14 juillet 2023. L’Australie prend le meilleur sur les Bleues dans une rencontre physique et intensive pour ce dernier match amical avant le Mondial.

Stop au positivisme excessif

La rencontre amicale entre l’Australie et la France s’est terminée sur un score serré (1-0, Fowler 66′) en faveur des australiennes. Peu d’occasions des deux côtés avec une fougue et intensité australiennes, pour leur dernier match amical avant l’ouverture du 9e Mondial qu’elle accueille (20 Juillet-20 Août), devant un premier record australien : 50.629 spectateurs.

La première défaite du nouveau coach Hervé Renard après trois premiers matches qui n’ont pas été des signes évidents de domination : à chaque fois, les premières mi-temps furent difficiles.

Face à la Colombie, la France avait été menée (0-2) à Clermont avant de faire l’exploit de mettre cinq buts en seconde mi-temps. Contre le Canada, médaille d’or olympique, mais plus éloignées au classement FIFA, les Bleues rentrent au vestiaire sur le score de (0-0) pour finir par un (2-1). Puis contre l’Irlande à Dublin, un but injustement refusé aux irlandaises, les auraient faites mener (1-0) pour finir par perdre (0-3) sur deux hold-up en fin de mi-temps (44′ et 45′).

Trois victoires mais trois contenus délicats que la presse médiatique ne relève pas ; partant de l’idée vendue que le groupe d’Hervé Renard est dans une dynamique positive exceptionnelle ; à croire que Corinne Diacre était un « maton » de prison.

S’enfermant dans un positivisme excessif. On aimerait entendre le son constructif des critiques. A croire que les médias, attachés par un contrat financier ou moral, voire affectif se trouvent tétanisés comme on peut l’être face à un Président de la République du football, à qui tous les honneurs doivent lui être rendus.

Le réveil risque d’être délicat.

La ligne défensive laisse des interrogations

Sur cette rencontre intensive, Pauline Peyraud Magnin semble un peu trop certaine d’elle et commet, depuis plusieurs fois, des erreurs de relance qui pose une pierre d’interrogation et l’opportunité d’y croire, pour les attaquantes adverses. Très peu sollicitée dans les dernières rencontres, pas à l’aise face à l’Irlande sur le but refusé injustement, il y a une forme de « laissé-allé » mental que la joueuse n’avait pas dans le passé. Est-ce l’expérience ? Ce qu’il faut lui souhaiter. Est-ce un détachement excessif qu’il faudrait contrarier.

La ligne de défense, d’habitude solide, est celle qui interroge le plus. Pourtant les joueuses sont quasiment les mêmes que sous Corinne Diacre mais, amenées à changer pour tester des formules du nouveau coach, chaque nouvelle joueuse réussit sont premier match pour rater le suivant.

Contre la Colombie, ce fût Selma Bacha à gauche, Wendie Renard et Elisa de Almeida au centre, pour Eve Perisset à droite. Face au Canada, on voit Estelle Cascarino, Wendie Renard et Elisa De Almeida dans une défense à trois. Face à l’Irlande, c’est Sakina Karchaoui, Estelle Cascarino, Wendie Renard et l’entrée de Maëlle Lakrar et contre l’Australie, Sakina Karchaoui, Wendie Renard, Elisa de Almeida et Maëlle Lakrar, présentées comme les futures titulaires, prennent l’eau.

Les Bleues n’arrive pas à avoir une ligne stable défensive de confiance.

Elisa de Almeida a été changée à la mi-temps. C’est en quelque sorte une sanction bien qu’il parait évident que l’idée était de mettre une gauchère, Estelle Cascarino à la place d’une droitière. Il est vrai que sur les retournements de Sam Kerr, la parisienne a été en difficulté, sans dégâts, l’australienne ratant ses centres en retrait. Il est tout aussi vrai que l’australienne avait rencontré la parisienne sous les couleurs de Chelsea en WCL et savait comment la jouer. La qualité des joutes européennes doivent être des témoins et la parisienne, certaine dans son jeu pour être titulaire, doit plus et mieux apprendre, des qualités et des défauts de ses adversaires, pour les retenir comme les utiliser.

Mais il est tout aussi exact que Wendie Renard n’est pas au mieux, limitée dans le duel de vitesse sur les trois premiers mètres, et moins dans la possibilité de jaillir sans faire de fautes. L’âge a marqué ses premiers pas et la course de la lyonnaise est bien plus lourde qu’elle ne l’était auparavant.

