Lorsque le Président du Paris FC introduit la Conférence de Presse présentant le projet de reprise du Paris FC par la SCA Agache, société familiale de la famille Arnault, représentée par Antoine, l’aîné de la famille, initiateur et futur administrateur du second club parisien, il prend le temps de formuler cette maxime qui lui vient de ses quinze années dans le football domestique français : « se hâter lentement ! ».

Ayant à l’esprit ses propres expériences personnelles et ce qu’il a vu chez les autres, pour accompagner le coeur de cette réflexion.

« Se hâter lentement », il faut une bonne raison de le dire devant une foule de 80 journalistes, avides d’entendre les millions d’euros se déverser dans le football de la capitale. Peut-être, des mots aux goûts amers, du milliard cinq cent mille euros donné par CVC la saison précédente, ponctionné ardemment par les clubs, avec l’espoir d’une suite identique en droits TV, pour se retrouver, aujourd’hui, à tous, compter le sou, quand il est appelé à sortir.

Implorant les Dieux qu’une manne s’ouvre à Canal+, porté vers d’autres cieux. Lequel, restant sourd, obligeant chacun à ouvrir son capital.

L’homme, expert-comptable, ponte et mandarin des Comités Sociaux Economiques, capable de mettre dans le même salon VIP, l’ancien dirigeant CGT, Philippe Martinez, assis pas loin d’Antoine Arnault, futur propriétaire, lors du récent Paris FC – Annecy (0-0) quand, quelques sièges plus loin, se trouvait Xavier Niel, parent par alliance. Il n’y avait jamais eu autant d’argent comme d’idées polémiques au mètre carré à Charlety !

La nouveauté première, si elle n’était pas sur le terrain, se trouvait plus haut, au chaud.

Dans la droite ligne de ces mariages d’opposition, il nous donnait, en ce mercredi après-midi passé, une leçon de philosophie grecque, incongrue dans un milieu où l’argent et ses montants circulent à la vitesse de la lumière : « se hâter lentement ».

La réponse se trouve dans la performance actuelle de Clara Mateo, 27 ans aujourd’hui, ingénieur de formation auprès du groupe Arkema, venue de la Roche sur Yon, pour débarquer en 2016, à l’orée de son bac scientifique obtenu avec mention « Très bien », cherchant à intégrer un DUT « Génie des matériaux » à Paris, sans avoir candidaté. Recrue conseillée par Sandrine Soubeyrand au club de Juvisy, devenue d’ailleurs sa coach.

De la même génération que Marie-Antoinette Katoto ou Grace Geyoro, voyageant avec elles pour les mêmes compétitions (Championnat d’Europe U17 en 2016, Coupe du monde U20 en Nouvelle Guinée (2016), et pourtant passée dans les mailles du filet des lumières médiatiques éclairant le football féminin.

30 sélections en novembre 2024, comparés aux 89 de Grace Geyoro (17 buts) et aux 45 de Marie-Antoinette Katoto, (35 buts), avec une année sans football, pour un genou rompu en 2022 au championnat d’Europe.

Pourtant une très bonne pioche dès lors où le contrat « formation – sportive de haut niveau » était respecté par les deux parties. Dans un esprit très Cambridge, Juvisy avait signé des filles aux potentiels intellectuels rares, avec une joueuse de Jazz initiée au Violon devenue Kiné Théa Greboval, une autre placée dans le management sportif Elise Legrout, et enfin Mathilde Bourdieu, elle aussi dans le monde de la kinési.

Des filles qui ont goûté au Bleue en jeune, puis pas loin des A.

Elle, certainement, celle qui est montée au plus haut quand cet univers se transformait en exclusivement professionnel.

Aujourd’hui, en son jour anniversaire, 27 ans. Elle sera regardée et attendue pour ces deux prochains matches face au Nigéria et à l’Espagne. Inattendue.

Il fallait savoir attendre.

Si la joueuse a fait toutes ses saisons en étant essentielles à son club, son mariage avec l’Equipe de France des A, s’est fait « piano, piano ».

Corinne Diacre, l’a inséré dans le groupe de manière ponctuelle. Deux matches en 2020, cinq en 2021, quatorze convocations en 2022 pour onze entrées avec seulement trois matches pleins sur cette période (Islande-France en 2022 pour l’Euro ; France-Cameroun en amical (4-0) et France Finlande, la même année 2022).

Soit seulement trois matches entiers pour dix-huit rencontres d’alignés avec quatre buts marqués (Kazakhstan, Vietnam, Estonie).

Sous la houlette d’Hervé Renard, elle sera convoquée dix-huit fois en 2023, jouera treize fois pour seulement deux en 2024, sortie du groupe des Bleues après février 2024, sans but de marqués.

La joueuse est placée sur le couloir droit. La consigne est claire, elle est là pour désarçonner l’adversaire. Jouer de sa vitesse en mouvement et son envie et besoin de verticalité. Déstabiliser. Une situation qui lui offre peu de buts, excentrée, avec moins d’espaces.

D’un autre côté, sur le plan du championnat, la joueuse est quasiment de tous les matches, rarement blessée, connaissant même une saison 2020-2021 avec un record de treize buts de marqués sur trente-neuf du Paris FC, soit un bon quart. Pour ensuite en mettre onze, dix, huit et en 2024, se situer en tête des buteuses avec dix buts de marqués, pour une équipe qui se place à la 3e place du championnat.

En Septembre 2024, Laurent Bonadei la convoque dès sa première sélection et elle fait un superbe match contre la Jamaïque (deux buts sur les trois de l’équipe) pour un de ses rares matches plein (sortie à la 87′). Elle vole de confiance en confiance, comme un cadre en entreprise qui sent la crédibilité de sa position et de son pouvoir, malgré ses différences. Quelque chose se déclenche en elle qui la transforme, la modifie. Lui ouvre un nouveau terrain.

En club, je l’ai vu jouer contre Manchester City où elle a été la seule à surnager sans prendre cependant la dimension dont l’équipe avait besoin. Puis quelques jours plus tard, elle a été un véritable poison face à l’Olympique Lyonnais (0-0), présente comme jamais, ratant de peu des occasions mais avec une confiance qui laissait présager une continuité dans l’évolution.

Elle vient de signer un triplé contre Fleury FC 9e journée), après un quadruplé face au Havre (2 journée) et un doublé, opposée Guingamp (1ère journée).

Elle avait expliqué son rebond de 2021 par l’obtention de son diplôme d’ingénieur, la fin de ses études, et l’entrée dans le monde professionnel chez Arkema.

Elle pourra expliquer sa nouvelle mutation par la maturité qu’on acquiert à vingt sept ans. La période dite idéale pour un joueur masculin professionnel des années 80.

Aujourd’hui, rien en peut l’arrêter d’autant si les dirigeants du Paris Fc avait la bonne idée de recruter Grace Geyoro (27 ans), en substitution future de l’arrêt programmé de Gaetane Thiney (39 ans), la mentor et passeuse du jeu offensif du Paris FC.

Une joueuse, visiblement en conflit interne avec son coach du Paris Saint Germain, Fabrice Abriel, lui préférant d’autres joueuses.

« Se hâter lentement ». C’est avancer sûrement, certainement.

Il y a une maxime italienne qui dit : « Qui va piano, va sanno ! ».

A elle d’écrire, dans les mois qui viennent, la vérité de ces mots présidentiels. Cela leur donnerait une forte crédibilité auprès de son nouveau partenaire. Un juste retour des choses pour ce dernier quand on voit l’investissement nécessaire à un club de football pour un retour souvent rare.