mme. Rochebilière. Spectateurs : 4 522.
But pour le HAC : Roth (85e) ; pour le PFC : Bussy (13e), Thiney (33e).
Cartons jaunes au HAC : Kouache (10e), Di Liberto (90e +2) ; au PFC : Mateo (45e).
HAVRE AC : Philippe – Kouache, Sangaré, Tsé, Le Guilly – Elisor (Mendy, 55e), Gavory (Roth, 84e), Enguehard (cap.), Cance – Stievenart (Cardia, 76e), Adjabi (Effa Effa, 55e).
Entraîneur : Maxime Di Liberto.
PARIS FC : Nnadozie – Ould Hocine, Davis, Gréboval (Laigre, 69e), Bogaert – Le Mouël (Korosec, 57e), Corboz, Thiney (cap.) – N’Dongala (Bourdieu, 57e), Mateo (Garbino, 64e), Bussy.
Entraîneure : Sandrine Soubeyrand.