L’entreprise aux 75 marques de luxe s’engage pour la première fois, au capital d’une société anonyme sportive, le Paris FC en se surprenant soi-même tel que le précise Antoine Arnault, négociateur de l’entrée au capital, lors de la conférence de presse du mercredi 20 Novembre : « S’il y a un an, vous m’auriez dit que nous serions au capital du Paris FC, je ne vous aurais certainement pas cru ! »

De la voile au football ! Qui l’aurait cru ?

A l’évidence, depuis les années 80 à 2020, Bernard Arnault (75 ans) a dû crouler sous les propositions de partenariat du milieu du football, à la recherche de financiers dans un marché inflationniste.

On ne possède pas le PIB d’un pays sans avoir des courtisans. Il s’y est toujours refusé privilégiant la Coupe de l’América (Voile), plus ancienne compétition sportive mondiale, crée en 1857.

Devant 80 journalistes, Antoine (47 ans), le fils aîné de Bernard Arnault, -entrepreneur du luxe, parmi les cinq personnes les plus riches en capital au monde- dévoile ce mercredi 20 novembre 2024, les premières lignes de sa stratégie et vision pour cette intégration au capital, du second club de la capitale, actuellement leader en Ligue 2.

Au fil de la discussion se profile le clan Arnault et la notion de famille prend toute sa force. Il le précise : c’est une idée familiale avec ses frères et soeur. On imagine qu’à travers cette acquisition familiale, on voit le début d’un transfert de décision du Père vers les enfants, aux regards différents.

  • L’homme, habitué aux questions économiques, renouvelle le message à la suite d’une question. Il n’est pas question d’en faire une entreprise qui génère une plus-value et un bénéfice, comme l’a fait le Paris Saint Germain, son voisin, partie de 41 millions d’euros en 2012 pour être valorisée à 4 milliards par des sociétés spécialisées, à l’aube de 2024 (sources Forbes)
  • L’idée est de créer un lien émotionnel avec le public, partant du constat que le sport est le meilleur lien entre les générations comme avec les différences sociales, tel que le groupe, partenaire Premium (investissement de 100 millions d’euros), l’a vu et ressenti avec les Jeux Olympiques de Paris 2024.
    • A l’idéal, le Directeur général de Christian Dior SE, serait satisfait d’un stade plein, chantant son coeur parisien, et reconnu par tous, comme étant sources de valeurs. De préférence en Ligue 1 et européen, peut-être ?
    • On pressent une sorte de rêve, d’aboutissement, à pouvoir vivre le gain d’un derby face à son club de coeur « Je ne dirais jamais du mal du PSG », le Paris Saint Germain, lui fan de football depuis ses dix ans.
    • On imagine aussi le duel médiatique sanglant, voire réel, que pourrait avoir la rencontre entre le FC Rennes de la famille Pinault avec le Paris Fc de la famille Arnault, adversaires du monde de l’Art contemporain et du Luxe.
  • Il y a là, de quoi cimenter une stratégie familiale, voulue par les enfants, frères et soeur, acceptée par le Père, dans l’espoir d’une victoire ? Dommage que la question n’ait pas été posée.
  • Pourquoi plus le Paris FC que d’autres clubs comme Bordeaux, Saint-Etienne, voire Reims dont la presse spécialisée affirmait qu’ils avaient été aux centres d’intérêts ? Il suffit d’entendre la conférence de presse pour identifier que le mot « PARIS » a été un élément fort de décision vers le club du Président Ferracci,

Président dont on se souvient qu’il a vécu durant les douze années de son mandat, le risque d’une descente en National 2, le championnat de National, une présence en Ligue 2 avec l’US Créteil et le Red Star comme concurrents ; puis maintenant, depuis plusieurs saisons, le leadership de l’antichambre de la Ligue 1 avec quatre saisons terminées en barragiste.

Le tout avec des associés changeants. Sachant qu’il ne pouvait réussir seul, avec le Bahrein comme partenaire principal (2.000.000 €), mais peut-être à bout de souffle financier tenant un résultat d’exploitation négatif de (-5.000.000 €) sur l’exercice 2022-2023, en tant qu’expert-comptable au sein de sa holding ALTER, pour propulser le Paris FC vers des hauteurs financièrement chargées.

Au final les deux signent une sorte de PACS sur trois ans.

