Kheira Hamraoui a été partout pour contester sa non-sélection. Hervé Renard a accepté ses critiques, l’a salué mais a parlé d’un choix sportif. J’ai cherché des raisons pour en savoir plus et mieux sur ce sujet. En fait, Kheira Hamraoui est une lumière qui refuse d’être éteinte, quelque soit les raisons.
Les deux semaines qui ont suivi la non-sélection de Kheira Hamraoui pour la prochaine Coupe du Monde (20 Juillet-20 Août) nous ont montré que l’ex-joueuse parisienne possède un réseau en communication du plus haut niveau, pour que la France l’ait vu à « Télématin », dans l’émission « C’est à vous » , jusqu’à « l’Equipe du Soir » sans oublier de passer par le fameux Time Square de New York, là pour annoncer son livre, tout en s’exprimant sur la radio sportive française : « RMC Sport ».
Elle était partout et a tapé sur tout.
Les oreilles du Paris Saint Germain ont dû siffler fort pendant ce court instant dont on sait que l’actualité en fera d’abord un souvenir pour ensuite se transformer en oubli, à la condition que tout se passe bien pour les Bleues comme pour la section féminine du PSG.
Hervé Renard, très suisse dans sa réponse.
Sur ce premier point, Hervé Renard, -habilement-, compte tenu qu’il souhaite privilégier l’aspect mental de son équipe, considérant qu’arrivé trop tard pour en faire sa signature technique et tactique (nommé début avril 2023), lui a répondu dans un langage consensuel bien réfléchi, lors de l’émission « Rothen s’enflamme » sur RMC Sport.
« Tout ce qu’elle a dit à la radio ou dans la presse, elle me l’a dit au téléphone. Je respecte les personnes qui sont capables d’assumer leurs propos. Je lui ai dit ce que j’avais à lui dire, elle m’a dit ce qu’elle avait à me dire. Je respecte ses critiques. Mais je ne suis pas critique envers elle. C’est bien qu’on se dise les choses. C’est facile de dire des choses qui font plaisir, qui sont gentilles, mais c’est bien aussi parfois de se dire des choses qui font un peu moins plaisir. Je lui souhaite bonne chance et je l’ai aussi félicité pour sa force de caractère. Mais j’ai des décisions à prendre et j’ai pris cette décision en mon âme et conscience. Personne ne m’a influencé et j’assume à 100%. »
Sans aller chercher si les propos d’Hervé Renard sont exacts dans leur totalité quand on sait qu’un sélectionneur n’a aucune raison de dire les choses réelles liées à son groupe, que Kadidiatou Diani est au centre du projet offensif des Bleues en l’absence de Marie-Antoinette Katoto et maintenant Delphine Cascarino, que le différend est fort avec Diani et le PSG féminin, employeur de trente pour cent des titulaires des Bleues et que son agente, Sonia Souid est à la base de l’éviction de Noël Le Graët, suite à une confession de RDV qu’elle juge équivoques.
Sans entrer tout autant dans la vie privée et les évènements connus de 2022, voilà rapidement brossé, un premier environnement qui interroge sur cette décision. On pourrait en ajouter un second, plus juste et précis car sportif, si on regarde le parcours de Kheira Hamraoui, l’objet de cet article.
Des parcours sportifs pas si souvent titulaires.
Quiconque ne connait pas le football féminin, en voyant Kheira Hamraoui (1.79, 73 kgs) et sa flamboyance, son dynamisme et ses certitudes, doit se dire qu’il a affaire à une star du football féminin.
Les statistiques de footofeminin, source fiable, comme ceux de l’Equipe de France montrent plutôt que la joueuse n’a jamais plané sur une saison, comme l’ont fait ou le font, les stars de cette pratique, alignant même sur plusieurs saisons, les vingt-deux matches comme titulaires, en sortant rarement comme dans les « onze » de leur équipe nationale.
On le voit sur le ci-dessous, avec la fiche de Kheira.
Si vous comparez avec Grace Geyoro, milieu du PSG comme elle, sur plusieurs saisons, vous voyez dix-sept matches de joués et quinze ou seize comme titulaires. Moins connue mais dans les vingt-six d’Hervé Renard, Léa Le Garrec, vingt et un match joués, vingt comme titulaires. Amandine Henry, est dans la même veine, dix-huit matches pour dix-sept comme titulaires.
