On parle habituellement de jeu brésilien avec des séries de passes qui trouvent leurs partenaires, une confiance des joueuses et des adversaires qui subissent cette samba de football.

Une force collective française rare

Samedi 29 Juillet, devant 49.378 spectateurs, durant la première mi-temps, la samba a été française. Devant un public de Brisbane acquit aux brésiliennes, jamais les joueuses évoluant essentiellement dans la NWSL américaine n’ont pu se retourner pour faire remonter ce ballon qui, de vagues en vagues, revenaient dans les trente mètres de la défense concoctée par Pia Sundhage.

Les efforts venaient de toutes les joueuses et je n’ai pas mémoire, durant ces quarante cinq premières minutes, d’une possession brésilienne qui ait pu aller dans la surface de Pauline Peyraud-Magnin. A l’exception des contres, ou la force de Debinha permettait de croire à un danger dans la verticalité, le Brésil a mangé de la baguette française, sans les croissants. A s’en faire « pêter » l’estomac.

Le jeu, habituellement de doublette à gauche avec Sakina Karchaoui et Selma Bacha, s’est porté sur la droite et la qualité comme la motivation de Kenza Dali a permis de maintenir en déséquilibre les adversaires, contraintes aux gestes qui sauvent, plus souvent que de raisons.

Eugénie Le Sommer traduit tous les efforts des Bleues

Eugénie Le Sommer est devenue une pointe qui fait mal. Sa verticalité a porté le ballon dans la surface brésilienne si rapidement que même crochetée par son adversaire, il a fallu qu’elle prenne le temps du contrôle pour trouver Dali, en appui latéral. Un centre pour une tête décroisée de la bretonne (13′) nous laisse croire au but mais la gardienne des Corinthians, Leticia, sort de la main droite, cette balle qui avait rendez-vous avec le petit filet.

Une « date » et une « date » et Sakina Karchaoui ne sait pas encore que sa transversale croisée sur la tête de Diani sera le rendez-vous du bonheur des Bleues dans cette rencontre. Diani, messagère du bonheur, déposera le ballon sur la tête d’Eugénie Le Sommer qui validera ce but, d’une volonté et détermination ne laissant aucun espoir au Brésil (17′, 1-0). La quatre-vingt dixième réalisation pour cent quatre vingt sélections.

Difficile de ressortir un talent particulier du côté français sur ce premier acte mais impossible de ne pas écrire qu’elles ont été, toutes, largement au-dessus de leurs adversaires pouvant faire craindre un score fleuve après que la Suède ait corrigé l’Italie sur la marque de (5-0) trente minutes plus tôt.

Le Brésil brouillon reviendra en contenu et en danger après son égalisation

Le second acte donnera un Brésil plus haut mais brouillon. Obligée de contrôler deux ou trois fois la balle avant de la transmettre, permettant aux Bleues de récupérer un nombre incroyable de ballons.

Il faudra un but chanceux mais un but quand même pour que le doute s’instaure, et surtout que la confiance des joueuses brésiliennes ressortent, mettant à mal, le jeu de possession français. (1-1, 58′ Debinha).

Là, tout est possible et dans ce cadre, les équipes se coupent en deux. Quand l’une perd la balle, l’autre envoie une cavalerie pour la découper. La coupe ratée, l’adversaire récupère le ballon et part à l’assaut de l’autre côté.

Un jeu que l’on voit quand les équipes jouent une qualification directe, mais qui là avait ses raisons d’être. Le Brésil n’ayant jamais gagné contre la France (six défaites, cinq nuls) et la France, mal en point depuis plusieurs matches, ayant besoin de se rassurer et surtout de montrer ses possibilités, sans nous laisser les imaginer.

Wendie Renard marque un but d’expérience, avec sa tête

C’est ce que fera Wendie Renard, en prenant un corner déposé au deuxième poteau par Selma Bacha, sa coéquipière lyonnaise, avec une tête judicieusement déposée au sol pour qu’elle rebondisse dans les filets, évitant ainsi, la masse de joueuses et la gardienne, souvent sur le fil de la ligne.

Elle sauve les Bleues comme elle l’a souvent fait avec l’Olympique Lyonnais.

(2-1) pour les Bleues à la 83′.

Le match s’est terminé sur ce score car les françaises se sont bien gardées de jouer les minutes restantes comme le temps additionnel, bloquant les remontées de balle sur le point de corner ou jouant avec ce point de corner pour que le temps passe.