Se donnant trois saisons pour exister, avec la fin du mandat de Président du CA pour Pierre Ferracci, pour fin 2027 dans un environnement stable : Charlety reste au programme avec des aménagements, les places gratuites sont maintenues avec des volets différents pour les hospitalités. Trois nouveaux terrains d’entraînements sont à envisager. Voici les axes de construction du Paris FC avec l’objectif attendu d’une montée en Ligue 1 dans les trois ans.

Ensuite, se posera la question de la nouvelle gouvernance, à savoir qui sera le représentant permanent de la société en commandite par actions Agache, propriétaire au 29 novembre de 52% du capital, qui en possédera 80% fin 2027, par acquisition des 30% détenues par la société holding de Pierre Ferracci, ALTER.

Une question intéressante puisque, pour l’instant, Antoine Arnault ne jouera que le rôle d’administrateur, pris sur son temps personnel, pour rester le DG de Christian Dior SE, sociète mère de LVMH, côtée en Bourse. La société en commandite par actions AGACHE, futur propriétaire du Paris FC, étant gérée par Bernard Arnault, commandité avec la SAS Agache commandité, Présidée par Delphine Arnault. Le « paternel » et la famille ne sont pas loin.

Au bout des trois ans ou avant ? Sachant que le Président d’un CA est démis de ses fonctions « ad nutum » (immédiatement sans juste motif) par l’AGO ou le CA. Assemblée dont le nouveau propriétaire possède la majorité (52%) pour le premier cas (à moins de droits de vote double pour Pierre Ferracci), ou au conseil d’administration, selon le principe « un homme, une voix » pour le second.

Une sorte d’épée de Damocles pour Pierre Ferracci qui donnera le sens véritable aux mots « le temps long » du côté de LVMH ; comparé à ceux de Pierre Ferracci, se « hâter lentement » face à cent millions d’euros d’investis.

Qu’est-ce que ces deux expressions veulent réellement dire ? En espérant qu’elles aient leur sens premier.

C’est dit en 1h30. Il n’y aura qu’un seul propriétaire.

La volonté de la famille Arnault est d’en faire une société possédée par sa famille. Antoine Arnault l’affirme en précisant la position volontairement minoritaire de Red Bull, à 11% sur le début de l’aventure pour finir en 2027, à hauteur de 16% et dont l’apport sera essentiellement footballistique avec notamment des datas uniques comme des expériences à Salzbourg et Leipzig, partie bas et maintenant dans les équipes européennes du championnat allemand.

Une volonté de propriété unique forte et affirmée, obligeant Pierre Ferracci à préciser la difficulté de voir son associé srilankais (fondateur de Lyca Mobile) à vendre ses actions, conditions visiblement posée par Antoine Arnault qui souhaite que la Famille soit seule à bord à l’horizon 2027.

Comment se réalisera cette association ? Entre un investissement évalué par la presse à 100 millions d’euros, à comparer avec la dotation donnée aux JO de Paris d’un même montant, avec une exposition sans commune mesure, et d’accepter une gestion de Pierre Ferracci ayant pour objectif de se « hâter lentement » afin d’éviter les erreurs passées de Jean-Luc Lagardère avec le Matra Racing.

Quelle sera la notion de « temps long » énoncé par Antoine Arnault face à l’attente des fans recherchant des résultats, rapidement, pour vivre intensément des émotions comme les faire vivre à d’autres ? Difficile de penser que cela puisse se faire sans rapide résultat et sans coup d’éclat, générateur d’émotions et de valeur de marque.

La vocation première de LVMH et son savoir faire : Savoir faire rêver !

A mon sens, tout cela dépendra du mot « émotion ».

Cela a manqué dans cette conférence de presse. Que va faire LVMH pour que le mot PARIS FC brille dans le coeur des parisiens, reconnu et identifié, cajolé et détesté, aimé et envié. Quel va être ce fil invisible qu’ils savent si bien créer ? Quelle sera la part du talent et de la folie qui fera oublier l’organisation ?

La famille Arnault aura-t-elle de l’émotion et évoluera-t-elle dans un milieu qui lui correspond ? Un milieu qui se transforme en herbivore quand l’argent tombe à terre et en carnivore quand il faut le partager ! Aimant par-dessus tout, les contraintes données aux autres, pas loin du masochisme en réussissant à dominer celles reçues des autres. Un milieu ou le leader doit mourir. Comme César.

Réponse dans 3, 5 et 10 ans.

William Commegrain Lesfeminines.fr