La défense française pose un problème qu’il faudra résoudre.

Les Bleues peuvent être des crocodiles

J’ai trouvé le milieu Kenza Dali, Sandie Toletti et Grace Geyoro excellent dans le fait de tournoyer et de construire des transitions, notamment offensives. Elles trouvent toujours avec bonheur les attaquantes que sont Eugénie Le Sommer et Kadidiatou Diani, vives et fortes dans le jeu offensif comme défensif. Le duo Bacha, Karchaoui est très intéressant mais trop répétitif. La lyonnaise blessée « entorse de la cheville » devrait rentrer en cours de compétition.

Le souci c’est que notre milieu n’est pas assez vif pour être au niveau de la surface quand l’équipe part en contre et la France se trouve très limitées en joueuses pour finaliser les actions. Il faut un « exploit » personnel. 80% d’une joueuse, 20% des autres. On a pas trouvé ce milieu « buteur » que la France génère de générations en générations, tant chez les hommes que pour les filles.

Les Bleues à l’inverse, sont quasiment uniques au monde quand elles jouent dans la partie adverse avec des combinaisons et des possibilités qui laissent des trous béants dans les défenses adverses, se sauvant sur des détails qui ne garantissent pas qu’elles y arriveront tout le temps d’un match et surtout confirment que la France peut marquer des buts, quand elles dominent, croquant dans la défense adverse, comme des crocodiles sans lâcher sa proie.

Sauf que ces moments là ne sont pas assez nombreux mettant trop en valeur nos difficultés défensives.

Les Bleues peuvent surprendre avec une bien meilleure défense et plus de joueuses dans la projection des contres. Sinon, cela se fera au combat.

William Commegrain Lesfeminines.fr

Match de préparation à la Coupe du Monde
Jeudi 14 juillet 2023 – 19h30 locales (11h30 françaises) (W9)
AUSTRALIE – FRANCE : 1-0 (0-0)
Melbourne (Marvel Stadium) – 50 629 spectateurs
Temps frais (13°C) – Toit fermé – Terrain abîmé
Arbitres : Asaka Koizumi (Japon) assistée de Sharah Ho (Japon) et Saki Nakamoto (Japon). 4e arbitre : Isabella Blaess (Japon)

But
1-0 Mary FOWLER 66′ (Cooney-Cross lance Raso* sur le côté droit qui prend la défense de vitesse puis centre en retrait dans la surface sur Fowler qui contrôle du gauche à 7 m, démarquée, et a le temps d’ajuster en force du pied gauche la gardienne)

Avertissement : Sakina Karchaoui 44′ pour la France

Australie
18-Mackenzie Arnold ; 21-Ellie Carpenter, 15-Clare Hunt, 14-Alanna Kennedy (4-Clare Polkinghorne 79′), 7-Stephanie Catley (2-Courtney Nevin 79′) ; 16-Hayley Raso, 23-Kyra Cooney-Cross, 19-Katrina Gorry, 5-Cortnee Vine (11-Mary Fowler 46′) ; 9-Caitlin Foord (13-Tameka Yallop 62′, 3-Aivi Luik 82′), 20-Samantha Kerr (cap.) (10-Emily Van Egmond 62′). Entr.: Tony Gustavsson
Non utilisées : 1-Lydia Williams (G), 12-Teagan Micah (G), 6-Clare Wheeler, 8-Alexandra Chidiac, 17-Kyah Simon, 22-Charlotte Grant

France
16-Pauline Peyraud-Magnin ; 2-Maëlle Lakrar (20-Estelle Cascarino 46′), 5-Élisa De Almeida, 3-Wendie Renard (cap.), 7-Sakina Karchaoui (23-Vicki Becho 80′) ; 8-Grace Geyoro, 14-Sandie Toletti (19-Naomie Feller 89′), 15-Kenza Dali (17-Léa Le Garrec 80′) ; 11-Kadidiatou Diani (12-Clara Matéo 72′), 9-Eugénie Le Sommer-Dariel, 13-Selma Bacha (blessée 90+6′). Entr.: Hervé Renard
Non utilisées : 1-Solène Durand (G), 21-Constance Picaud (G), 4-Laurina Fazer, 6-Aïssatou Tounkara, 10-Amel Majri, 18-Viviane Asseyi, 22-Ève Périsset