L’interview que donne Alex Morgan à Abby Wambach sur la chaîne radiophonique de l’ESPN est assez impressionnante pour un européen.
Abby Wambach, la grande soeur interroge Alex Morgan
En dehors du simple fait que l’on découvre l’influence et le respect que peut avoir Alex Morgan, 27 ans, pour son aînée, Abby Wambach (35 ans) qui, on le rappelle, détient le record mondial, hommes et femmes confondues, du nombre de buts marqués en sélection (184 buts pour 255 matches), il y a comme une relation « petite soeur » vers « une grande soeur ».
L’ex-star américaine, qui a arrêté la compétition sur la victoire historique de la Coupe du Monde 2015, interpelle la future lyonnaise (120 sélections, 73 buts) sur ses choix, notamment sur l’idée de quitter les Etats-Unis pour aller jouer, ailleurs, au-delà de la mer. En Europe. Engagée pour 6 mois, jusqu’au 1er Juin 2017, jour de la finale de la Women’s Champions League 2017 qui se jouera au Cardiff City Stadium, voire plus, si affinités et opportunités.
Ce n’est pas un jugement qu’elle veut porter, mais elle est un peu « comme ces grandes soeurs » qui veulent mesurer la décision de leur cadette, prête à s’envoler pour l’autre bout du monde. Là, l’Europe. La France. Seulement six mois !
Quand même. « Stars and stripes » un jour. « Stars and Stripes » toujours ! Un jour ? Non, une minute suffit visiblement !
Le patriotisme américain est à, dans, chaque émotion d’Alex Morgan !
Dans les vingt premières minutes, l’avant-centre qui va quitter Orlando pour faire une pige avec l’OL (fin de la saison), doit s’expliquer sur le fait qu’elle n’en a pas fait une affaire de « business » en argumentant sur des possibilités financières de Manchester City, Chelsea et allemandes bien supérieures à celles de Jean Michel Aulas qui sont déjà, totalement faramineuses par rapport à l’échelle des salaires, non pas français, mais plus encore lyonnais, déjà bien supérieurs à ceux du PSG.
Ensuite, c’est de conforter ses fans (2 millions 790 sur twitter et plus de 3 millions sur facebook) sur sa volonté de vouloir continuer à développer son sport aux Etats-Unis en les sécurisant sur son retour rapide
Une décision qui coûte en émotions
Dans cette lettre ouverte qu’elle publie ici sur « the players tribune », elle nous montre à quel point elle est jeune et incertaine dans sa décision : en laissant son mari à Orlando, son chien, le futur stade de son club Orlando dont elle manquera l’ouverture ainsi que le début de sa saison américaine, de ne pas pouvoir aider l’équipe nationale américaine qui doit redorer un blason terni avec l’élimination en quart de finale des Jo de Rio, alors que les « stars and stripes » avaient reçu quatre médailles d’Or et une d’argent pour les cinq olympiades du football féminin.
Voilà, les interrogations de la joueuse américaine. C’est une surprise de trouver cette émotion, pour une jeune femme de 27 ans, professionnelle de football, qui a voyagé sur tous les continents, pour défendre les couleurs américaines.
C’est avec ces mots que l’on comprend la différence avec le football masculin qui fait bouger, tous les six mois, un nombre incalculable de joueurs à travers le monde.
Ce qui intéresse les joueuses, c’est de s’améliorer.
Alors, ne laissons pas Jean-Michel Aulas nous faire croire que l’américaine est venue en France pour ses beaux yeux. Pour autant, c’est bien l’Olympique Lyonnais qui l’a emporté, alors qu’il semblerait que des clubs connus (anglais, allemands) se soient présentés au bas du perron pour emporter la belle dans son carrosse dorée.
Le premier mot qui vient : c’est la Women’s Champions League.
Pour les américaines, cela semblent être la plus belle des compétitions et à cet égard, elle a pu prendre des renseignements auprès d’Allie Long (ex-PSG) qui avait affronté Frankfurt, Tobin Heath (ex-PSG), Lindsey Horan (ex-PSG), Mégan Rapinoe (OL) et Caroline Seger (ex PSG et maintenant OL) qui jouent ou ont joué avec l’américaine pour lui confirmer l’attrait de cette compétition, qui pourtant, pour nous, ne représente un intérêt qu’à compter des demi-finales et maintenant des quarts avec l’apport du football espagnol.
Il est vrai que sur ce plan, l’Olympique Lyonnais est la meilleure des références avec ses trois coupes d’Europe (2011, 2012, 2016) et deux finales (2010 et 2013).
Le second mot qui se comprend : c’est l’entraînement et sa qualité.
Farid Benstiti le disait, lui qui avait eu la charge de créer une équipe européenne au PSG en très peu de temps : « c’est en proposant des entraînements poussés avec des joueuses de très grandes qualités, que vous attirez les grandes joueuses ». Il semble que l’adage est précisément exact.
