Megan Rapinoe, 33 ans, est une femme qui vit d’abord ces décisions. Lorsqu’elle a joué à Lyon (2013-2014), brusquement elle a décidé de retourner aux USA car sa vie privée lui manquait de trop ou bien un profond désaccord avec Patrice Lair, son coach de l’époque, était à l’origine de son billet retour pour Seattle et les Reign qu’elle n’a plus quitté depuis.

Pour l’avoir vu dans la zone mixte après USA-Suède au Parc des Princes, cette femme vous répond comme elle est. D’un naturel constant. Sure d’elle car tout simplement, elle vous délivre le fond de sa pensée. Peu importe les conséquences. « Elle est là et elle est comme cela ! »

Un état d’esprit très américain qui met de côté les autres, soit pour être Moi, ou pour se dire : « Pourquoi pas moi ? ».

Si Megan Rapinoe s’engage pour ses idées, LGBT, égalité, et respect des différences entre les peuples ; c’est peut-être qu’elle s’est contrainte trop longtemps au silence. Un coming out à 26 ans, après la Coupe du Monde 2011 en Allemagne, un moment où la vie privée des filles ne faisait pas partie de leur passeport médiatique lui a donné cette force de communication qu’elle utilise sans souci. Avec bonheur.

Une joueuse, aux couleurs LGBT sur ses cheveux pendant cette Coupe du Monde, suivie par Sophie Schmidt la canadienne, capable sans souci de vous dire « M**** » en plein prime time que sont les comptes des réseaux sociaux stars. Une manière comme une autre de refuser une possible invitation à la Maison-Blanche. La sienne.

Elle n’ira pas à la Maison Blanche. Elle ne chantera pas l’hymne américain considérant que trop d’hommes noirs meurent sans raison sous les balles des policiers blancs. Elle ne changera pas une seule couleur de ces cheveux et Demain, elle sera toujours là pour défendre les femmes LGBT. Avec fermeté, avec le sourire et avec volonté.

Si elle marque et gagne, cela ne m’étonnerait pas qu’elle ait un petit geste face caméra. Pas grossier, plus subtil. Cette femme aime la subtilité, c’est peut-être d’ailleurs ce qui la différencie du Président Trump. Et si elle perd, elle aura le mot gagnant. Contre le score elle ne pourra rien, mais par les mots, elle fera en sorte de ne pas avoir une seconde défaite, surtout présidentielle.

Donald Trump, Président des Etats-Unis, est pour nous le Président Twitter. Il aurait pu choisir Instagram, Facebook, .. non c’est vers le petit oiseau bleu qu’il s’est tourné. Plus d’échanges, de directs, de mots au menton. De KO (s) faits ou reçus.

On a pris l’habitude des situations chaudes avec l’Iran, la Palestine, la Chine, La Corée du Nord que le Président américain met au chaud sur le feu de twitter pour voir qu’ensuite, la situation avance autrement. Une technique de négociation connue quand il fallait vendre, avant 92, dans les anciens Pays de l’Est.

Un grand coup sur la table. Le message juste assez « pas de diplomatie » pour montrer qu’on est sur des limites. Les affaires prestement rangées. Le départ. La porte qui claque. le silence et ensuite l’attente. Souvent favorable. rarement défavorable à moins qu’elle ne soit joué sans carte. Alors le ridicule n’est pas loin.

Donald Trump a tout de l’esprit américain. Moi d’abord. Aujourd’hui, il se pose la question d’une petite guerre contre l’Iran. Trump, c’est ce que je pense, face à ce que veulent les autres. Puisque je le pense, c’est donc juste. L’Amérique est la Justice du Monde. Great América.

Pour autant son bilan économique est plus que favorable. Chômage, croissance, commerce extérieur, inflation. Tout est OK quitte à faire des KO(s). Il a de bonnes chances d’être réélu. Il plait à une bonne partie des américains car il dit ce qu’il pense et fait ce qu’il pense.

A bien y regarder, les deux ennemis Megan Rapinoe et Donal Trump sont bien tous les deux américains. Convaincus d’être et donc Être. Peu importe le regard des autres.

C’est cet état d’esprit que les Bleues vont rencontrer. 23 filles et plus avec le staff qui pensent qu’elles ont totalement raison. Pas une place pour le doute et l’interrogation.

La meilleure manière de gagner pour les Américaines ? Ecraser les autres.

William Commegrain Lesfeminines.fr