Un match important pour les deux clubs
S’il y a bien un match qui a un lien avec l’Equipe de France dans cette 3è journée de D1F, c’est certainement cette rencontre entre l’Ol et l’ex-Juvisy. Il aurait été un temps (2010-2013) où seule l’affiche de la rencontre aurait fait déplacer les parisiens et parisiennes dans le Rhône, dans l’espoir d’une victoire tout à fait possible et que l’histoire et la force de l’OL ont rendu impossible.
Aujourd’hui, insérée dans un double projet qui n’en est pas tout le temps un, avec ce costume de l’amateur et le quotidien du professionnelle, les filles de l’Essonne sont tout juste en train de se construire une nouvelle image avec ses nouvelles couleurs du Paris FC. Il est prématuré de croire en la possibilité d’un exploit au Groupama, même si les couleurs lyonnaises sont encore nouvelles, sous la baguette de Reynald Pedros (2 victoires, 12 buts marqués, aucun but d’encaissé), que Montpellier carbure pour l’instant plus vite (1er du championnat, 15 buts de marqués) et que le Paris Fc (3è) les suit avec le même nombre de points mais deux buts d’encaissés pour sept de marqués.
A l’inverse, le résultat de cette rencontre donnera une indication sérieuse sur les forces des deux équipes. L’Olympique Lyonnais et sa course vers son 12è titre consécutif à la manière d’un Usan Bolt en pleine force ou le Paris FC, revenu de loin, et porteur d’une nouvelle performance à la manière d’un Justin Gatlin, champion du monde 2017, repoussant la star jamaïcaine à la 3è place du podium mondial 2017.
Un match essentiel pour une Gaetane Thiney en Bleu
Si la performance parisienne ne peut pas être anticipée, la prestation de Gaetane Thiney, capitaine des parisiennes, internationale aux 141 sélections va avoir un véritable sens au regard de la nouvelle stratégie de Corinne Diacre, qui ne l’a pas appelée en Equipe de France lors de sa première sélection, après pourtant quatre buts de marqués en deux journées, dont un triplé et une passe décisive.
Les matches où elle pourra être jugée à la hauteur de l’ambition d’une finale mondiale en 2019 ne sont pas légions. Pour l’instant, ils sont potentiellement au nombre de six. Face à Montpellier, à l’OL et au PSG même si, pour ce dernier, vice-championne d’Europe 2017, cette saison qui s’annonce risque d’être compliquée. A la recherche d’une sérénité, ne serait-ce que pour trouver un stade où jouer.
Que fera la parisienne ? Comment a-t-elle appréciée ce choix de l’ancienne adjointe de Bruno Bini envers les centenaires de l’Equipe de France qui l’ont bien connu en 2007-2013 ? Comment ont-elles perçues ce nouveau message de la sélectionneuse, reconduit avec le retrait du capitanat à Wendie Renard et l’appréciation de la qualité de sa prestation pour celle qui a été élue dans les dix meilleures joueuses FIFA de l’année 2017 ? Comment a-t-elle ressentie et quel regard porte-t-elle sur ce nouveau message et cette présence des jeunes en Equipe de France, donnant le sentiment d’un « redoublement » pour les joueuses reconduites, tant la « classe France » parait nouvelle en la voyant et en l’entendant ?
Corinne Diacre, certainement présente, aura la réponse.
Soit elle décide de faire une rencontre sans lui donner plus d’importance qu’elle en a, en sachant néanmoins qu’il s’agit de l’OL et, de son équipe plus qu’elle, et on verra le résultat au final. Soit elle décide d’imprégner cette rencontre d’une volonté de performance pour marquer le coup et imposer un niveau de performance, quand bien même son équipe aurait des difficultés face au Champion d’Europe, sachant que les occasions d’être mesurée au très haut niveau seront rares.
Soit elle laisse à Corinne Diacre le soin de décider, soit elle lui montre qu’elle doit décider.
Que veut d’ailleurs la sélectionneuse ? C’est difficile de le savoir avec précision. Est-ce une guerre face aux joueuses d’expérience, responsables du palmarès vierge de l’Equipe de France ou est-ce juste, pour leur redonner le goût d’aller plus loin, elles qui ont voyagé partout dans le monde à faire des performances comme des contre performances. Le sac à émotions et ambitions n’est-il pas déjà plein ?
En effet, les joueuses ont tout si on compare à avant 2011. En l’espace de six ans, leurs vies a totalement changé. Elles disposent toutes d’une rémunération très conséquente, d’un niveau de vie CSP+, d’économies et de placements immobiliers acquits par leur pratique sportive. Sans parler de la notoriété et de leur identité. On pourrait donc penser qu’il est difficile d’aller chercher quelque chose de plus quand les jeunes qui n’ont rien, appuient fortement sur l’accélérateur pour avoir la place qui leur permettra, dans le futur, d’avoir autant voire plus.
Sauf que c’est la Coupe du Monde et qu’elle se joue, seulement, dans deux ans et en France.
De toutes ces filles d’expérience, qu’elle est celle qui se fiche du fait qu’elle se joue en France ? Une forme d’apothéose à vivre devant sa famille. Une sortie potentielle à la Zidane en 2006.
C’est toute la force de la position de Corinne Diacre qui pourrait porter ces mots. « N’oubliez pas, elle se joue chez nous. Alors, laissez-moi oublier le passé et donnez-moi envie de vous prendre sur vos performances d’aujourd’hui et votre potentiel de 2019 ». Le match de Gaetane Thiney sera une réponse à cette nouvelle position.
Sans oublier, qu’aucune autre joueuse n’aura été autant bousculée ces trois dernières années pour réaliser sa performance.
Incroyable, le contexte récent de Gaetane Thiney avec les Bleues. Entre les commentaires et le vécu du Mondial 2015 ; entre la non-sélection de l’année 2016 avec Philippe Bergerôo ; entre les difficultés de son club de Juvisy en 2017, au bord du chaos ; et maintenant avec la stratégie de « jeunisme » de Corinne Diacre ; aucune autre joueuse internationale française n’aura dû autant se battre pour porter le maillot Bleu. Aucune autre, et pour elle, avec philosophie.
Peut-être trop d’ailleurs. Mais on se protège comme on peut. La colère est, des fois, bonne conseillère.
William Commegrain lesfeminines.fr