On peut dire et écrire nombre de faits sur le passage de Corinne Diacre à la tête de la sélection des Bleues (depuis 2017), équipe de France de football féminin, le premier sport français. Il convient d’abord de situer l’environnement du football féminin professionnel dans celui plus général du football français.
Un football pas rose
Un leadership de la FFF au regard des autres fédérations, balloté ces derniers temps, après la prestation très médiocre de l’Equipe masculine aux JO de Tokyo, éliminée en poule. A quelques mois des JO de Paris en 2024, la bannière était en berne. La lumière du titre de Champion du monde 2018 s’était assombrie sous le contenu des rencontres des joueurs de Didier Deschamps (cinq matches nuls consécutifs). La sélection féminine n’allant pas mieux, l’absence d’Amandine Henry et d’Eugénie Le Sommer de la dernière liste de la sélectionneuse, emportant les écrits, exclusivement axés sur l’opposition de la capitaine française avec la sélectionneuse.
Attaqué sur son âge dans les réseaux sociaux, (80 ans), le Président de la FFF, Nöel Le Gräet cherchait les angles positifs, dans un monde bousculé par la Covid, la déferlante des droits TV coupés de moitié, des clubs professionnels n’arrivant à l’équilibre que par la force de ses actionnaires, les classements UEFA reculant les clubs français du droit à une qualification européenne, source essentielle de revenus. Une fédération présentant un déficit exceptionnel associé avec un PSE, symptôme de décisions à prendre.
L’horizon du Président de la FFF pour cette fin de saison 2021, Noël Le Graët, se trouvait plutôt chargé.
Le passage compliqué de la sélectionneuse.
Le monde du sport a une théorie de communication unique : tout va bien. La fameuse langue de bois est au cœur de tous les cours de communication en football comme certainement dans d’autres pratiques. Les problèmes devant se régler en interne.
Avec les Bleues au féminin, le silence n’a pas été d’Or.
Personne ne contestera que si des points allaient bien ; d’autres n’étaient pas là.
Sur le plan de la sélection féminine, la première pierre posée par la sélectionneuse fut de retirer le capitanat de l’équipe à Wendie Renard dès son arrivée. Précisant qu’elle « n’était pas la meilleure arrière du monde », demandant à ce « qu’elle se concentre sur son jeu » et qu’avec elle comme sélectionneuse, la capitaine lyonnaise, sept fois championne d’Europe avec l’Olympique Lyonnais, « ne serait plus capitaine de l’équipe de France ».
Nommant Amandine Henry comme capitaine, Charlotte Bilbault, Eugénie Le Sommer, Marion Torrent comme vice-capitaine.
Une capitaine qui s’exprime sur Canal, au lendemain de la Coupe du Monde 2019, en demandant « des changements d’attitude et de comportement » de la part de la sélectionneuse, pour le bien de l’équipe. Parlant en son nom.
S’ensuit des réunions formelles et informelles associant même le Président. Des adjoints qui quittent le staff de la sélection, pour aller vers d’autres horizons. Un Président qui, en début de saison 2021, précise qu’il peut y avoir des crépages de chignon, tant qu’il y a des résultats.
Une équipe de France qui s’éloigne du cœur des quelques fans qui suivent leur performance. Des médias qui commencent à se concentrer sur les relations entre les joueuses et la sélection. Des contenus qui manquent d’unité avec le public quand les résultats restent cependant favorables.
De l’extérieur, l’équipe de France semblant devenir plus l’équipe de Corinne Diacre que celle de la France. Le lien avec les poutres porteuses d’une sélection (fans, médias, joueuses) s’éloignant, la rendant fragile.
Le revirement inattendu de l’attribution du capitanat à Wendie Renard.
Sept jours auparavant, en donnant sa liste à la presse spécialisée officielle, Corinne Diacre, assaillie de questions sur l’absence d’Amandine Henry et Eugénie Le Sommer, répondait que le capitanat avait été porté par d’autres. Renvoyant, à demi-mot, à la présence de Charlotte Bilbault et Marion Torrent.
Sept jours plus tard, à la veille de la rencontre, hier, Corinne Diacre a surpris la presse en précisant que l’expérimentée lyonnaise, 30 ans, joueuse la plus titrée du football féminin français avec plus de 30 succès à son palmarès, prenait le capitanat, Euro 2022 compris. Ajoutant, j’ai commis une erreur en 2017, en disant qu’elle ne porterait plus le capitanat.
Une décision acceptée par la lyonnaise, jamais défaillante dans son rôle de joueuse depuis 2017, souvent affublée du maillot de « sauveuse » avec sa performance de « meilleure buteuse des Bleues » comme défenseur centrale, après qu’elle en ait discutée avec la principale concernée, Amandine Henry, non-sélectionnée par Corinne Diacre pour ces deux premières rencontres.
Certains expliquant ce revirement à la présence express du Président de la Fédération à Clairefontaine, siège des stages des équipes de France de football ?
Est-ce le début d’une détente ?
Les récents JO de Tokyo ont montré une vérité. Pour les français, le gain des médailles d’Or en sport collectif (Judo, Hand masculin et féminin, Volley-Ball) et d’argent comme de bronze (Basket) a montré que la cohésion du groupe est la clé de la réussite en compétition.
Sur le plan international, pour ne revenir qu’au football féminin, on sait depuis longtemps que l’équipe américaine, renommée avec ses quatre titres mondiaux et olympiques, n’est pas la même équipe quand elle porte le maillot national.
Un constat répété avec la Suède (Argent), sans véritable championnat compétitif, et jouant un football d’élite avec leur maillot national. Le Canada, surprenante médaille d’Or aux JO, n’a pas de championnat professionnel. Ses joueuses sont partout dans le monde. Elles ont pris l’Or sur leur qualité de cohésion, en jouant ensemble pour un seul maillot. Des matches à bout de souffle, toutes dans la même direction qui se sont terminés avec la victoire, souvent sur pénalty ou tirs au but, montrant la difficulté et l’implication pour y arriver.
Il est évident que les Bleues doivent aspirer à une cohésion.
A mon sens, la sélection féminine doit trouver son modèle de management. Entre expression individuelle des joueuses, en interne comme en externe, qui vont se créer une identité médiatique dans un football qui le demande et la gestion d’un groupe dont les rênes et les choix reviennent à une sélectionneuse, avec sa vision et ses intentions dont l’une des qualités est d’intégrer cette évolution d’identité des joueuses.
Il suffit de bien définir « la longueur d’onde commune ».
Tout cela se résume en une seule phrase « soit on est sur la même longueur d’onde, soit on ne l’est pas ».
A mon sens, les Bleues doivent se résumer à cette phrase.
Le plus simple est souvent le mieux.
William Commegrain Lesfeminines.fr
Le programme du groupe I
Équipes : France, pays de Galles, Slovénie, Grèce, Kazakhstan et Estonie.
Matches :
Vendredi 17 septembre 2021
17 heures : Grèce – France
18 heures : Estonie – Slovénie
20h15 : pays de Galles – Kazakhstan
Mardi 21 septembre 2021
19 heures : Estonie – pays de Galles
19 heures : Grèce – Kazakhstan
21 heures : Slovénie – France