L’Olympique de Marseille a amené son nom à la D1F, c’est loin d’être négligeable et les joueuses olympiennes, même les plus expérimentées, ont dû l’apprendre et l’assimiler. Attendues à chaque rencontre et très médiatisées. D’un autre côté, moins connu, Christophe Parra, son coach, au club depuis cinq saisons, a apporté sa compétence à la création de la section féminine.
Les deux pourraient être « l’Eau » et « le Feu ».
De manière surprenante, je vous propose que « l’Eau » soit attribuée à l’Olympique de Marseille qui laisse les marseillaises s’installer dans cette D1F ne faisant pas subir les interrogations d’une nouvelle équipe dirigeante sous le capital de Franck McCourt et que le « Feu » soit attribué à son coach, Christophe Parra, qui patiemment, installe une chaleur de performances féminines (« solidarité, soif d’apprendre, Victoires »), au sein de la Maison Olympienne.
Cette saison, il est là pour apprendre. Rapidement (« Observer, sans rester dans l’observation »). Sachant très bien qu’un feu se surveille et qu’il est à l’écoute de chacune des braises olympiennes (joueuses) qu’il a soigneusement choisies afin que cette performance se réalise, dans le cadre de l’objectif qu’ils se sont fixés : le maintien.
Après réflexion, dans cette période ouverte de recrutement, il ne mettra pas de nouvelles bûches dans son foyer, estimant que l’objectif du maintien peut être atteint avec les ingrédients qu’il a peaufiné pour son foyer et qui a fait ses preuves.
Est-ce de la modestie ? Non, c’est de la raison.
Comme dans quelques années, après cet apprentissage, il sera raisonnable que l’Olympique de Marseille soit prêt à faire un foyer bien plus conséquent, d’une bien autre dimension, à l’image des couleurs du Club. « Flamboyantes ! ».
A mon avis dans quatre ans, au plus.
Lesféminines.fr Comment avez-vous vécu cette première partie de saison pour l’OM dont c’était la découverte de l’élite féminine ?
Christophe Parra (OM) . On savait qu’on allait avoir un calendrier très compliqué. Cela a été le cas car on a joué très rapidement les meilleures équipes. On s’est déplacé avec beaucoup de matches à l’extérieur et on savait que tout cela allait générer des choses compliquées avec un groupe hétérogène avec l’âge. On savait que cela mettrait du temps pour trouver un rythme de croisière.
On a su être patient et se réfugier derrière le travail même si certaines personnes n’aiment pas trop cela car c’est un peu basique comme réponse. Je pense que c’est quand même la recette associée à la volonté du groupe de faire face, d’être solidaire, de faire le dos rond dans les moments difficiles avec une fin de mi-saison et une série de trois victoires qui nous a permis de nous replacer dans le coeur du championnat. Après on est très loin de se gargariser de cette place à la trêve. On sait que l’on peut avoir des échéances compliquées. On reste bien les deux pieds sur terre et la tête sur les épaules. On est très loin d’avoir réalisé notre objectif qui est le maintien.
Lesfeminines.fr C’est difficile en D1 féminine de conserver cette solidarité malgré les épreuves, car elles sont nombreuses notamment pour les clubs qui montent. Quelle est la recette pour créer cette solidarité à part le travail ?
Christophe Parra (OM) Ce serait un peu présomptueux de parler de recettes. On sait que la section féminine a été créée cinq ou six saisons en arrière et on a réussi à créer, dès le départ, des raisons de privilégier les collaborateurs qui soient actifs dans un projet et qui soient capables de représenter un club avec des devoirs, beaucoup de valeurs et de permettre à une collaboratrice de développer le projet et surtout à respecter un état d’esprit, dans le travail, dans les comportements et dans les attitudes.
Lesfeminines.fr Est-ce que vous sentez – qu’à la différence de la D2 où on gagne beaucoup de matches – alors qu’en D1, on en perd beaucoup et qu’il faut gagner les bons, que c’est une affaire de détails ou l’expérience est la réponse ?
