Ces résultats de la 4è journée ont entériné des vérités qui donneront un sens à la saison 2016-2017. Paris n’est pas au mieux pour garantir une seconde place mais elles ne lâcheront « pas l’affaire » (4V). Juvisy est pas mal parti (1D, 3V) et essaye d’oublier la défaite de Guingamp en espérant que la même mésaventure arrive au PSG et Montpellier. Ce qui n’est pas impossible. Le club de Laurent Nicollin (4V) est dans une dynamique de victoires et essaie d’apprendre la philosophie des vainqueurs : Rendre normal ce qui est anormal. 22 matches, 22 victoires. Ce que Lyon pratique depuis plusieurs années (4V).
L’OM apprend à regarder son calendrier et ses amis (1N, 3D). Albi (0V, 0N, 4D) risque de maudire le championnat du monde des U20 avec deux joueuses essentielles qui vont partir au moment où elles seraient nécessaires. Saint-Etienne (1V, 1N, 2D) et Guingamp (2V, 2D) se disent que l’année pourrait ne pas être si mauvaise, suivie de Soyaux (1V, 1N, 2D), qui respire mieux après le coup de bambou lyonnais. Le FC Metz attend des jours meilleurs (4D). L’automne et l’hiver sont des saisons maitrisées dans l’Est de la France. Enfin, Rodez a « la tête dans le sac » comme après une soirée de jeunes trop arrosée (1V, 2N, 1D ; mais un 0-10 à domicile). Devrait se réveiller. Les aveyronnais ont des recettes miracle pour éviter la gueule de bois.
La belle surprise vient de deux buteuses : Corine Petit et Camille Catala
Corine Petit met deux buts face au Girondins de Bordeaux. Corine Petit est une des seules joueuses qui pourrait jouer avec les garçons, non pas que son physique soit masculin -loin s’en faut-, non pas que sa technique soit exceptionnelle, tout simplement car elle en a la mentalité et les qualités psychologiques. C’est la seule fille qui est capable, à la manière d’un Marius Trésor ou d’un Christian Lopez pour les plus anciens, à aller chercher un tacle du bout du pied pour intercepter une profondeur que son attaquante aura cherché.
Elle lit le jeu et je suis certain qu’elle adore ce geste qui pourrait être considéré comme sa marque de fabrique défensive.
C’est aussi la seule fille qui, défenseur, vous met des buts en reprise de volée ou à des moments exceptionnels dans des situation inattendues. Son envie est totalement maitrisée, le geste suit. Reprise. But.
Ce n’est pas de la perfection technique, c’est de la perfection « performante ». Cette fille est une compétitrice ! Si elle voit l’occasion, elle ne pensera qu’à l’espace qu’elle a vu et adaptera tous ses gestes pour que la finalité soit certaine : le but.
C’est rare en football féminin, très rare. Souvent le geste est emporté par l’émotion. Pas chez elle.
Cela donne des superbes buts. Pourtant elle a 33 ans. Elle signe d’année en année à l’Olympique Lyonnais. C’est pas rien comme club. Ils ont d’autres choses à faire que de prendre des joueuses pour les prendre. Elle est là. Stylo en mains. Et signe en bas de la feuille que les autres lui ont réservé.
Ils ont raison. Cette fille, qui possède des diplômes importants en coiffure, rase la tête à plus d’une gardienne. Son compteur en Equipe de France s’est arrêté à 89 sélections. Si vous cherchez de la taille et du mental. Prenez-là. La meilleure joueuse du dernier Mondial, Carli Lloyd avait 33 ans. Corine Petit est pour moi, américaine dans l’âme.
Camille Catala, plus exigeante qu’elle. Pas possible.
Camille Catala a mis quatre buts contre Rodez. Elle est à égalité de buts avec Ada Hegerberg et Eugénie Le Sommer, chacune déjà élue meilleure buteuse du championnat de France. La joueuse, plus de Juvisy maintenant, qu’elle n’est de Saint-Etienne, a déjà 10 années de D1F dans la jambes à 25 ans. Si vous la voyez, vous ne pouvez pas la rater. Elle sourit tout le temps. Dîtes-moi quand elle arrête de sourire ? Cette fille a été biberonnée au lait du bonheur et du positif.
Et pourtant.
Plus exigeante qu’elle. Impossible. Elle cherche toujours à s’améliorer, à aller plus loin. A aller plus vite. Elle a commencé tard le football féminin (15 ans) et ses qualités de vitesse comme d’anticipation (Athlétisme et tennis) lui ont donné des capacités incroyables pour qu’elle soit, immédiatement repérée.
Elle a su transformer et améliorer ses qualités de telle manière qu’on ne puisse être que surpris d’apprendre qu’elle a commencé le football si tard. Une seule réponse. Non plusieurs : d’abord faire un diagnostic personnel juste et précis. Sans état d’âme et avec le sourire. Puis la volonté de s’améliorer et de le réussir. Et enfin, de le faire.
C’est très rare, tout genre confondu et tout sport confondu. Cette fille est née sportive de Haut niveau. Femme d’exigence sans être exigeante avec les autres. Cela doit être une religion.
Quand en plus vous mettez, au niveau cérébral, la capacité de communiquer sur des situations de fait en sachant déterminer le module « causes-effets » ; vous vous dîtes qu’il suffirait d’un rien pour qu’elle soit au plus haut niveau européen. Juste que le diagnostic soit juste. Après, il faut la laisser faire, elle connaît la machine. Sa machine.
Elle a mis quatre buts dimanche à Rodez. Plus tôt dans la saison, son compteur avait été déjà ouvert. Elle a, à chaque fois, ouvert la marque pour son club empêchant là toutes sortes de questions qui sont autant d’obstacles chez les filles. Essentiel dans une équipe.
Bon, à mon avis, elle va faire une saison d’enfer.
Bizarrement, elle a très peu marqué en équipe de France. Il faudrait voir pourquoi ? Remarquez, ces sélections (23) se sont arrêtées sur un match, face à Montpellier je crois, où elle s’était cassée des vertèbres, à Bondoufle. En ce temps là, j’étais souvent à Bondoufle. Elle n’a rien dit.
Depuis, elle a travaillé. Une période sans équipe de France. Elle a continué à travailler, avec le sourire. Elle s’est physiquement transformée.
A 25 ans, cette fille a du Nadine Kessler dans la tête. Ce n’est pas pour rien qu’elle est Professeure des Ecoles. Les gamins et gamines s’en souviendront, c’est sûr. Au quotidien, certainement, pas loin d’être « un gant de velours dans une main de fer ».
A voir. A mon avis, à voir.
William Commegrain lesfeminines.fr
Source pour Camille Catala. Article Syanie Dalmat.