PSG Féminin : 18 janvier, une date anniversaire qui vire au cauchemar
Le 18 janvier 2014, le Paris Saint Germain arrivait à battre l’Olympique Lyonnais sur ses terres lyonnaises. Un but de Laura Georges (0,1), qui venait de quitter le club du Rhône, ne souhaitant pas la conserver. Une défaite qui avait fait le tour du monde, tellement inattendue et je me souviens être allé à Bougival, attrapant sur le fil, une interview de la nouvelle parisienne, pressée de répondre car sollicitée par un grand journal sportif américain, pour son exploit.
Onze ans plus tard, la date n’aura pas eu la même effervescence. Devant vingt mille spectateurs frigorifiés, les caméras de Canal + auront montré un PSG d’une faiblesse extrême face à un OL, simplement européen, ne laissant aucun doute sur les conséquences de cette prestation, au classement de l’Arkema Première Ligue.
Le Paris Saint Germain descend à la 3e place du classement.
Une large défaite (0-2) portant l’OL, leader du championnat, avec sept points d’avance sur un dauphin inattendu, le Paris FC, large vainqueur d’un Guingamp en difficulté (6-0), dernière du championnat. Un PSG, derrière à un point, espérant que le retour du Paris FC face à l’OL, se concrètise en défaite, pour les ramener à la seconde place. Un espoir quelque peu excessif, quand on se souvient de la rencontre aller (0-0). Les Parisiennes de Sandrine SOubeyrand n’étant pas loin d’avoir des opportunités de victoires.
Le Paris Saint Germain montre des limites face aux fortes têtes du championnat.
A l’évidence, le Paris Saint Germain 2025 connait une période de flottement dans le contenu de son jeu.
Constatée par ce second match face à l’Olympique Lyonnais ; mais surtout dans la continuité du premier ! Terminé sur un score minime en novembre dernier (1-0) au groupama Stadium mais incroyablement malmené en contenu, montrant comme samedi, un PSG atone devant un OL moins pressant qu’au match aller.
Ce second match n’aura ps fait changer une ligne au constat passé. Avec un sévère (0-2) subi par les internationales parisiennes, acquit dès la mi-temps, sans aucun argument d’espoir (premier tir cadré du PSG à la 74′), à donner aux téléspectateurs comme à son diffuseur Canal+ qui lui avait ouvert, pourtant, le prime time de sa chaîne, spécialisée en football.
Le coach, fabrice Abriel, hors des clous européens.
La question du jeu demandé par le coach parisien, Fabrice Abriel, doit être posée. On a du mal à comprendre la mise en place d’une défense à trois, face à la qualité des attaquantes lyonnaises, parmi les meilleures européennes, quand de plus, on sait que la base de leur jeu est de posséder la balle, pour lancer leurs attaquantes, avides d’espaces.
A l’évidence, Paris allait devoir reculer sur les coups de butoir de Tabitha Chawinga, meilleure joueuse de la Première Ligue l’an dernier et ex-parisienne. On se demande l’intérêt de mettre cette fusée, connue du PSG, face à une Eva Gaetino, certes internationale, mais trop grande avec ses un mètre quatre vingt, pour lutter contre les coups de reins de son ex-coéquipière. Les deux le sachant à l’avance.
Une défense à trois encore plus compliquée face à Melchie Dumornay, haïtienne au niveau européen et Kadidiatou Diani, star en France et meilleure buteuse européenne l’an dernier en WCL. Sans compter les joueuses sur le banc, que sont Eugénie Le Sommer, Ada Hegerberg, Amel Majri et Sara Däbritz.
Un recul parisien imposé par l’OL qui saut aux yeux dès la 3e minute, quand la rapide malawite Chawinga, ne cessa de s’imposer à Eva Gaetino, perdue alors qu’Elisa de Aimeida, habituée à défendre à droite et joueuse sur « l’homme », semblait appropriée sur ce couloir.
