Qu’a-t-il de plus vrai que des matches à élimination directe ? Rien. Ce sont des instants où le football passe d’un sport de calcul à sport de l’instant. Un instant qui se répète quatre vingt dix minutes, où tout est possible même ce qui relève de l’impossible, dix minutes plus tôt.
Les matches à élimination directe, des rêves qui deviennent réalité.
Le meilleur exemple es bien cette finale de la 22e Coupe du Monde au Qatar entre la France et l’Argentine. De la 1ère à la 79′ minute, la France n’est rien. Le néant sportif, le néant émotif, le gouffre de la déception et en deux minutes, la France renaît, tout parait possible, les argentins vacillent sur ce doublé de MBappé qui vaut un KO définitif, ramenant le score à (2-2) et aux prolongations.
La France et le monde n’est plus pareil. Un monde qui se chiffre en milliard, à compter les minutes qui passent pour savoir qui vaincra.
Car le système est ainsi fait. Il faut un vainqueur. MBappé mettra le troisième but français à la 118′ d’un match qui se termine officiellement à la 120′. L’incroyable est là, l’impensable frappe à la porte de chacun des esprits « Bleu-Blanc-Rouge ». Le français vient de faire un triplé dans une finale de Coupe du Monde, quand le triplé est déjà rare, alors il est inconcevable dans une finale réelle d’un mondial à moins de l’avoir rêvé, une nuit, à un âge où le quotidien est fait de nos rêves à atteindre.
Et que dire alors de la réaction de Messi, sept ballons d’Or, coéquipier au Paris Saint Germain de Mbappé, qui égalise la minute suivante pour faire un (3-3) qui se terminera par une séance de tirs aux buts favorable aux argentins, pour un titre qu’il regardait dans les mains des autres, depuis 1978 et un certain Videla.
Dans cette histoire, il y a une forme de jugement divin.
Les matches à élimination directe ont ce parfum : sommes-nous pardonnés de nos fautes ? Avons-nous dans le cœur et l’âme assez fortes pour que le destin nous accompagne et nous choisisse ? L’imperfection de nos quotidiens sera-t-elle lavée par cette eau divine de la victoire, qui coule comme un nectar de bonheur, au plus profond de notre âme.
Comme le regard d’une mère aimante. Pardonnez et aimez.
On dit qu’il faut de l’humilité dans le champion. L’Equipe parle d’un état de plénitude dans son journal de Samedi. Un moment unique où tout s’équilibre entre le compris et l’incompris, entre soi et les autres, une communion exceptionnelle, une sensation unique.
Les 1/8e sont le début de cette vérité, de ce nirvana qu’une équipe cherche à vivre, à donner, à recevoir. A ce stade de la compétition, les ennemies aux mêmes couleurs, deviennent amies de cœur. Rien ne les sépare. La haine qui les animait devient amour, compassion, partage, assistance, reconnaissance et éruption autorisée du mot « plaisir ».
Le Bruit du public est une vague que les joueuses surfent, maitrisent, accompagne, caresse et suscite.
Les 1/8e d’un mondial sont une expérience émotive unique qui donnera pour l’une des deux équipes, un quart ; puis face à un autre adversaire, une demi ; pour rencontrer, en face, celles qui comme elles,, ont gagné à chaque fois, se baignant comme des duchesses, comtesses, princesses pour, plaisir suprême, devenir Reines du football féminin quatre années durant.
William Commegrain Lesfeminines.fr