Les Bleues passent directement en quart après avoir livré un match intense sur le plan individuel mais juste moyen sur celui collectif. Une qualification due au match nul entre l’Italie et l’Islande (1-1), offrant définitivement la première place aux Bleues, si elles sortaient vainqueurs de cette rencontre.
Une victoire qu’un 14 Juillet aurait aimé être plus lumineuse et explosive, face à une Belgique, 19e nation FIFA ! On pourrait meêm dire qu’elle a été discutée à partir de l’égalisation de Janice Cayman (6′), mais comme l’ont été celles des Pays-Bas contre le Portugal (3-2) ou de la Suède opposée à la Suisse (2-1), dans le groupe C, voisin et futur adversaire.
Les seconds matches de poule ont ceci de significatifs, tout le monde a encore sa chance et tout le monde la joue totalement.
Des Bleues au service du groupe et des choix de Corinne Diacre
Corinne Diacre, qui s’est évertuée pendant cette préparation au 13e Euro de l’histoire à conserver un groupe en lui demandant polyvalence et adaptation aux postes comme aux titularisations, avait choisi de faire entrer Clara Mateo, mise en jambe physiquement en mentalement, avec ses deux titularisations dans les derniers matches amicaux (Cameroun et Vietnam) au lieu et place de Sandie Toletti, sans qu’il soit là, choix de nommer une titulaire et une remplaçante, les deux joueuses ayant des profils très différents. La première offensive quand l’autre est plus défensive.
Second changement, la titularisation de Griedge M’Bock, troisième joueuse expérimentée du groupe France avec ses 67 sélections, au lieu et place de Aissatou Tounkara, défenseur centrale, 34 sélections qui avait pris la place face à l’Italie en surprenant son monde ! Et en plus avec le brassard en match de préparation.
Là aussi, on peut penser qu’il s’agit de mettre en application le principe que les joueuses ne sont pas là pour être titulaire mais pour servir un groupe France.
C’est dans cette polyvalence et adaptation que le groupe France s’exprime.
Un « entrée-plat-dessert » sur le pouce quand la France souhaitait un repas, au minimum, étoilé.
Au lendemain de la rencontre, la mémoire émotive tout en étant critique ne fait pas ressortir d’insuffisances notoires pouvant expliquer la difficulté des françaises à produire des occasions.
Sakina Karchaoui a dédoublé à la perfection sur le côté gauche, signature du jeu français. Eve Perisset a bloqué un nombre importants de tentatives de construction adverse du côté droit. Griedge M’Bock n’a eu aucune difficulté individuelle et si Wendie Renard a semblé moins dominatrice et calme qu’à l’accoutumée, pour autant la Belgique n’a eu qu’une seule véritable occasion. Suffisante, me direz-vous pour marquer.
Sur le plan offensif, Kadidiatout Diani a jeté un regard marquant une réelle surprise de se voir marqué par Diani Philtjeuns, 33 ans, plus de 110 sélections belges avec une taille d’1m51, en latérale. Inévitablement, le combat physique a penché pour la française, marquant son premier but (6′, 1-0) en phase finale de compétition internationale, depuis la Coupe du Monde 2015 au Canada.
Une action vue souvent sur les deux premiers matches des françaises. Wendie Renard, libre de marquage, cherche et trouve sur une longue transversale, l’excentrée française isolée. Là Delphine Cascarino qui attend le dédoublement de Sakina Karchaoui. Le mouvement réalisé dans le tempo et la vitesse génère un centre second poteau. Kadidiatou Diani met sa tête et marque devant la petite Philtjeuns (6′, 1-0)
Voilà ce qu’est l’entraînement. Un but à la 6′ qui devait annoncer un feu d’artifice pour le 14 Juillet, que les français ont cherché, un œil à l’écoute du ciel étoilé l’autre sur le « screen » d’un portable allumé. Un feu d’artifice qui n’est jamais venu.
Pourtant les belges n’arrivaient pas à passer la ligne du milieu de terrain. Le système défensif français a récupéré un nombre incroyable de transmissions adverses montrant la différence entre l’intention adverse et l’attention des tricolores.