On aurait voulu créer un boulevard qu’on aurait pas fait mieux. Et le boulevard a été pris sans qu’on puisse penser que la jeunesse de Jade Le Guilly, comme sa rapidité, piston droit, aurait pu compenser ce déficit stratégique.
Le Paris Saint Germain a-t-il les moyens de tenir le jeu face à l’OL ?
La tactique aurait pu être payante si le PSG avait tenu la balle dans le camp lyonnais, avec les qualités d’une Grace Geyoro, la présence athlétique de Korbin Albert, nouvelle internationale américaine et le jeu de feu follet de Sakina Karchaoui, dont on notera l’intelligence médiatique à être maquillée de telle manière que les photos la mette en valeur.
Sauf que Jackie Groenen, internationale néerlandaise, placée en milieu défensif, mis très longtemps à mettre son corps face aux buts lyonnais et relaya ses quatre premiers ballons, largement en retrait de plus de quinze mètres, dans le camp parisien. A faire reculer un jeu qui n’avait plus les moyens de s’imposer ensuite aux duels lyonnais, autrement que par un jeu long ! Un régal pour Vanessa Gilles et Wendie Renard, expérimentées à souhait pour lire et prendre les trajectoires.
Il ne reste comme occasions et opportunités que les grandes chevauchées de Marie-Antoinette Katoto pour amener le jeu aux trente mètres lyonnais, sans succès mais avec une volonté qui ressemble à celle qu’Ada Hegerberg avait produit après 2018, quand elle était au mieux de ses performances, pour pousser le jeu d’une Norvège Top 8 mondial, inexorablement descendue à la 16e place FIFA.
Attention au plongeon sportif
C’est un peu le risque que le Paris Saint Germain prend en cette saison 2024-2025. De continuer à descendre comme le Paris FC avant fait pendant une certaine période.
Eliminé sévèrement en phase qualificative européenne par le Juventus en début de saison, battue par deux fois au Parc, montrant très peu de qualités face à l’Olympique Lyonnais. Incapable de réaliser un nul contre elles quand le Paris FC (0-0 le 20 Octobre) et le Stade de Reims (0-0, Coupe de France, 1/16e, l’avait obtenu la semaine dernière), glissant logiquement à la 3e place du championnat, avec un budget qui avoisine, quand même, les dix millions d’euros.
Merci les play-offs
Grâce au championnat qui se termine en play-off pour le titre officiel, réunissant les quatre premiers dans un tournoi final, le PSG minimise l’impact de tels contenus sur sa trajectoire 2025, se contentant d’envoyer un SMS court à la direction parisienne : « PSG-OL, (0-2). Plus de 20.000 spectateurs au parc ».
Amenée à lire une défaite à domicile sur un score acceptable.
Rien de bien dramatique quand on ne regarde pas le match. Les play-offs étant quasiment assurés.
Fleury, le cinquième étant à 21 points. Proche de Dijon certes, 4e avec 23 points mais éloignés du PSG à 29 points quand le Paris FC compte 30 unités.
L’idée pouvant être de perdre court face à l’OL, peu importe le contenu et son ridicule.
L’environnement, pour ou contre ?
Le football féminin a changé d’environnement. Il y a longtemps que le résultat sportif n’est plus le seul indicateur de performance et d’intérêt. Les joueuses jouent, de plus en plus, en ayant une stratégie d’image individuelle. Les dirigeants font avec un budget qui ne permet pas les excès des ruptures contractuelles. Les médis paient une diffusion qui ne montre pas encore son intérêt et les agents travaillent pour une hausse des salaires qui ne peut qu’envoyer les joueuses hors de France, faute de forces économiques.
Avec ce genre de rencontre, la courbe entraîne l’ensemble dans la descente, maintenue à bout de bras, par un football masculin, pas si loin de lâcher sur le poids.
