La sélection des Bleues est tombée hier donnant du coeur à certaines et de l’amertume à d’autres. C’est le principe d’une sélection, bien plus marquée sous l’ère Corinne Diacre qui a essayé tellement de joueuses depuis son mandat de Septembre dernier qu’il y a une étincelle de Coupe du Monde 2019 dans la tête de plus de cinquante joueuses, qu’elles soient en D1F ou à l’étranger.

2019 fait face à un challenge conséquent. Une Coupe du Monde à domicile qui focalise toutes les décisions et réflexions. D’autant que le Président de la fédération, du haut de son immense expérience dans le football international, a su rappeler que la prochaine en France ne se fera pas avant longtemps.

Dès lors, la sélection, autrefois communiqué sur le site internet de la fédération fait l’objet d’une conférence de presse permettant un échange avec la sélectionneuse. Mardi 21 Juillet, elle annonçait les 23 à venir contre le Mexique. Une première carte sur les RDV FIFA (une dizaine) de la saison avant la Coupe du Monde du 7 Juin au 7 Juillet 2019.

1°) On va reprendre les bases de la deuxième partie de saison de l’année dernière. Il faut bien démarrer sur quelque chose dès lors que les vannes ont été largement ouverte et Corinne Diacre a logiquement posé le curseur sur la période favorable de la France (défaite face à l’Angleterre, nul contre les USA, victoire face à l’Allemagne le Nigéria et le Canada), mettant de côté les situations plus délicates de son début de mandat en 2017-2018 (Nuls contre l’Italie et la Suède, défaite face à l’Allemagne, quatre victoires de suite dont deux difficiles face au Chili et l’Angleterre).

Visiblement la sanction est maintenant passée puisque la sélectionneuse n’avait pas manqué de pointer du doigt certaines joueuses défaillantes suite au match catastrophique contre l’Angleterre (défaite 4-1).

2°) Des noms de joueuses qui font du bien pour celles concernées. 

Quoi de plus relaxant que d’entendre son nom comme concerné dans une liste de 23, surtout si on n’apparaît pas dans la première liste de la saison 2018-2019. C’est le cas d’Elise Bussaglia, partie jouer à Barcelone (31 ans), devenue la plus capée des sélectionnables (179) depuis l’arrêt de Laura Georges (188) et Camille Abily (183) comme Valérie Gauvin (10 sélections) relancée par Corinne Diacre. Toutes deux blessées.

On peut penser à une certaine amertume pour Claire Lavogez (24 ans, 35 sélections), partie à Bordeaux avec l’idée de rester en France pour porter du Bleue A alors qu’elle sera certainement appelée en B. Il en est de même pour Aïssatou Tounkara, blessée gravement à la SheBelievesCup 2018 (Mars) après un premier appel en EDF A et qui entend Corinne Diacre parler d’un déficit en défense centrale sans préciser son nom et en proposant la tout jeune Maelle Lakrar comme potentiel intéressant. De l’Atletico de Madrid, le coeur a dû bondir un peu.

Clara Mateo (Paris FC) et Kenza Dali (Dijon) sont les deux bonnes pioches de Corinne Diacre dans l’effectif français de la D1F. La première agée de 20 ans pour une découverte au plus haut niveau. La seconde, déjà capée mais qui s’était perdue sur le banc de l’Ol après plusieurs saisons réussies au PSG, revenue comme titulaire au Losc (prêt) lors du mercato de la saison dernière.

On voit le retour de Julie Debever (EA Guingamp) appelée une première fois à la surprise générale sans jouer et reconvoquée pour le Mexique (31 ans, 0 sélection). Charlotte Bilbault (Paris FC, 7 sélections) vient jouer une carte après deux années entre la A et la B comme Sandie Toletti (Montpellier, 13 sélections), plus appelée depuis le premier match de Corinne Diacre contre le Chili.

On peut devenir la confirmation de Delphine Cascarino (4 sélections) et le renouvellement d’Ouleymata Sarr, toujours appelée depuis l’intronisation de Corinne Diacre.

La sélection : Benameur, Bouhaddi et Durand, Debever, Karchaoui, Majri, Mbock, Perisset, Renard, Torrent, Bilbault, Diallo, Diani, Geyoro, Henry, Toletti, Asseyi, Cascarino, Dali, Le Sommer, Mateo, Sarr, Thiney.