Mais rien n’est venu, à l’exception des trois points et la qualification en quart de l’Euro.
Corinne Diacre sur le site de la FFF : « Lorsque l’on n’arrive pas à concrétiser nos temps forts et à faire le break, on commence un peu à douter. On a aussi mis moins de rythme. Mais il n’y a pas que nous. On est tombé aussi sur une belle équipe belge, qui a bien défendu et joué avec toutes ses armes. On n’a pas l’habitude d’être malmenées. Mais notre match a été cohérent, on a fait des choses interéssantes, il faut conserver ce qui a bien fonctionné. Maintenant, on va déjà savourer la qualification et la première place et on pensera ensuite au troisième match. J’espère que cela n’est pas trop grave pour Marie-Antoinette.«
Récupérer c’est bien, construire c’est mieux.
Les françaises n’ont rien réussi de spécial autrement qu’en amenant le ballon sur les côtés, pour des centres qui n’ont rien donné, faute d’efficacité dans le dernier geste, devant.
Là, on a pu voir que les Bleues sont un peu perdues en qualité quand le jeu d’appui de Marie-Antoinette Katoto manque. La parisienne, blessée à la 17′, et qui semble s’être fait une entorse de genou, sort pour l’entrée d’Ouleymata Sarr, bien moins performante dans ce rôle, comme dans la transformation de ses intentions sur ce match.
Le point positif est la bonne réaction du groupe à l’égalisation de Janice Cayman, sur leur superbe mouvement à trois.
Les belges y croient. Philtjeuns cherche et trouve sa capitaine, Tessa Wullaert, ex-joueuse de Wolfsburg et Manchester City. Contrôle poitrine, lecture de la situation et superbe passe en profondeur dépassant Griedge M’Bock pour Janice Cayman, sa coéquipière lyonnaise.
La trentenaire belge, couteau suisse du football, ayant joué à Juvisy, USA, Montpellier et Olympique Lyonnais maintenant, sait qu’elle n’aura pas une seconde chance, sent le souffle de Wendie Renard, venant au combat, tacle cette balle pour la pousser dans les filets, comme on va chercher une volée impossible au tennis. (1-1, 36′).
Un but que m’a fait penser que si les Belges avaient été meilleures dans la construction offensive, le vent des problèmes aurait pu souffler pour les françaises.
La finesse française
Sauf que cela n’a pas été le cas. Cela a été d’autant moins le cas que les Bleues connaissent les défauts du football féminin et utilisent quelques « finesses » pour les limiter.
Il n’aura échappé à personne que les centres féminins donnent rarement des buts mais que sur le nombre de centres, effectivement, il y aura but. C’est pourquoi les staffs comptabilisent les centres comme les comptables le font avec le chiffre d’une journée. Sur la quantité, le profit est garanti.
Sauf que dans une compétition internationale, la vérité d’un premier match n’est pas celui de la finale. Vu que le niveau des équipes n’est pas le même. Donc, les Bleues utilisent souvent le dribble avant de centrer. Notamment à droite.
Autant à gauche, la perforation de Karchaoui, Bacha ou Cascarino donne un centre direct ; sur le côté droit, Kadidiatou Diani attend son adversaire, pour l’emmener sur la droite et revenir sur la gauche pour centrer. Idem de la part de Clara Matéo. Le centre n’est jamais direct.
Un truc qui, si votre partenaire le détecte, lui permet de ne pas se mettre dans l’alignement du premier geste où tous les défenseurs vont, mais dans celui du second. Seule.
Griedge M’Bock mettra une tartine de la tête (36′, 2-1) pour que les Bleues reviennent au score. Seule au mieux de six belges, toutes prises dans le premier mouvement de Clara Mateo mais pas dans le second. Griedge M’Bock, défenseur centrale, buteuse sur la suite d’un corner, devant Janice Cayman qui lui avait la belle en égalisant. Là, encore vous avez une situation d’entraînement, à l’évidence.