Cela oblige les médias, et notamment Canal, diffuseur de l’Arkema Première Ligue, à tourner ses caméras vers un meilleur derby et à espérer que le Paris FC continue sur sa lancée pour justifier d’un investissement médiatique qui, à défaut, pourrait connaître les affres que celles de son aîné, la Ligue 1, attendue à un milliard, pour être vendue avec une ristourne de 50%.
Ce serait la mort du football féminin français, si on le conçoit comme spectacle. Tel que le vivent maintenant, les championnats espagnol, anglais et américain.
C’est dommage, car sur cette diffusion, Canal+ avait mis les petits plats dans les grands.
Le PARIS SAINT GERMAIN 2025
Pour quelles raisons le PSG se trouve devant une telle situation ?
La première sportive : bon nombre de joueuses ont quitté le club la saison dernière, attirées par de meilleurs projets quitte à les vivre sur le banc. Oriane Jean-François (Chelsea), jeune milieu au potentiel international, Ramona Bachmann, internationale suisse très expérimentée partie aux Dash de Houston, Tabitha Chawinga, meilleure joueuse de la Première Ligue Arkema, chipée par l’OL, Sandy Baltimore partie à Chelsea, comme Amélie Vangsgaard à la Juventus.
De l’offensif mais pour autant l’ensemble de la défense de samedi soit était présente la saison dernière. Et il parait difficile de dire que l’arrivée de Mary Earps, gardienne de l’Angleterre, championne d’Europe 2022 et vice-championne du monde 2023, saluée deux fois comme THE BEST FIFA (2022 et 2023) ait diminué le secteur défensif.
Et pourtant à l’évidence, la défense parisienne a été malmenée tactiquement par les lyonnaises, trouvant des espaves obligeant à des solutions parisiennes individuelles, sans la cohésion défensive qui forme de qu’on appelle : une équipe.
A cela, il faut rajouter la liste des joueuses parisiennes sur le banc. Inconnues le plus souvent, venant chercher une renommée mais bien loin des attentes européennes que tout le monde connait et encore plus éloignées de la renommée des anciens bancs parisiens.
La seconde raison est celle de l’évolution professionnelle. La performance sportive n’est plus l’ingrédient unique du sport quand on y met l’argent et surtout les contrats.
Chacun fait bien attention à ne pas perdre son avantage financier dans le cadre contractuel convenu. Les médias nous parle d’un derby exceptionnel qui n’existe pas. Les joueuses vérifient leurs salaires mensuels, sans lien direct avec la performance du moment à l’opposé de ce que vivent les tenniswomen par exemple. Les coaches comptent les mois contractuels, source d’indemnité, comme on joue les numéros du loto. Les dirigeants, souvent d’anciennes joueuses, se gardent bien de juger et apprennent à gérer d’autres indicateurs et le financeur se trouve dans l’obligation d’assurer le football féminin, sans trouver de solutions pour le dynamiser.
Les contrats et le professionnalisme font que tout le monde fait son métier, tout simplement. Sauf que rien dans les contrats ne parlent de qualité et de contenus footballistiques. Cela brille s’il y a des diamants, c’est très terne dans le cas contraire.
Le coach Fabrice Abriel ?
Ext-ce le départ du coach, Jocelyn Prêcheur, embauché en seconde Ligue anglaise par la patronne de l’OL, laissant la fiche de poste traîner dans les bureaux d’un France Travail spécialisé en football féminin, pour attirer un Fabrice Abriel, en réussite à Fleury (finaliste Coupe de France, 4e du championnat), nouveau diplômé du BEPF, s’assurant d’un contrat jusqu’en Juin 2016, obligeant la direction sportive du PSG, peu en verve auprès des Ultras, voire même en difficulté, Sabrina Delannoy et Angelo Castellazzi, à calculer le coût d’une résiliation contractuelle anticipée, pour la constater impossible ?
