Allemagne – Colombie : Un match référence

Si la France a fait son match référence contre le Brésil, la 9e Coupe du Monde de football a fait son match de référence dans cette deuxième rencontre de groupe entre l’Allemagne (2e Mondial) et la Colombie (25e FIFA).

A l’heure dite, pour un midi dominical européen, seule l’Allemagne était devant son poste et encore, après un (6-0) infligé au Maroc et un classement assez éloigné entre les deux nations, ce n’est pas le peuple de l’Allemagne qui avait les yeux sur l’écran mais plus les fans de football féminin.

A vrai dire, si on écoute les statistiques des urgences hospitalières de l’autre côté du Rhin, il n’était pas si nombreux. Sinon le contenu de la rencontre aurait fait bondir les médecins sous astreinte pour sauver la population en arrêt cardiaque.

Le stade colombien

Du côté colombien, je ne sais pas les cartels de la drogue ont financé les achats de tickets du stade mais les couleurs jaunes de la Colombie fleurissaient ça et là ; et l’enthousiasme était tel qu’on aurait pu penser que derrière, se tenait deux ou trois caballeros, prêts à décharger un calibre qui n’attendait qu’à jaillir.

Le stade de Sydney était plein de 40.499 spectateurs et tous avaient décidé d’avoir une père ou une mère colombienne, laissant quelques traces de blanc à des fans allemands qui, au fil de la partie, passeront blanc crème, puis blanc pâle, pour finir par un blanc très terne, des lendemains de fêtes trop arrosées à la bière.

L’Allemagne, un jeu de chars d’assaut dans un défilé

Sur le terrain, l’Allemagne nous a envoyé des chars d’assaut à gauche comme à droite. Un match Wagnérien décidé par Martina Voss-Tecklenburg, mode défilé qui s’en tête à défiler quand bien même, la musique ne joue pas au son qu’il convient ! Et Sara Däbritz joue mal sa partition, Lena Oberdorf cherche à s’opposer à des adversaires qui s’envolent à chaque fois qu’elle approche, Lina Magull semble encore plus petite et Alexandra Popp cherche des opportunités qu’elle ne trouve pas, faute d’avoir une Jules Brand qui passe, pusiqu’elle ne passera quasiment jamais sur le côté droit.

La Colombie, pressing haut et constructions offensives

De l’autre côté, la Colombie, présentée comme des manchots qui jouent avec des pieds, aussi forts que si elles cognaient avec leur poing, ont eu un jeu européen dans la récupération et samba dans l’animation offensive.

La ligne de quatre défenseurs bloque l’Allemagne grâce à un milieu de terrain harceleur de tous les instants, regroupées en deux lignes de quatre, décidant de chasser le porteur du ballon en appui, et surtout l’empêcher de se retourner. Une tactique qu’avait utilisé la Jamaïque contre la France, payante face aux équipes européennes qui ont perdu le sens du dribble à force de faire du « contrôle passe » et qui a réussit magnifiquement dès lors que les dix joueuses le pratiquent, devant, au milieu et derrière.

Quand tout le monde fait quelque chose, on utilise le mot « pacte ». On parle souvent dans l’écriture, d’avoir signé un pacte avec le Diable. Là, il y avait plutôt quelque chose de divin dans le jeu colombien.

La balle se récupérait sur un combat pour ensuite naviguer de pieds en pieds, se reperdre, puis se reprendre, le tout dans l’idée de jouer la verticalité propre au challenger, dit « underdog » dans la langue de Shakespeare.

L’Allemagne manque d’intensité

Un scénario qui fonctionnait pour elles, mais qui à l’inverse ne fonctionnait pas pour l’Allemagne. Très simplement, les allemandes avaient décidé qu’elles étaient meilleures, et qu’avec la patience, le jeu s’ouvrirait. Elles ne faisaient pas les mêmes efforts que les colombiennes.

Mal leur a pris.

Elles perdent le match sur le score de (2-1) avec deux réalisation colombiennes qui les ridiculisent pour ce Mondial.

Le premier vient de la jeune Caicedo, 18 ans, joueuse du Real Madrid, titulaire sur la droite qui d’un double contact sur la droite dans la surface, nettoie la lucarne opposée de Frohms, plutôt bonne dans la rencontre en mystifiant Sara Däbritz et Magunn, pour le but de la Coupe du Monde 2023 (52′).

Le second vient après l’égalisation d’Alexandre Popp sur une sortie hasardeuse de la gardienne colombienne contre Léna Oberdorf attribuant un pénalty salvateur à l’Allemagne (89′, 1-1). Alex Popp ne pense même pas à aller chercher le ballon dans les filets, elle souffle du bonheur d’égaliser et ne se voit pas en vainqueur. Elle a bien le sentiment de se dire, cette égalisation est inespérée.