3°) Absences des U20 du Mondial 2018

A travers la question liée à l’absence de Marie Antoinette Katoto, Corinne Diacre précise que la proximité des deux rendez-vous oblige à éloigner les U20 pour un repos bien mérité même si, la prestation de la parisienne n’a pas été à la hauteur de sa volonté et de celle des observateurs.

Le propos tient tout autant pour Selma Bacha, qui est une troisième carte pour Corinne Diacre. Après Sakina Karchaoui et Amel Majri.

Enfin, la sélection U20 a été constituée dans des tranches d’âge plus jeunes (17-18-19 ans) qui limite une future sélection en A au niveau de l’ambition française (le titre), faute d’expérience dans des confrontations internationales en A. Visiblement, le ticket demande un certain temps d’attente et d’évaluation, proche d’une année (Clara Mateo).

Cela nous ramène à la base donnée par Corinne Diacre. L’équipe de la deuxième moitié de saison, une entrée des plus jeunes en fonction des performances à venir qui ne doivent pas trop tarder néanmoins, et une sélection A qui variera en fonction des événements, de la place des joueuses dans le groupe, en puisant dans la sélection B.

4°) La Coupe du Monde gagnée par la France

On ne sait comment va être impacté sur le football féminin cette Coupe du Monde remportée. Inévitablement, elle est présente et tout l’art des équipes de France sera de voir comment utiliser cette référence. Aujourd’hui, le résultat est mitigée avec une sortie de l’Euro 2018 en phase de groupe comme une troisième ou quatrième place au Mondial U20.

A mon sens, il faut l’oublier. Car même s’en référer, c’est s’approcher du concept psychologique de l’idolâtrie. Encore plus puissant que les faits car elle gomme leurs réalités. En même temps, la tendance sociologique de notre temps moderne est de s’en référer le plus possible (importance des religions et force du communautarisme). C’est le sparadrap sur nos doutes et interrogations, qui font partie de la nature humaine et dont nous avons la tâche d’essayer de surmonter. En retirant cette réalité, on donne trop de vitesses aux événements. Il est impossible de freiner quand on dévie de sa trajectoire. Direct le mur.

Corinne Diacre ne se cache pas que son management prendra sa source dans cette aventure masculine. Tant sur l’état d’esprit et cela renvoie à la période de Bruno Bini qu’elle a bien connu avec le projet de vie, que sur les attendus et leur gestion.

5°) la tactique des Bleues.

On s’éloigne de la verticalité et de la possession. On est proche de la conception de Didier Deschamps. « Ne pas prendre de buts, c’est ne pas perdre. » Le jeu sera donc placé, en 4-4-2, avec une animation défensive forte et un travail gagnant sur les transitions défensives comme offensives. Des circuits seront donc mis en place. Cela sera vu par les autres équipes, il faudra avoir une efficacité redoutable.

6°) des adversaires de qualités différentes.

La notoriété de la France lui permet d’être sollicitée comme de recevoir des réponses favorables de nombreuses équipes étrangères. Il y aura une diversité de rendez-vous avec des résultats tous différents. Les sélectionneurs ne recherchent pas le résultat depuis Aimé Jacquet mais un travail reproductible, notamment au moment de la compétition.

7°) la D1F, un brassage intéressant.

Le renouvellement de la saison dernière avec trois clubs devant qui sont Montpellier, Paris Saint Germain et Olympique Lyonnais et une homogénéité plus présente pour les autres.

8°) Didier Deschamps, une expérience présente. 

La gestion d’une compétition à domicile avec l’Euro 2016, sa réussite au Mondial 2018. Des contacts faits et à venir.

Corinne Diacre a un plan de bataille arrêtée. 23 joueuses et un style de jeu défensif expliquera la sélection. Un groupe dessiné sans être arrêté avec des joueuses oubliées qui ne correspondent pas au futur jeu français comme à la vie de groupe attendu par la sélectionneuse. Peu d’U20 à venir, faute d’expérience significative. Une année de travail pour améliorer l’animation des transitions. Et se référer à la victoire de la Coupe du Monde en Russie.

William Commegrain lesfeminines.fr