Au final, les Bleues ont gagné en faisant le job. Les Belges doivent s’améliorer dans la construction de leurs phases offensives. En regardant, la France est en quart sans n’avoir rien prouvé d’extraordinaire dans la continuité mais sans avoir été réellement inquiété.
Assez tranquillement. Sauf pour Wendie Renard, perfectionniste, qui va certainement se ressasser son pénalty arrêté dans un premier temps, puis raté dans un second (90′).
Prochain match face à l’Islande, où les belges vont souhaiter une performance française pour pouvoir se qualifier en seconde position.
William Commegrain Lesfeminines.fr
UEFA Women’s EURO 2022 – Angleterre – Groupe D – Deuxième journée
Jeudi 14 juillet 2022 – 20h00 locales (21h00 françaises)
FRANCE – BELGIQUE : 2-1 (2-1)
Rotherham (New York Stadium) – 8 173 spectateurs
Temps légèrement nuageux (21°C) – Terrain excellent
Arbitres : Cheryl Foster (pays de Galles) assistée de Michelle O’Neill (République d’Irlande) et Polyxeni Irodotou (Chypre). 4e arbitre : Lorraine Watson (Écosse). Arbitres VAR : Tomasz Kwiatkowski (Pologne) assisté de Bartosz Frankowski (Pologne)
Buts
1-0 Kadidiatou DIANI 6′ (Longue ouverture de Renard pour Matéo couloir gauche qui dédouble avec Karchaoui dont le centre est délivré au second poteau pour Diani qui pique sa tête pour placer le ballon au ras du montant gauche)
1-1 Janice CAYMAN 36′ (Sur un ballon de Philtjens couloir gauche, elle trouve Wullaerts qui réalise un contrôle dos au jet et arrive à lancer Cayman qui résiste au retour de Renard et tacle le ballon du gauche de 11 m au ras du poteau droit de Peyraud-Magnin)
2-1 Griedge MBOCK BATHY 41′ (Corner de Matéo côté droit pour Sarr, le ballon lui revient. Elle élimine dans la surface Vangheluwe d’un crochet et centre fort du gauche pour trouver Mbock à 3 m qui catapulte le ballon de la tête)
Avertissements : Amber Tysiak 82′ et 89′, Feli Delacauw 90+4′ pour la Belgique
Expulsion : Amber Tysiak 89′ pour la Belgique
NB. Penalty tiré par Renard que Evrard repousse, le ballon revient sur Renard qui ouvre trop son pied gauche et manque le cadre (90′)
France
21-Pauline Peyraud-Magnin ; 22-Ève Périsset, 19-Griedge Mbock Bathy, 3-Wendie Renard (cap.), 7-Sakina Karchaoui ; 8-Grace Geyoro (2-Ella Palis 90+1′), 14-Charlotte Bilbault, 10-Clara Matéo (6-Sandie Toletti 66′) ; 11-Kadidiatou Diani (13-Selma Bacha 65′), 9-Marie-Antoinette Katoto (18-Ouleymata Sarr 17′), 20-Delphine Cascarino (12-Melvine Malard 90+1′). Entr.: Corinne Diacre
Non utilisées : 1-Mylène Chavas (G), 16-Justine Lerond (G), 4-Marion Torrent, 5-Aïssatou Tounkara, 15-Kenza Dali, 17-Sandy Baltimore, 23-Hawa Cissoko
Belgique
1-Nicky Evrard ; 15-Jody Vangheluwe (16-Marie Minnaert 46′), 19-Sari Kees, 18-Laura De Neve (4-Amber Tysiak 70′), 2-Davina Philtjens (22-Laura Deloose 59′) ; 10-Justine Vanhaevermaet, 20-Julie Biesmans (8-Feli Delacauw 59′) ; 13-Elena Dhont (7-Hannah Eurlings 78′), 6-Tine De Caigny, 11-Janice Cayman ; 9-Tessa Wullaert (cap.). Entr.: Ives Serneels
Non utilisées : 12-Diede Lemey (G), 21-Lisa Lichtfus (G), 3-Ella Van Kerkhoven, 5-Sarah Wijnants, 14-Davinia Vanmechelen, 17-Charlotte Tison, 23-Kassandra Missipo