Nous en sommes à la 96′ et la Colombie vient d’obtenir un corner pour un extra-time qui indique 6′ supplémentaire. Normalement, c’est terminé sauf que dans ces minutes, l’arbitre rajoute toujours les gains de temps des équipes qui mènent et ces gains donnent le droit à la Colombie de jouer ce corner.

Les dix allemandes sont bien en défense en deux lignes bien claires sur l’image, mais jouent à qui ne marquent pas. La balle ira sur Manuela Vanegas, latérale gauche, au numéro 2, qui s’élève seule et marche sur l’Allemagne en plaçant une tête que toutes les allemandes regarderont, espérant un don du Seigneur, d’avoir quelqu’un sur la ligne.

Le Seigneur ne leur répond pas. Peut-être ont-elles manquées d’humilité à ne pas se mettre au niveau de l’impact que les colombiennes ont donné. Peu importe, le Dieu du ballon avait choisi son camp.

Vingt secondes plus tard, (2-1) pour la Colombie.

La leçon est donnée. Si tu ne mets pas ce que mettent les autres dans ce combat. Et bien, prends ta machine à calculer et plus tard, tes bagages.

Ce Mondial montre que des équipes inattendues ont les dents.

A noter l’excellent match de Ramires, l’avant-centre colombienne, qui a fait un malheur par sa présence devant. Un bonheur de la voir tout essayer, de s’excuser et de recommencer pour le bien de l’équipe et de ses actions.

A mon sens, la joueuse du match.

William Commegrain Lesfeminines.fr

les meilleurs moments du match par la FIFA

Allemagne – Colombie | Groupe H | Coupe du Monde Féminine de la FIFA, Australie & Nouvelle-Zélande 2023™ | Résumé vidéo (Sans commentaires)

La fiche technique

Coupe du Monde de la FIFA – Australie/Nouvelle-Zélande 2023 – Groupe H – Deuxième journée
Dimanche 30 juillet 2023 – 19h30 locales (11h30 françaises)
ALLEMAGNE – COLOMBIE : 1-2 (0-0)
Sydney (Sydney Football Stadium) – 40 499 spectateurs
Arbitres : Melissa Borjas (Honduras) assistée de Shirley Perello (Honduras) et Sandra Ramirez (Mexique). 4e arbitre : Yoshimi Yamashita (Japon). Arbitres VAR : Armando Villarreal (États-Unis) assisté de Carol Anne Chenard (Canada) et Guadalupe Porras (Espagne)

Buts
0-1 Linda CAICEDO 53’ (Passe de Jorelyn Carabalí)
1-1 Alexandra POPP 89’ s.p.
1-2 Manuela VANEGAS 90+7′ (Passe de Leicy Santos)

Avertissement : Lena Oberdorf 56’ pour l’Allemagne ; Lorena Bedoya 62’, Diana Ospina Garcia 79’, Catalina Pérez 88’ pour la Colombie

Allemagne
1-Merle Frohms ; 9-Svenja Huth, 3-Kathrin Hendrich, 23-Sara Doorsoun (15-Sjöke Nüsken 46’), 2-Chantal Hagel ; 13-Sara Däbritz, 6-Lena Oberdorf ; 22-Jule Brand, 20-Lina Magull (7-Lea Schüller 67’), 19-Klara Bühl (16-Nicole Anyomi 76’) ; 11-Alexandra Popp (cap.). Entr.: Martina Voss-Tecklenburg
Non utilisées : 12-Ann-Katrin Berger (G), 21-Stina Johannes (G), 4-Sophia Kleinherne, 5-Marina Hegering, 8-Sydney Lohmann, 10-Laura Freigang, 14-Lena Lattwein, 15-Sjöke Nüsken, 17-Felicitas Rauch, 18-Melanie Leupolz

Colombie
1-Catalina Pérez ; 17-Carolina Arias, 19-Jorelyn Carabalí (20-Mónica Ramos 90’+14), 3-Daniela Arias, 2-Manuela Vanegas ; 5-Lorena Bedoya Durango, 6-Daniela Montoya (cap.) (4-Diana Ospina Garcia 67’), 16-Lady Andrade (10-Leicy Santos 54’) ; 11-Catalina Usme, 18-Linda Caicedo (8-Marcela Restrepo 90+6′) ; 9-Mayra Ramírez. Entr.: Nelson Abadía
Non utilisées : 12-Sandra Sepúlveda (G), 13-Natalia Giraldo (G), 7-María Camila Reyes, 14-Ángela Barón, 15-Ana María Guzmán, 21-Ivonne Chacón, 22-Daniela Caracas, 23-Elexa Bahr