Effectivement le temps est passé. Effectivement, la cohésion entre le staff et les joueuses est devenue une force cimentée, lesquelles, toutes comme Hervé Renard, ont pu qualifier cette rencontre de « match référence ».

Il était impressionnant de voir le regard illuminé de Laurina Fazer (18 ans) comme de Naomie Feller (22 ans) au moment des célébrations finales. Elles n’ont pas joué mais ce match restera une référence pour elles. Elles avaient les yeux ailleurs. Là, elles ont appris beaucoup.

La France nous a montré sa réalité.

On avait de l’inconnu. Maintenant, on a une réalité. La France a montré quelque chose que peu d’équipes ont montré dans ce mondial. Face à un adversaire, numéro 8 mondial, elle l’a surpassé dans le contenu, l’intensité et a gagné ce match sur le résultat.

Remontée, souvent les Bleues perdaient. Là, remontée, elle ont gagné.

William Commegrain Lesfeminines.fr

La France a maintenant sept victoires face au Brésil, cinq nuls et aucune défaite.

Les moments forts de la rencontre sur le site de la FIFA ensuivant ce lien

France – Brésil | Groupe F | Coupe du Monde Féminine de la FIFA, Australie & Nouvelle-Zélande 2023™ | Résumé vidéo

La fiche technique

Coupe du Monde de la FIFA – Australie/Nouvelle-Zélande 2023 – Groupe F – Deuxième journée
Samedi 29 juillet 2023 – 20h00 locales (12h00 françaises) (France 2)
FRANCE – BRÉSIL : 2-1 (1-0)
Brisbane (Lang Park/Suncorp Stadium) – 49 378 spectateurs
Temps dégagé (16°C) – Terrain excellent
Arbitres : Kate Jacewicz (Australie) assistée de Kim Kyoung-Min (Corée du Sud) et Joanna Charaktis (Australie). 4e arbitre : Lina Lehtovaara (Finlande). Arbitres VAR : Massimiliano Irrati (Italie) assisté de Armando Villarreal (États-Unis) et Enedina Caudillo (Mexique).

Buts
1-0 Eugénie LE SOMMER-DARIEL 17′ (Karchaoui côté gauche effectue une longue passe pour trouver Diani* côté droit dans la surface qui remet sur Le Sommer-Dariel dans l’axe qui place une tête décroisée à 6 m)
1-1 DEBINHA 58′ (Ary Borges à 20 m tente une frappe contrée par le dos de Lakrar mais le ballon arrive dans les pieds de Debinha qui contrôle du droit et place son ballon sur la gauche de Peyraud-Magnin)
2-1 Wendie RENARD 83′ (Corner de Bacha* frappé coup de pied gauche pour trouver au second poteau la tête de Renard qui pique son ballon et place le ballon dans l’axe)

Avertissements : Kenza Dali 11′, Sandie Toletti 29′, Sakina Karchaoui 69′ pour la France ; Luana 44′ pour le Brésil

France
16-Pauline Peyraud-Magnin ; 22-Eve Périsset, 2-Maëlle Lakrar, 3-Wendie Renard (cap.), 7-Sakina Karchaoui ; 15-Kenza Dali (17-Léa Le Garrec 87′), 6-Sandie Toletti, 8-Grace Geyoro, 13-Selma Bacha ; 9-Eugénie Le Sommer-Dariel (23-Vicky Becho 65′), 11-Kadidiatou Diani. Entr.: Hervé Renard
Non utilisées : 1-Solène Durand (G), 21-Constance Picaud (G), 4-Laurina Fazer, 5-Elisa De Almeida, 10-Amel Majri, 12-Clara Matéo, 14-Aissatou Tounkara, 18-Viviane Asseyi, 19-Naomie Feller, 20-Estelle Cascarino

Brésil
12-Letícia Izidoro ; 2-Antônia (19-Mônica 85′), 14-Lauren, 4-Raffaelle (cap.), 6-Tamires ; 17-Ary Borges (8-Ana Vitória 86′), 21-Kerolin, 5-Luana, 11-Adriana (16-Bia Zaneratto 80′) ; 18-Geyse (7-Andressa 61′), 9-Debinha (10-Marta 86′). Entr.: Pia Sundhage
Non utilisées : 1-Bárbara (G), 22-Camila (G), 3-Kathellen, 13-Bruninha, 15-Duda Sampaio, 20-Angelina, 23-Gabi Nunes