Idem avec les sélections en Equipe de France
Sur la liste de ses quarante et une sélections de la joueuse de trente-trois ans, vous ne trouverez que huit matches joués dans la totalité des quatre -vingt-dix minutes par l’ex-joueuse parisienne. Cela fait peu.
En 2014 pour un Allemagne-France (0-2). Trois en 2016, qui correspond à sa meilleure saison d’influence en Bleue pour un France-Norvège (0-1), suivi d’un France-Allemagne (0-1) à la SheBelievesCup terminé par France-Angleterre (0-0) dans la même compétition. Dans la foulée, elle jouera la totalité de la rencontre contre l’Ukraine et fera un doublé face à l’Albanie à Charlety (6-0). Elle terminera l’année 2016 avec un France-Angleterre, titulaire dans l’équipe d’Olivier Echouafni.
Fédération Française de Football (fff.fr)
En fait, Kheira Hamraoui a été excellente en 2016 avec les Bleues, mais sur le banc lors des deux finales gagnées par l’OL (2017 et 2018) quand elle y était, oubliée par Corinne Diacre à partir de 2017, explosive à Barcelone en 2018-2019, et enfin titulaire seulement en 2021 quand l’équipe catalane gagnera son premier titre européen.
Le malaise en France, le bonheur à Barcelone
Kheira Hamraoui a été si heureuse en Espagne et à Barcelone qu’elle y a créée son identité. Grande, mode, succès, flamboyante. N’attendez pas d’elle qu’elle soit comptable, elle se plait dans la communication, le regard et la différence avec les autres.
La France, au final, l’aura toujours traité « mi-figue-mi-raisin » et c’est certainement la raison des ses messages vengeurs qu’elle ne retient plus aujourd’hui. Nous avons chacun notre identité, et la joueuse française a identifié la sienne dans la lumière, qu’elle n’a trouvé que sur les terrains catalans.
Il s’est passé quelque chose à Barcelone qui l’a fait marcher sur l’eau. Peut-être qu’elle n’aurait jamais dû quitter l’Espagne.
Le football n’étant pas la guerre, il suffit de le comprendre pour l’accepter.
Sur le choix sportif.
Sur le plan sportif, je pense que le staff de l’équipe de France a certainement relevé le point que je viens de vous proposer : dans le groupe mais pas titulaire comme une star.
Les statistiques relevant du passé, la compétition plaçant le regard sur l’anticipation proche du présent, on pourrait justifier le choix d’Amandine Henry, même blessée et sans compétition depuis trois mois, de la manière suivante :
Lors du PSG-OL, déterminant pour le titre, kheira Hamraoui a été très juste dans son rôle mais dans une équipe qui avait besoin d’un déclencheur comme d’une leader, elle n’a pas réussi les gestes qu’Amandine Henry a réussi à faire dans son passé.
Par exemple, son but au Mondial 2015 qui l’a fait connaître au monde et plus récemment, son extraordinaire but en finale de la Women’s Champions League (2022) qui fait exploser le Fc Barcelone. Sans oublier en 2019, que c’est elle qui met le but vainqueur face au Brésil dans un huitième sous prolongation, tendu et incertain.
Dans une équipe dominatrice, Kheira Hamraoui avait plus d’une chance. Dans une équipe qui sera bousculée au Mondial, Amandine Henry comme Eugénie Le Sommer, ont montré qu’elles peuvent avoir l’étincelle gagnante et les Bleues ont le risque d’être bousculées dans leurs matches.
Je ne crois pas à une sanction quant à sa relation avec Eric Abidal, d’autant que cela lui a été, sportivement, plutôt favorable.
C’est plus sur l’impact que les choses se sont faites, car on sait que chez les joueuses, très LGBT et le reste, « la morale a un effet démoralisant ». Leurs vies en est le reflet constant.
William Commegrain Lesfeminines.fr
source RMC Sport : Hervé Renard répond à Kheira Hamraoui : « j’assume à 100% » – Sport.fr