Que reste-t-il trois jours après la défaite la plus lourde en championnat des dix dernières années entre le Paris Saint Germain et l’Olympique Lyonnais. (6-1) au Groupama Stadium devant un peu plus de 13.000 spectateurs (13.497), là où les exploits parisiens se sont faits (Gerland).
Que reste-t-il ? Le vide d’une équipe, sans âme sur ce terrain, montrant ce qui aurait dû être un combat, en une galéjade d’un face à face au goût annoncé de Prémium. Laissant à tous, le sens de l’inachevé, même si les supporters lyonnais, comme tous supporters, ne retenaient que la balade lyonnaise (6-1) et le score dantesque que le tableau d’affichage, rouge et bleu de plaisir, faisait exploser de luminosité, dans ce ciel lyonnais, qui chantait son bonheur de l’effondrement parisien.
Comment un tel drame pour le football féminin s’est-il passé ? Un drame, quand les joueuses, à la fin de la rencontre, sont entrées directement dans les vestiaires immenses et froids qui aura un goût amer.
Un match qu’il fallait imposer à son entourage. En prime time sur la chaîne du football national (Canal+), tombant arguments et arguments pour que la chaîne 4 soit choisie, quand TF1 proposait le film du dimanche soir par excellence (12 millions de spectateurs en salles), « Qu’est-ce-qu’on a fait au Bon Dieu ? ».
Idéal pour faire sourire les trois générations des familles françaises sur des thèmes fondateurs entre idées toutes faites, jeunesses qui avancent à leurs manières et frottement amical des générations.
Bilan : 5.7 millions pour TF1, un peu plus de 500.000 sont restés sur le football féminin. Alors, oui, un drame en quelque sorte.
Un environnement
Dans l’histoire récente entre les deux clubs, là où le PSG est très proche de l’OL, l’environnement a toujours été un facteur qui a eu son rôle à jouer dans les résultats. C’est ainsi depuis un certain temps et on se demande pour quelles raisons le Paris Saint Germain ne l’a pas anticipé ?
Un peu « fleur bleue » pour cette rencontre, qui joue le titre au simple fait du principe du « goal average » particulier qui oblige des résultats très serrés pour laisser la place au retour. Là, les buts se sont ajoutés les uns après les autres.
1-0 Catarina MACARIO 15′ s.p. (Faute de Ilestedt sur Macário à l’entrée de la surface dans l’axe. Penalty frappé du droit sur la droite de Macário. Votíkóva est trop juste pour aller le chercher)
2-0 Daniëlle VAN DE DONK 18′ (Bacha lancée à gauche par Henry qui s’avance à l’angle de la surface et enroule un centre qui arrive aux 6 m que van de Donk dévie légèrement du droit en devançant Dudek)
3-0 Melvine MALARD 53′ (Corner de Bacha côté droit qui arrive au premier poteau. Henry et Egurrola s’effacent et Malard du dos à 5 m dévie dans le but)
4-0 Damaris EGURROLA 59′ (Corner de Macário côté gauche qui trouve Egurrola au second poteau qui arrive élancée pour catapulter le ballon de 6 m)
4-1 Amanda ILESTEDT 75′ (Corner côté droit de Däbritz que Ilestedt dévie au premier poteau d’une tête décroisée en sautant plus haut que tout le monde)
5-0 Ada HEGERBERG 79′ (Carpenter déborde à droite et centre devant le but. Ilestedt manque le ballon qui arrive sur Hegerberg qui contrôle au second poteau et à 7 m frappe du gauche entre les jambes de De Almeida et au ras du poteau droit de la gardienne)
6-1 Ada HEGERBERG 82′ (Morroni sert côté gauche qui délivre un long centre, lobant la gardienne, et Hegerberg de la tête au second poteau à 2 m conclut) source footofeminin.fr
Avec un 6-1, c’est une autoroute qui s’est ouverte pour les lyonnaises. Il faudrait une défaite et au moins un nul de plus que le PSG pour que la première place soit disputée au retour dans une confrontation à venir pour la 21e journée (21 mai 2022).
