Les françaises ont réussi à gagner un quart de finale mondial qui s’annonçait délicat face à l’Allemagne, championne du Monde U20 en titre (2014) sur un score serré (0-1, 16′) mais qu’elles ont réussi à tenir tout le long du match pour non pas un exploit, mais une qualification méritée.
Mériter sa qualification, montre la qualité du talent français.
La France sans temps faible.
Comme semblaient l’indiquer les premiers matches des françaises dans une poule très difficile (USA, Ghana, Nouvelle-Zélande) qui aurait permis à toutes les équipes de passer au second tour, faisant sortir les françaises à la seconde place au classement du fair-play derrière les américaines, « les bleuettes » ont réalisé un quart de finale qui a pu finir gagnant grâce aux talents de leurs joueuses, soit dans la prise d’initiatives, soit dans la gestion du jeu, en montant graduellement sans pour autant connaître de temps faibles qui auraient permis à l’Allemagne de revenir.
Gagner face à l’Allemagne est toujours une performance pour toutes équipes françaises, notamment en football féminin où les A trustent les titres européens (8 Euro), les Ligues des Champions (9 sur 15) et la seconde place mondiale. Avec cette victoire, face à la nation championne du monde des U20 en titre qui avait éliminée la France en demi-finale lors de la dernière édition, c’est tout un groupe qui apprend à vaincre, sans avoir de garanties mais qui gagne son droit sur le terrain. Ni avant le match, ni après.
Elles sont 21 et viennent de partout (voir les clubs des sélectionnées). Quel match ! Source Footofeminin composition France-Allemagne : 1-Mylène Chavas ; 2-Marion Romanelli, 4-Hawa Cissoko, 14-Estelle Cascarino, 3-Sakina Karchaoui ; 7-Delphine Cascarino (cap.), 8-Onema Grace Geyoro, 17-Juliane Gathrat, 11-Louise Fleury (13-Théa Greboval 78′) ; 15-Maëlle Garbino (9-Marie-Charlotte Léger 67′), 10-Clara Matéo. Entr.: Gilles Eyquem Non utilisées : 5-Pauline Dhaeyer, 6-Laura Condon, 16-Cindy Perrault, 18-Valérie Gauvin, 19-Cathy Couturier, 20-Anna Clérac, 21-Jade Lebastard, 12-Héloïse Mansuy (blessée)
La France s’impose dès le début de la rencontre.
Pour l’avoir écrit très tôt, ce quart de finale a montré les qualités françaises : un esprit de groupe très fort, une gardienne Mylene Chavas qui doit encore prendre de la maturité mais qui s’annonce comme une très grande, une Delphine Cascarino qui sait avoir du talent et du jeu collectif et une équipe de France qui sait gérer et apprendre pendant les rencontres. Ni avant, ni après.
Mylène Chavas.
L’Allemagne a deux excellentes occasions pour ouvrir la marque avec un duel percutant face à Mylene Chavas qui sort impeccablement une action dangereuse pour l’avoir fort justement anticipée suivie, quelques instants plus tard, par une tentative de centre lobée que la jeune portière de Saint-Etienne sortira, avec maitrise et intelligence, sans paniquer pour faire proprement le travail.
Elle aura la même qualité d’intervention en fin de première mi-temps, sur un tir qu’elle sortira de sa lucarne et qui finira transversale suivie d’une action latérale où la portière stéphanoise sortira une superbe balle à ras de terre, d’un pied droit solide, sur un tir en angle.
Sandrine Roux, (71 sélections, ex-gardienne et capitaine de l’Equipe de France, commentatrice sur C8) partie avec la sélection pour s’occuper des gardiennes, doit tout simplement être aux anges.
Delphine Cascarino. Un drive de folie à la « Tiger Woods ».
C’est une initiative inattendue de la seule lyonnaise de la sélection, Delphine Cascarino, capitaine française, qui joue rapidement un corner pour envoyer une mine qui laissera pantoise la gardienne allemande, ne pouvant qu’aller la chercher au fond des filets allemands (0-1, 16′). Le geste de la joueuse est d’une telle intensité qu’il a tout du drive d’un golfeur. Une puissance et une vitesse inarrêtable.
L’état d’esprit français. »jouer pour les autres ».
Il faut tenir face à des allemandes quand vous menez depuis la 16′. C’est toute la force des françaises. Un état d’esprit qui s’impose dévolu au travail. Il y a dans cette jeune équipe une véritable volonté de « jouer pour les autres » qui transparait à chacune de leurs actions offensives comme défensives.
L’Allemagne aura 12 corners pour 6 français. 18 tirs dont 5 cadrés quand la France remportera le match « à l’allemande ». 17 fautes, 3 tirs cadrés et un score tenu pendant 75′ (1-0). C’est tout un groupe qui est solidaire face à l’échéance d’une qualification et on sent que le management de Gilles Eyquem correspond exactement à la situation.
Gilles Eyquem, le gourou français.
Après un titre européen gagné contre l’Espagne en U19 en Juillet 2016 renouvelant celui de 2013, l’homme du Sud-Ouest possède, sans discussion, le regard et les mots qui correspondent à ce que les joueuses attendent et ont les moyens d’exprimer. Tel un pédagogue, il ne demande que ce qu’il peut obtenir en laissant surtout les joueuses le produire, sans l’exiger mais en faisant comprendre que tout cela est disponible.
On sent des joueuses totalement libres dans leurs décisions et juste encadrées dans des moments qui pourraient poser problèmes. Exactement ce qui correspond aux besoins des « bleuettes », déjà bien formées dans leurs clubs (toutes joueuses ou ayant joué en D1F) après leurs formations en Pôles Espoirs (Delphine et Estelle Cascarino ayant travaillé au Pôle France de l’Insep).
Avec son adjointe, Sandrine Ringer, ils ont emmené avec eux un staff que nous avons vu à Clairefontaine, qui sait travailler et sourire et ses choix montrent à quel point, un travail d’équipe tourné vers le même objectif est le cadre attendu et souhaité par un groupe de joueuses, appelées à faire une compétition au cours d’une période longue pour une sélection, mais courte si on doit la comparer à une vie de club.
La demi-finale face au Japon
Les japonaises, à discuter avec ceux qui ont vu leurs matches, sont la meilleure des équipes de ce tournoi des U20. A cet âge, il est pour autant très difficile de maintenir une performance et la France possède l’état d’esprit et le talent pour passer cet obstacle et aller en finale de cette Coupe du Monde pour se battre afin d’obtenir le titre mondial 2016.
Cela serait une juste amélioration au regard de la troisième place mondiale de 2014 et le titre européen de 2016 pour la France qui reste la seule équipe européenne en lice dans ce mondial.
Cependant si la France a l’état d’esprit et le talent pour se qualifier en finale, elle n’a pas de marge de sécurité pour autant. Et c’est certainement, la meilleure chance française.
Faire un match au maximum de sa concentration car elles n’ont pas de marge de sécurité. C’est exactement l’état d’esprit qui convient aux français pour obtenir un titre.
William Commegrain lesfeminines.fr
Retrouvez lesfeminines avec les u20 à Clairefontaine quelques jours avant leur départ pour le Mondial U20 (cliquez ici)