Le site de l’OL le précise d’ailleurs comme une argument explicatif : « l’Olympique Lyonnais représente désormais 4 continents (Europe, Asie, Océanie et Amérique), avec un effectif professionnel féminin composé de 26 joueuses, toutes internationales dans 7 nations différentes (France, Allemagne, Norvège, Suède, Japon, Nouvelle Zélande et États Unis). »
Elle sait qu’elle devra donner son meilleur à chaque entraînement et c’est un challenge qui lui plait afin de se prouver et de prouver qu’elle est la meilleure au monde à son poste. Non pas uniquement dans les matches, mais aussi avec les entraînements, en s’opposant à » Germany (Dzsenifer Marozsán), Norway (Ada Hegerberg), Japan (Saki Kumagai), Sweden (Caroline Seger) and France (Wendi Renard, Eugénie Le Sommer, Claire Lavogez, Camille Abily, Amel Majri and Élodie Thomis).
Avec Gérard Prêcheur qui a formé la quasi-totalité de l’élite française, vainqueur de la WCL en 2016, nommé parmi les dix meilleurs coachs féminins de l’année 2016 ; la joueuse américaine se trouve dans de bonnes dispositions pour s’améliorer.
Le troisième mot qui s’impose et que j’ai d’ailleurs entendu de toutes les joueuses : « je veux m’améliorer ».
La fille est considérée comme une des meilleures joueuses à son poste. Et bien, elle cherche à s’améliorer.
Imaginez d’entendre la même chose avec Cristiano Ronaldo ou Léo Messi ?!! Voire d’autres. De les entendre vouloir s’améliorer. C’est impossible.
S’améliorer dans des actions de jeu très précises. Le face-à-face aux trente mètres pour faire la différence plutôt que d’être à la réception d’une action collective qui lui a été amené, partie souvent devant la ligne de défense pour recevoir dans l’espace vide ; s’améliorer dans le jeu aérien et aussi être plus efficace dans la surface de réparation.
Il reste que d’autres facteurs sont aussi entrés en jeu
Je ne dirais pas que l’image de la France à l’étranger ait pu être une raison déterminante, mais dans un monde de « rapports de force » et de « tensions », l’image romantique du café-croissant-beurre pris dans un hôtel parisien ou lyonnais, cela veut tout autant que les plages bleues des lagons de la Caraïbe. Ce qui n’est pas une mince affaire de pouvoir y faire concurrence.
Si les racines du Couple Morgan-Carrasco sont à Orlando, l’incertitude que son mari resigne à Orlando (au plus tard le 31 décembre 2016) donne de la consistance à une durée de contrat qui, reconduction compris, serait de 18 mois. Jean Michel Aulas pourrait certainement prévoir un point de chute pour le joueur américain si Alex Morgan se plaisait dans les rivages du Rhône. Bourg Peronnas qui évolue en Ligue 2 serait une solution de proximité.
La négociation actuelle entre la fédération américaine et l’équipe nationale féminine pour des revenus plus consistants dont elle ne peut prévoir l’issue bien que chacune des parties veuille s’entendre.
L’envie de découvrir un autre style de jeu dans la meilleure équipe du monde de football féminin sur le continent européen reste l’ensemble déterminant qui va faire se motiver la joueuse américaine de 27 ans, le début de la maturité pour une joueuse féminine.
Les américaines se décident sur ces adages.
Pour toute personne qui est allée aux Etats-Unis, le plus difficile à maitriser repose sur un premier concept : « fais ta vie en ayant pas de regrets ». C’est la force américaine de « l’adaptation à la situation présente » et à son avenir proche. Sans un regard trop lourd sur le passé, l’histoire, qui pour nous européen, est souvent le socle de nos décisions : « que doit-on faire ? » plutôt « que voulons-nous faire ? »
Mais ce principe très américain est le pire si vous ne l’associez pas à des valeurs. C’est la raison pour laquelle les américains ne peuvent jamais être « sans donner pour recevoir ».
C’est même leur principe premier. A partir du moment où ils respectent leurs valeurs, alors les américains trouvent tout à fait normal de faire ce qu’ils ont envie de faire et d’en récolter les fruits pour continuer à en récolter d’autres. Sans dépasser le cadre des valeurs.
Cette fille a envie de jouer dans le meilleur club de football féminin pour s’améliorer.
Accueillons-là, bousculons là sur ces performances et souhaitons lui, tout simplement, de réussir dans cette voie.
Welcome Mlle Alex Morgan.
William Commegrain lesfeminines.fr
Peu importe les chiffres qui sont donnés pour vous accueillir. C’est vertigineux, d’abord votre demande. Ensuite le résultat. Montrez nous votre niveau et peut-être que le niveau des meilleurs clubs français est supérieur au vôtre. Vous comprendrez alors pourquoi vous avez été éliminée en quart de finale des JO. Comme la France. Chacun a sa revanche à prendre.
Sachez, qu’en France, personne ne vous fera de cadeau. A Lyon comme ailleurs. Il y a onze joueuses sur le terrain et les jeunes lyonnaises françaises ont besoin d’être sélectionnées pour l’Euro. Quant aux autres clubs, vous serez attendus.
alors, Good Job and Welcome.