Qu’est-ce que l’interprétation en commentaire sportif ? Un exemple sur l’absence de Clara Mateo
L’absence de Clara Matéo (*) de la liste des Bleues m’a surpris. La joueuse du Paris FC, vingt quatre ans, en plein épanouissement professionnel avec son poste d’Ingénieur au sein de l’équipe sponsor du championnat, commençait à compter ses capes en Bleues (5), dans l’esprit souhaitée de Corinne Diacre, avec en plus, le bonheur d’avoir marqué pour sa première sélection.
Insérée dans le groupe, heureuse comme jamais sur les photos communiquées par son club, rien ne laissait présager qu’elle ne serait pas retenue par la sélectionneuse.
Une absence qui m’avait interpellée, sans qu’elle ne nécessite une analyse particulière. Les adversaires, grecque (69e FIFA) et slovène (49e) sont des cibles faciles, je laissais mon esprit se contenter d’un léger turn-over offensif, sans conséquence et raisons spécifiques à retenir.
L’interprétation – d’abord un fait.
Le but de la première journée à la 1ère minute face à Guingamp me semblait mériter un autre sort. D’autant que les joueuses de Sandrine Soubeyrand en avaient passé quatre à Guingamp sur ce match. Une victoire confirmée face à Fleury (0-1) la journée suivante et validée, après la liste de Corinne Diacre, contre le Stade de Reims (3-0). Clara marquant le premier but, à la 7′.
Une performance loin de signifier un manque de confiance.
Puis d’autres faits
D’autant que Kenza Dali et Valérie Gauvin, choisies par Corinne Diacre, joueuses d’Everton, sont engluées à la dernière place de la FA WSL. Deux matches de joués, deux défaites, huit buts encaissés, aucun de marqué. Sur le banc lors de ce second match. Pour des joueuses offensives, il y a mieux comme pedigree.
Même si Corinne Diacre fait des choix qui sont les siens, cela méritait une attention. D’autres que Clara Matéo auraient pu rester à la maison, se reposer pour la quinzaine à suivre.
Le calendrier et l’Europe
Un regard sur le calendrier m’a titillé l’esprit. Le prochain adversaire du Paris FC et de l’équipe de Sandrine Soubeyrand est le Paris Saint Germain, à égalité de points avec l’Olympique Lyonnais et le Paris FC. Actuel champion de France. Une situation oubliée depuis un bon nombre d’années par l’ex-juvisy. Après cet obstacle, les parisiennes « du second club de la capitale » auront des matches dit faciles (Saint-Etienne, Soyaux, Issy). Une bonne performance face au PSG les maintiendraient pendant longtemps dans le Top trois, voire le top deux du championnat.
Une place qui vaut de l’Or aujourd’hui avec le développement du football féminin européen et l’ouverture à une médiatisation de tous les matches. Sponsors, retour sur investissement du club. Tout cela oblige à réflexion et anticipation.
Un Paris SG qui, lui aura envoyé sept joueuses avec les Bleues : Elisa de Almeida, Sakina Karchaoui, Grace Geyoro, Lea Khelifi, Sandy Baltimore, Diani Kadidiatou, Marie-Antoinette Katoto. Toutes titulaires, au Paris SG comme chez les Bleues à l’exception de Léa Khelifi. Sans compter ses joueuses étrangères internationales.
De son côté, le Paris Fc n’aura fait voyager quasiment personne.
Les liens invisibles donnent du crédit souvent à l’analyse.
On le sait, les coaches sont très sensibles aux contraintes de déplacements, de changements d’habitudes, puisant dans l’émotion, laissant l’inconnue prendre une place trop grande, pour les matches de championnat suivants. Bordeaux en est un exemple flagrant. Plusieurs matches européens extraordinaires du début de saison, en contenus et émotions et les voilà, en D1FArkema, avec un nul face à Saint-Etienne, club montant en 1ère journée suivi d’une défaite à la maison face au FC Fleury 91 (1-2) au lendemain de sa superbe rencontre européenne face à Wolfsburg (6-6 sur aller-retours, 3 tab à 0). Avec cinq points de retard, l’Europe de la saison prochaine a tout du rêve alors que les bordelaises viennent juste d’en toucher la réalité.
Je ne peux m’empêcher de penser que Sandrine Soubeyrand (coach du Paris FC), Sonia Bompastor (coach de l’OL) connaissent très bien Corinne Diacre, adjointe pendant six ans de Bruno Bini, au moment où les deux coaches étaient des joueuses et cadres essentiels de la sélection française. Aurions-nous affaire à une célèbre sororité, tant utilisée dans le football féminin face à Didier Ollé Nicolle, nouveau coach masculin venu d’une autre diaspora, celle des coaches masculins ?
De plus, je n’ai pas entendu un mot du côté lyonnais pour discuter de la non-sélection d’Amandine Henry, voire d’Eugénie Le Sommer. Seuls les médias s’y sont intéressés.
La conclusion.
Tout cela me fait dire qu’il y a des décisions qui pourraient être favorables à certains clubs leaders. Là, l’Olympique Lyonnais et le Paris FC.
Je ne pense pas à un intérêt commun. Les joueuses, coaches comme sélectionneuse ont démontré leur intégrité, mais en même temps, le hasard fait que cela s’est fait comme cela.
Voilà ce qu’est l’interprétation.
William Commegrain Lesfeminines.fr
(*) Son absence n’avait d’ailleurs été relevée par personne, les médias traditionnels reprenant plutôt les oublis volontaires d’Amandine Henry (OL, 93 sélections) et d’Eugènie Le Sommer (Ol Reign, 109 sélections) , capitaine et vice-capitaine habituelle des Bleues.