Christophe Parra (OM). Sur le plan sportif, quels que soient les sports, à chaque fois que l’on accède à un niveau supérieur, les attitudes et les soucis du détail font souvent la différence. C’est ce que l’on a pu constater en début de saison où malheureusement, on n’est pas arrivé à glaner des points souvent perdus avec un manque de concentration et d’attention sur pas mal de matches. Avec le travail, associé au très bon état d’esprit individuel et collectif, on a réussi à gommer quelques erreurs individuelles que l’on commettait au départ comme à être plus performant sur le plan offensif et surtout à s’adapter au plus haut niveau, que j’ai découvert et que l’on a tous découvert avec ce collectif là.
Sur le plan humain, sans parler de recettes, on a essayé de continuer, comme auparavant, à mettre en avant l’état d’esprit, l’abnégation et la volonté de s’identifier à un projet et à un club. Je ne sais pas si on a réussi, on verra cela à la fin de la saison. Je crois que c’est trop tôt mais même quand on a été dans la difficulté, on a jamais lâché et on a toujours redoublé d’investissements et de travail.
Lesfeminines.fr Il y a eu cette victoire contre Juvisy (2-1) qui a suivi une défaite lourde face à Guingamp (0-4) après une longue période sans match. Quel est l’apport des joueuses d’expérience pour la dynamique de groupe ? Est-ce qu’il existe une alchimie ?
Christophe Parra (OM). L’alchimie à prendre, c’est la situation adaptative du comportement au cours d’épreuves répétées qui ont des similitudes. A un moment donné c’est franchir un palier et arriver collectivement à être conscient des erreurs que l’on peut commettre, à force de travail, d’explications, de séances vidéo, de travail sur le terrain et avec beaucoup d’écoutes. On a abordé ce match face à Juvisy qui était pour nous capital (11è et premier relégable). On savait que cela allait être très compliqué et sur le papier, peu de personnes voyaient une victoire. En se disant que l’on n’avait rien à perdre et qu’à un moment donné, il fallait aussi se lâcher pour sortir d’une telle spirale. Il fallait que psychologiquement, le groupe, lorsqu’il rentre sur le terrain ne soit pas envahi par la peur de perdre, de faire des erreurs, de mal faire et l’apport de ces filles d’expérience qui ont connu le niveau international, des grands clubs et la D1F ont permis d’aider le groupe à franchir un palier et être conscient de ses capacités sur le plan individuel et collectif.
Lesfeminines.fr Je vous ai vu sur des images lors du dernier match saluer les joueuses avec une forme de sérénité sans être de la certitude. Comment voyez-vous cette deuxième partie de saison ?
On reste confiné dans nos objectifs. Le maintien. Objectif de travail que l’on a fixé et que l’on a fait évoluer au fil de la saison. On sait très bien que l’on va rencontrer des difficultés, des périodes où on va être dans le dur. ce n’est pas parce que nous avons enchaîné trois victoires d’affilée. On va rester les pieds sur terre. Il est important de savoir pourquoi on a réussi à enchaîner trois victoires ? Quels sont les éléments sportifs et mentaux qui nous ont permis de nous inscrire dans cette dynamique-là. C’est de bien poser tout cela et de savoir ce que l’on peut améliorer et de surtout de ne pas croire que tout est arrivé et qu’il suffît d’entrer sur le terrain pour gagner un match de football.
On repart sur un nouveau championnat après une trêve et on est dans l’expectatif avec des convictions mais surtout pas de certitudes. Qu’est-ce qui a permis de sortir de cette spirale-là ? Et de pouvoir les travailler sur des séances d’entraînements.
Lesfeminines.fr Cela doit être passionnant avec des échéances qui arrivent et la réalité du terrain. Je trouve que cette D1F est passionnante quand on l’attaque à partir du milieu du classement, avec des classements serrés. Vous rencontrez Montpellier en Coupe de France ce week-end. Comment voyez-vous cette rencontre ?
Christophe Parra (OM). On reçoit également Rodez le week-end d’après. Donc, ce match de Coupe de France est très important car il va nous permettre de remettre la machine en route et de préparer la réception de Rodez qui est pour moi l’objectif majeur des jours à venir.
Lesfeminines.fr Avec l’Olympique de Marseille, j’ai trouvé que l’on vous chargeait un peu de trop .. ?
