Une finale déséquilibrée
La finale de la Coupe de France 2022 ne restera pas dans les annales sur le plan de l’affiche, hors les adeptes des statistiques puisque, pour la seconde fois seulement de sa courte histoire, la finale de la Coupe de France se jouera entre un club de l’élite face à Yzeure Allier Auvergne, en D2F depuis 2014-2015.
Sauf que les places sont méritées, gagnées et qu’à cette évidence sportive, elles méritent attention et respect. Voire une histoire symbolique.
L’accession, un accouchement dans la douleur
On le sait, quand un accouchement s’est fait dans la douleur, il reste en mémoire de la mère. L’enfant, sauf cas exceptionnel, fait encore plus partie de son patrimoine.
Les deux accouchements d’un espoir attendu et espéré de la qualification en finale par les quatre équipes en lice, se sont faits dans la difficulté. L’accession au dernier stade s’est réalisé dans le doute et l’inconnue.
Le Paris Saint Germain, second du championnat, a été mené (2-0) par Fleury (8′ Kouassi, 21′ Yango) qui recevait. Le quatrième du championnat voyait se profiler Dijon, lieu de la finale, à l’horizon quand a déboulé Marie-Antoinette Katoto, meilleure buteuse du championnat, avec un doublé (2-2) qui s’es- terminé juste avant l’entrée aux vestiaires (35′, 45’+1).
De quoi dynamiter une dynamique d’un côté devant les 804 spectateurs essonniens, et galvaniser ce qui serait convenu d’appeler les walkyries parisiennes, tellement l’impact physique et mental sont présents dans leurs prestations. Sakina Karchaoui (59′) et Kadidiatou Diani (76′) parachevant le score sur un (2-4) qualificatif.
A noter qu’il est très rare que les leaders du championnat prennent plus d’un but dans cette pratique de l’élite féminine ; et donc encore plus rare qu’ils reviennent au score pour terminer par une victoire sur quatre réalisations.
Le lendemain se jouait la demi-finale à Yzeure. Les auvergnates ont mené à la marque (2-0) par un doublé de Seynabou Mbengue (13′, 30′). Il faudra attendre le milieu de la seconde mi-temps pour que Thelma ENINGER réduise le score (2-1) sans pouvoir aller plus loin. Des pleurs et des larmes pour une qualification au plus haut niveau, sous le coaching d’Ophélie Meilleroux, ex-capitaine de l’équipe de France au Mondial 2011.
Quand de tels événements deviennent des marqueurs de votre existence, ils sont à défendre.
Le PSG n’a pas assez de titres pour s’en satisfaire. Yzeure ne reviendra jamais à ce stade de la compétition, avec cette possibilité incroyable de mettre son nom, sur le plus grand des Trophées, réservé aux rêves du petit opposé au grand : la Coupe de France.
Dans cette trajectoire, il y a du « Triporteur » de Dary Cowl, du René Vignal. Des trucs jamais vus mais dont a entendu parler. Stades pleins. L’Histoire, qui reste longtemps dans les mémoires.
Que retenir de ces deux demi-finales, PSG et Yzeure qualifiées pour la finale du 14 mai 2022 à Dijon ?
L’importance des numéros 9 dans cette qualification. Les deux ont signé la qualification de leur équipe respective.
Katoto est leader du championnat avec 15 buts après la 17e journée. Elle plante deux buts au Bayern en 1/4 de finale aller de la Coupe d’Europe la semaine précédente, donnant la victoire aux parisiennes (2-1) dans l’antre du Bayern masculin. Là, elle renouvelle son doublé.
Seynabou Mbengue, sénégalaise, est auteur de 11 buts en championnat pour une équipe qui en a marqué 26. Actuellement 3e du championnat, sans grande possibilité de prendre la première place de Rodez, à huit points de distance. Elle envoie son équipe en finale, dans ce qui sera certainement la seule finale de leur histoire.
Quand on voit les buts, il s’agit de détermination et d’acharnement. L’enseignement à tirer ? quand tu as un « 9 » qui a le mors aux dents, en football féminin, le match n’est pas le même.
Le second enseignement suit le premier : dans le football féminin, tu n’es jamais à l’abri d’une grossière erreur de ta défense.
Le premier but de Fleury face au Paris Saint Germain en est le premier exemple. Les deux buts d’Yzeure contre le FC Nantes en sont les confirmations.
Quand tu associes les deux, tu sais que l’attaquante va être à l’affût de l’opportunité. Comme une chasseuse, elle sait qu’elle peut à tout moment arriver à marquer. Que ce soit du côté du PSG comme d’Yzeure.
C’est pour cela qu’Yzeure a aussi sa chance.
William Commegrain Lesféminines.fr