Ce qui est certain, c’est que l’ex-joueur parisien et niçois, semble en difficulté auprès de fans comme dans son groupe. Après la mise sur le banc de Grace Geyoro, la caméra de Canal Plus nous a montré, samedi soir, une Jade Le Guilly indifférente à la remarque de son coach lors de la reprise de la mi-temps et il a semblé surprenant, que ce dernier, en soit à parler individuellement avec Sakina Karchaoui, comme on parle à un bras droit, juste avant d’entrer sur le pitch, quand d’habitude, tout est dit au groupe dans les vestiaires.
A la conclusion, dans les faits, les résultats parisiens sont très faibles face à l’Olympique Lyonnais, difficilement équilibrés contre le Paris FC (0-0) et avec des limites européennes, découvertes en Août, suite à l’élimination par la Juventus. Logique, car confirmée par les résultats et le contenu actuel.
Paris Saint Germain est un peu plus l’Equipe de France que l’Olympique Lyonnais.
Le club parisien pourra-t-il attendre si loin et surtout l’Equipe de France le pourra-t-elle ? Elle qui a plongé dans le classement FIFA, maintenant à la 11e place, convoquée pour jouer l’Euro 2025 dans un groupe relevé avec l’Angleterre et les Pays-Bas, et dont les membres titulaires parisiens étaient nombreuses : ELisa de Almeida, Sakina Karchaoui, Grace Geyoro, Marie-Antoinette Katoto, la jeune Le Guilly avec deux blessées dans les tribunes : la jeune Samoura et Griedge M’Bock.
Du côté lyonnais, dans le groupe de titulaires, on ne trouvait que trois Bleues : Wendie Renard, Selma Bacha et Kadidiatou Diani.
Laurent Bonadei, nouveau sélectionneur des Bleues, au bilan mitigé (2 défaites et deux victoires), aurait du sortir inquiet de ce qu’il a vu. Un Ol normal et européen. Un PSG non-européen dans le fond comme dans la forme.
A quelques mois de l’Euro, cela pose question d’autant que la 11e place FIFA actuelle peut vite se transformer en 16e, sans que cela ne dérange les joueuses, payées par leur club, sans lien avec la performance nationale. A l’exemple de la Norvège, 16e et qui a doit avoir trois joueuses parmi le Top 10 des mieux payées au monde : Caroline Graham Hansen à Barcelone, Ada Hegerberg ) Lyon et Guro Reiten (Chelsea).
Partie 2e mondial en 2024, pas plus éloignée de la 6e place FIFA depuis quinze saisons, cela serait un grand plongeon pour le football féminin français.
Le Bilan ?
Avec un (0-2) et (1-0) à Lyon, les dirigeants parisiens Sabrina Delannoy et Angelo Castellazzi, le coach Fabrice Abriel et les joueuses ont pour dormir tranquilles. Le score n’a rien de surprenant comme de diffament.
A l’inverse, pour ceux et celles qui ont vu les matches, le constat est tout à fait différent. Encore plus, si on rajoute le contenu face au Paris UF (0-0) et la défaite européenne contre la Juventus.
Faut-il avoir vu les matches, ce qui n’est pas si évident quand on parle de football féminin.
Le système des play-offs offre la possibilité de conquérir des titres. Les véritables RDV se jouant en fin de saison avec le championnat et la finale de la Coupe de France, plus ouverte, depuis l’élimination de l’Olympique Lyonnais.
Il faut espérer que le Paris Saint Germain rebondisse en qualité. Qu’un groupe se forme et performe. Les Ultras parisiens, tournant le dos aux joueuses après la rencontre, le demandent.
Le championnat et l’équipe de France en ont besoin.
Sinon, préparons-nous au plongeon et à bénir l’Olympique Lyonnais, comme Pape unique des filles françaises jouant au ballon.
C’est peut-être cela le fin mot de l’Histoire ?
William Commegrain Lesfeminines.fr