Christophe Parra (OM). Merci. On le sait. Lorsqu’on habite Marseille et ses environs. Lorsque l’on est supporter de Marseille, on sait très bien les attentes nombreuses qui sont fixées au Club et à ses équipes. On le connait depuis cinq ans. Lorsque l’on a démarré en district, tous les dimanches, c’était des combats. Des clubs qui nous attendaient et qui voyaient la création d’une section féminine avec une équipe très largement au-dessus.
Cette approche, on l’a connue toutes les saisons et on savait très bien qu’en accédant à la D1F, cela allait être amplifié. On s’est pas trompé. Cela a été le cas.
Contre Paris (1-0), je me souviens, cela a été le match de l’année. Enormément de journalistes, énormément d’attentes. On était quand même une équipe jeune à ce niveau, une équipe novice, un entraîneur novice et porter les couleurs d’un grand club ne suffit pas à gagner les matches. C’est sûr que c’est compliqué quand tu as de jeunes joueuses, de nouvelles joueuses. C’est tout un tas de paramètres à assimiler et cela a même surpris celles qui avaient connu les grands clubs mais qui n’ont pas connu ce qui existe autour de ce club.
Cela s’apprend. Cela s’assimile et il faut aussi du temps. Et le temps, on ne nous en laisse pas beaucoup.
Lesfeminines.fr Surtout dans un championnat à douze. C’est la grande difficulté de ce championnat où on n’a que quelques matches pour réussir ou échouer.
Christophe Parra (OM). On veut apprendre certes, mais il faut surtout apprendre vite et s’adapter très vite. C’est un championnat compliqué avec des équipes qui survolent le championnat et d’autres qui sont à la lutte pour le maintien. Il n’y a pas de temps à perdre. C’est important de s’adapter et de vite observer en ne restant pas dans l’observation. On dit souvent qu’il faut plutôt être dans l’action que dans la réaction. Malheureusement, par moments, il est compliqué de faire autrement et je pense que l’on a réagi assez positivement car le départ a été compliqué mais on le savait.
Lesfeminines.fr Est-ce que l’Olympique de Marseille va se renforcer ? C’est toujours difficile d’aller chercher des gens dans un groupe qui s’est constitué avec une dynamique. Néanmoins, il y a cette opportunité jusqu’au 31 janvier. Ce maintien qui est toujours une interrogation. Est-ce que cela ouvre quand même la porte a une réflexion extérieure ?
Christophe Parra (OM). Une réflexion pour essayer d’améliorer un groupe sportif, c’est toujours intéressant ; mais aussi, de faire confiance à un groupe actuel choisi dans un début de saison pour atteindre un objectif clair et net qui était le maintien dans l’élite. On a essayé de bien réfléchir dans la construction du groupe avec des joueuses expérimentées, des plus jeunes, des anciennes, des nouvelles. On y a passé beaucoup de temps pour associer ces profils-là. je pense qu’à mi-parcours, on peut être que positif de l’évolution et surtout de la progression du groupe.
Aujourd’hui la confiance est faite à ce groupe-là.
Après, loin de moi toute forme d’être présomptueux. Loin de là. J’ai les deux pieds sur terre et la tête sur les épaules. Il faut continuer à progresser et à être investi de la même dynamique et de la même volonté d’apprendre.
Lesfeminines.fr Ce mannequin challenge ? Comment cela s’organise. Cela demande du temps ! Qui a eu l’idée ? cela montre aussi une dynamique de groupe ! Que s’est-il passé pour que l’OM féminin fasse un Mannequin challenge ?
Christophe Parra (OM). Il y a l’avantage de travailler dans un grand club avec des services, notamment en termes de communication, qui nous aident beaucoup. L’idée m’ a été suggérée par le Club et naturellement, on a trouvé cela très intéressant après une épreuve sportive dynamique avec beaucoup de joies et de sourires et cela était intéressant de permettre aux filles de se prêter à ce jeu là et de voir les filles sortir du cadre purement sportif et de préparer autre chose qu’un match de football et des séances d’entraînement.
Lesféminines.fr Si vous devriez résumer l’Olympique Féminin en trois mots ? Que diriez-vous ?
Christophe Parra (OM). Je dirais : solidarité, soif d’apprendre et victoires.
Nous avons eu ensuite une discussion sur la formation des joueuses, parlant d’un triple projet et de son importance.
Merci Christophe Parra. A bientôt.
William Commegrain lesféminines.fr