N’attendez pas une seconde la moindre larme lyonnaise devant cette situation qui va obliger les commentateurs à aller chercher dans le Petit Robert, une liste de synonymes pour donner de la couleur et du sens à un championnat quasiment délivré. Dans ces accolades des lyonnaises, il n’y avait que du bonheur et du plaisir d’avoir écrasé l’adversaire.
Ne cherchez aucune humanité, les sportives de haut niveau ont le goût du sang. Et quand le repas est bon, elles se délectent du plaisir de réduire à néant l’adversaire.
Quel environnement ?
Sur le terrain
J’aimerais savoir par quelle intelligence on a trouvé que confier l’arbitrage à un trio d’arbitres féminins portugais fait de Sílvia Andreia Rosa Domingos (Portugal) assistée de Andreia Catarina Ferreira Sousa (Portugal) et Cátia Alexandra Graça Tavares (Portugal) avait un sens compétitif pour le match qui devait être celui de l’aller du titre du championnat de France ?
Le Portugal est 30e au classement FIFA. Son championnat est fait de huit équipes dont l’UEFA n’indique que la moitié des noms. Les autres lui étant inconnues. Il va falloir des arguments à la FFF quand même.
Première division portugaise féminine – Groupes | Championnats nationaux féminins | UEFA.com
Non pas que l’arbitre centrale Sílvia Andreia Rosa Domingos (Portugal) ait été particulièrement mauvaise mais, comme dans tout match, elle a dû interpréter des faits de jeu et il eut été de bonne grâce qu’on n’est pas à parier sur son talent mais avoir la garantie d’une expérience d’un tel enjeu. Le championnat méritait cette certitude.
Je ne vois pas comment la charge de Malard sur Ilestedt n’est pas une faute ? C’est une percussion directe sur une joueuse qui est sur le ballon autant que l’excellente Melvine Malard. Trois jours après, je ne vois pas. Ce qui enclenche la seconde discussion de l’exclusion d’Ashley Lawrence, plus pardonnable à mon sens, pris par la vitesse du jeu et la règle du dernier défenseur.
A retenir d’ailleurs que la suédoise restera KO quelques minutes quand Malard passe ce moment, comme un bœuf. Jamais vu une joueuse tenir sur ses jambes, garder sa vitesse, après un tel choc ! … Une forme olympique qu’elle, Carpentier et Bacha, ont eu toute la rencontre.
Hors du terrain
Il faudra s’interroger sur la sortie médiatique de cette affaire, au lendemain du match de Coupe d’Europe réussi par le Paris Saint Germain, annonçant une garde à vue d’Aminata Diallo, repris par le monde entier, quatre jours avant une rencontre essentielle alors que le fait remonte à une semaine, connu des habitués et dirigeants de la FFF. Une belle exposition émotionnelle quand le football féminin n’a droit qu’à quelques lignes bien symboliques d’habitude.
Il faudra s’interroger sur un renouvellement de garde à vue dont on cherche les raisons au résultat final (sortie sans souci d’Aminata Diallo se demandant ce qu’elle fait dans cette histoire) et les infos privilégiées qui étaient livrées çi et là.
Il faudra s’interroger sur le fait que la joueuse n’ait pas joué, au simple fait d’une garde à vue. Un mot qui fait peur aux anciens mais que tous les jeunes des cités, qui ne sont pas nées, une « cuillère en or » dans la bouche, ont entendu mille fois dans leur jeune histoire. Celle d’un voisin, d’un ancien camarade de classe, de quelqu’un du quartier, de l’école. Dans l’histoire des raps qu’elles aiment chanter et écouter. Je ne vois pas comment une garde à vue déstabilise une joueuse de vingt six ans aujourd’hui. Au contraire, on peut penser qu’elle ne désire qu’une chose, montrer au monde l’injustice de son sentiment et produire une excellente prestation.
Les joueuses du Paris Saint Germain
Il manquait à l’Ol Wendie Renard, Griedge MBock, Amel Majri et Ada Hegerberg. Et à la fin, le match se termine par (6-1) pour les lyonnaises.
