Pour ceux qui ne suivent pas le football féminin, la quasi-totalité des clubs exclusivement féminins ont été intégrés aux sections professionnelles masculines dans les cinq championnats majeurs européens : Allemagne, France, Espagne, Italie, Angleterre.
Les Girondines de Bordeaux mariées pour le meilleur et le pire avec les Girondins
Comme beaucoup le savent, les Girondins de Bordeaux, club de l’élite masculine, plonge en Ligue 2 masculine la saison prochaine, déjà tanguant en 2021 et sans lecture précise de son avenir. Une descente qui a serré fortement les cordons de la bourse des budgets bordelais dont la section féminine fait partie, comme toute entité associée à un club masculin professionnel.
Rien de bien grave en soi, le budget initial supérieur à 2 millions d’euros glissant à l’unité inférieure, autour d’1,5 millions. Un budget de milieu de tableau, coupant juste les ailes à des projets européens, pour un club qui avait réussi sa première qualification en 2022 et dont la plupart, voyait réalisable l’objectif d’un podium habituel en D1F Arkema.
L’équipe n’était pas faite de stars internationales, toutes dans des clubs de références européens. Les joueuses sont devenues internationales à l’appel de Corinne Diacre, sous le coaching de l’historique Patrice Lair (coach de l’OL et du PSG) depuis 2021, Pédro Martinez Losa (2019-2021) et de Jérôme Dauba (2016-2019). Cela étant acquit, le point fort et inattendu des bordelaises avait été son public. A l’identique du celui du Parc avec le PSG, il avait enflammé le parcours en qualification européenne de son équipe, butant dans les derniers instants sur le futur demi-finaliste de la compétition, le Vfl Wolfsburg, double championne d’Europe (2013 et 2014) et championne d’Allemagne en 2022.
Le soleil brillait mais le soleil s’est couché un soir de la 38e journée de la Ligue 1 masculine.
Des départs et peu de places ailleurs
Il y a toujours eu des départs dans les clubs du bas de classement ; les clubs appelées à descendre libéraient leurs joueuses que s’appropriaient ceux qui montaient de l’échelon inférieur et pour les talents révélés, certains clubs faisaient des efforts pour les intégrer dans un effectif qui, de toute manière, n’avait que peu de chances d’accéder à un titre que l’Olympique Lyonnais et le Paris Saint Germain se réservaient.
Aujourd’hui les choses ont un peu changé mais la rectitude des grilles de rémunération se sont affirmées avec les conséquences de la période Covid. Les places sont chères, encore plus avec les salaires significatifs de certaines joueuses.
A hauteur des salaires bordelais, la solution pour les joueuses contraintes à la sortie, ne pouvait qu’être à l’étranger.
Le fighting spirit d’Eve Perisset
1,60 sous la toise, 27 ans, peu titulaire avec l’Olympique lyonnais de 2013 à 2016 (18 matches) mais sortie avec les titres d’usage : championnes de France (2014, 2015, 2016), Coupes de France (2014, 2015, 2016), Coupes d’Europe (2016), accompagnée d’une coupe de france avec le PSG (2018). Depuis les reconnaissances internationales s’envolent sans qu’elles touchent la bordelaise, partie sur un projet de développement bordelais qui s’arrête en plein vol.
Dans ce contexte, quand Eve Perisset signe pour trois saisons à Chelsea, championnes d’Angleterre, Coupes et candidat au titre européen, on ne sait si la news n’est pas meilleure pour la joueuse que pour le club, habitué aux internationales.
Eve Perisset a-t-elle les qualités pour jouer titulaire dans le club champion d’Angleterre ?
Rappelons que si des françaises se sont promenées de l’autre côté de la manche, cela n’a jamais été pour jouer les premiers rôles : Everton (10e) du championnat pour Kenza Dali, Maeva Clemaron, Valérie Gauvin, Aston Villa, Reading, West Ham avec Hawa Cissoko, etc ..
Là, la française de 27 ans, 1m60, droitière vient pour sortir la capitaine norvégienne Maren Mjelde (32 ans). Elle va soigner ses centres pour lancer Sam Kerr, la star offensive de ce championnat et elle trouvera le soutien de Pernille Harder, dans le Top 10 mondial des meilleures joueuses.
C’est plus haut que Bordeaux, plus haut en renommée qu’au PSG, plus dynamique qu’à l’OL.
Elle a des armes : un fighting spirit ! Cette joueuse joue au football comme d’autres joueraient au rugby. Pour elle, il est hors de question que la joueuse passe autant que le ballon. Si elle sent que son adversaire a les moyens techniques de la déborder, elle va utiliser son corps aussi bien que sa tête et elle est tout à fait capable de protéger le ballon jusqu’au vestiaire si la règle devait changer !
Cela ne peut que plaire au jeu anglais. Elle a une seconde qualité, elle centre proprement notamment quand elle n’a pas d’adversaires sur le dos. Il faut qu’elle voit le jeu alors son pied est chirurgical. Enfin, elle adore prendre son couloir.
La française, devenue internationale quand elle a quitté l’OL pour le PSG sous l’impulsion de Patrice Lair en 2017, doit se demander si le coach français n’est pas le Djinn de la lampe d’Aladin. Là, aux commandes de Bordeaux, il est encore à l’initiative de l’histoire de la française.
Si elle passe le « cut », la France lors de la Coupe du Monde 2023 et les JO 2024, aura une sacré joueuse sur le côté droit.
William Commegrain Lesféminines.fr