Le jeu proposé par les joueuses a été d’une faiblesse dramatique. Si la partie est faite et le résultat entériné, il va falloir que ces joueuses comprennent et apprennent que la vie réserve plus d’une fois des obstacles insurmontables, en dehors du terrain. Et qu’il faut être présent dans ces moments là.
On a eu tous, des personnes tapées par un parcours incroyable. Elles ont mille fois fait plus facilement face à ce qui s’opposait à eux. Honnêtement, si ce résultat doit leur apprendre quelque chose. Elles ont encore beaucoup à démontrer dans leur vie.
L’Olympique Lyonnais, ne rate pas la porte qui s’ouvre !
Ne soyez jamais amis ou amies avec une joueuse de haut niveau. Il y a chez ces gens là la culture de la violence qu’elles se font pour gagner. Demain, elles seront en équipe de France ou ailleurs. Demain, elles se feront la bise, rigoleront. Mais à tout moment, si elles doivent t’écraser, elles le feront.
L’Olympique Lyonnais a joué pour écraser. Si elles avaient pu en mettre dix, elles l’auraient fait sans souci.
Et l’excellence de la chose : Sonia Bompastor et ses adjoints avaient très bien cerné les failles dans le jeu défensif des parisiennes. Une Sandy Baltimore qui ne peut pas suivre les attaques de l’australienne, sa latérale, Carpenter. Chargée comme jamais, déboulant comme un trois-quart sur le côté droit. Impressionnante. Une Salma Bacha qui joue à la place d’une Majri, avec la vivacité d’un pied gauche qui devrait lui ouvrir la porte des Bleues. La vitesse d’une Melvine Malard dont on a pu être étonné de la puissance physique, au front de l’attaque.
Il a suffit de ces trois joueuses, à la motivation explosive, dont un comique aurait écrit le danger d’un pet qui les auraient mis directement en direction de la lune, pour que le PSG explose.
On oubliera vite cette histoire, 100% gagnante pour l’Olympique Lyonnais avec le doublé d’Ada Hegerberg comme potion magique pour le futur proche de la joueuse et du club. Plus de 18 mois sans marquer ni jouer. L’Histoire est belle et quand l’histoire se marie avec l’OL, c’est un mariage qui dure.
C’était un des dangers de ce match et le PSG maintenant, a les pieds dans une forme de marécage.
Quand tu joues l’Ol, tu joues avec son environnement. Soit tu ne le sais pas et tu l’apprends, soit tu le sais et tu l’anticipes ou tu l’acceptes.
Je prendrais bien une deuxième ou une troisième place, moi ! Voilà peut-être la finalité de cette histoire pour Paris.
A espérer que cela leur convienne. Sinon, on est dans l’erreur.
William Commegrain Lesfeminines.fr
Lyon
1-Christiane Endler (cap.) ; 12-Ellie Carpenter, 21-Kadeisha Buchanan, 6-Amandine Henry, 5-Perle Morroni ; 13-Catarina Macário (29-Griedge Mbock 66′), 11-Damaris Egurrola, 17-Daniëlle van de Donk (9-Ada Hegerberg 74′) ; 20-Delphine Cascarino (19-Emelyne Laurent 74′), 28-Melvine Malard (24-Signe Bruun 66′), 4-Selma Bacha (23-Janice Cayman 57′). Entr.: Sonia Bompastor
Non utilisées : 40-Emma Holmgren (G), 31-Laurine Baga
PSG
30-Barbora Votíkóva ; 12-Ashley Lawrence, 15-Amanda Ilestedt, 4-Paulina Dudek, 7-Sakina Karchaoui (19-Estelle Cascarino 60′) ; 8-Grace Geyoro (cap.), 5-Élisa De Almeida, 13-Sara Däbritz (18-Laurina Fazer 76′) ; 11-Kadidiatou Diani (27-Léa Khélifi 75′), 9-Marie-Antoinette Katoto (23-Jordyn Huitema 75′), 21-Sandy Baltimore (10-Ramona Bachmann 46′). Entr.: Didier Ollé-Nicolle
Non utilisées : 1-Stephanie Labbé (G), 17-Celin Bizet Ildhusøy