Le Paris Saint Germain a joué une première mi-temps européenne !
Les filles du PSG ont totalement dominé leur sujet, notamment sur le plan tactique, écartant leurs latérales sur les lignes de touche des deux côtés, pour, après cinq minutes d’affrontements au centre où les Amazones ont répondu présentes, commencer à mettre leur emprise sur le jeu, en récupérant la quasi-totalité des seconds ballons et en forçant les duels pour qu’ils soient à leur avantage.
Cette situation entraîna ce qu’elle devait entraîner mentalement et physiquement.
Les stéphanoises se sont recroquevillées sans pour autant que les parisiennes ne changent de dispositif. Ce qui fait que les parisiennes, placées plus haut, recevaient le ballon sur les lignes sans opposition et on a pu voir, qu’avec leurs qualités techniques, de vitesse et leur confiance, elles se permettaient des passes « plat du pied » de quinze mètres, sans qu’elles soient coupées, amenant très rapidement le jeu dans le camp stéphanois.
Ensuite, les joueuses servies, et notamment la canadienne LAWRENCE Ashley, avaient le temps de contrôler le ballon sans opposition pour arriver, pleine course face à son adversaire. Le moindre « une-deux » rendant la défense stéphanoise toujours en réaction, permettant à la parisienne, dans l’action et l’intention, d’agir sans opposition frontale. Avec deux ou trois mètres d’avance dans la profondeur.
Ce qui marchait à gauche fonctionnait aussi à droite avec Eve PERISSET et cela se transformait en une étreinte impossible pour Saint-Etienne d’autant que Paris, avec une défense à trois qui tournait, une fois Sabrina DELANNOY au centre, une autre fois GRACE GEYORO, centrale puis milieu, mettait constamment la pression.
A ce jeu, CRISTIANE s’en est donné à coeur joie, toujours dans ce jeu parisien qui est de créer la percussion et donc l’action. Elle contrôle aux 35 mètres, se retourne, fait une percée qui avait tout de celle d’un trois-quart de FRANCE-ECOSSE, pour servir Ashley LAWRENCE, venue en mouvement qui perce, revient et sert, dans un mouvement pratiqué de nombreuses fois à l’entraînement, Véro BOQUETE isolée qui attend le ballon, et sans bouger, place un superbe gauche au niveau de la surface de réparation, qui va finir croisé, au fond des filets stéphanois (1-0, 8′ BOQUETE)
La jeune gardienne CHAVAS pourrait être coupable sur ce genre d’action en n’ayant pas fait les deux pas devant qui réduisent l’angle de la tireuse ; sauf qu’en football féminin, personne en France ne réalise ce genre d’action pour qu’elle se termine aux seize mètres cinquante. Les actions se terminent souvent dans les cinq mètres cinquante.
Qu’ont fait les stéphanoises durant cette mi-temps ? Hervé DIDIER, à la sortie du match en zone mixte dira :« Dans la première mi-temps, on a été beaucoup trop gentil, trop tendre, et la qualité du PSG nous a été supérieure et on a pu su gérer cela !«
Le Paris Saint Germain possède des certitudes.
Les filles ont des certitudes et le jeu d’Amandine HENRY, « de niveau mondial et qui amène beaucoup de certitudes aux autres » n’est pas fait pour les diminuer bien au contraire. Grace GEYORO qui, jouait à mon sens avec trop de sécurité, souvent derrière, transforme son jeu et ses certitudes lui permettent de donner des ballons assurés DEVANT, avec la même sécurité que derrière. La présence du Ballon d’Argent au Mondial 2015 ne semble pas en être étranger. Shirley CRUZ retrouve ses envies de slalom spécial qui perce les murs et Vero BOQUETE a un jeu agressif vers l’avant porté vers le partage, pour donner aux autres dans les meilleures conditions. Cette joueuse, Championne d’Europe avec Frankfurt en 2015, a des capacités de contres qui sont très dangereuses dans une équipe qui possède des forces offensives et latérales. C’est exactement une des qualités du PSG, et elle exprime cette qualité sans contrainte car la particularité actuelle du PSG, c’est d’avoir confiance dans ses coéquipières. Elles veulent toutes faire mieux que ce qu’elles pourraient faire normalement.
Derrière, les joueuses ont autant l’esprit offensif que défensif ; voir même plus l’esprit offensif avec une volonté continuelle de faire une passe assurée en profondeur d’une vingtaine de mètres sans perdre pour autant l’esprit défensif et collectif avec Sabrina DELANNOY qui reprend une percée de Julie PERUZZETTO en vitesse comme Irène PAREDES qui couvre une perte de balle de Marie Antoinette KATOTO.
Cela permet à Marie-Laure DELIE de tenter sans se poser la question de l’échec mais d’être toujours dans l’attente de la suivante. Certaine qu’elle arrivera. Ainsi, elle va s’essayer sur un premier tir dans la surface, une seconde fois sur une superbe percée de Shirley CRUZ qui lui servira à une hauteur inaccessible pour la défense centrale stéphanoise, une balle reprise de la tête qui rebondira sur la transversale pour finir dans les bras de Mylène CHAVAS. C’est sur une passe décisive de LAWRENCE Ashley, mouvement fait avec BOQUETE et CRISTIANE, que l’internationale française mettra un plat du pied vainqueur, poteau entrant (2-0, 23′, DELIE).
C’est CRISTIANE qui terminera le score de cette première mi-temps avec une balle qui lui vient au second poteau et que la brésilienne mettra sereinement au fond des filets (3-0, Cristiane) sur un corner de shirley CRUZ. La brésilienne joue cette mi-temps avec une totale liberté créative. Patrice Lair dira d’elle : « Cristiane, elle a interdiction de partir. Elle a 32 ans et c’est normal que si on lui fait une meilleure offre que Paris, elle ait envie de partir. je n’ai pas à m’en plaindre. C’est une très bonne joueuse. Si on est en Europe, on lui doit sur certains matches. Elle va rester avec nous jusqu’à la fin de la saison. »
Les stéphanoises dans cette mi-temps subissent une tempête de plus haut niveau. Elles ne peuvent pas faire mieux pour se défendre et arcbouté sur leur défense ; elles sont trop éloignées de la surface parisienne pour avoir les moyens de créer le danger, d’autant qu’elles ont en face, que des internationales A (canadienne, françaises, costaricienne, brésilienne, polonaise, espagnoles) et une équipe qui peut prétendre, vraiment, à la tête de championnat.
Patrice Lair résumera son équipe ainsi : « L’équipe monte en température pour le quart de finale de la WCL mais on pense à nos rendez-vous en championnat et on pense récupérer nos points et titiller Lyon jusqu’au bout ! »
Une seconde mi-temps qui donne du souffle aux amazones.
Hervé Didier le dira : « La deuxième mi-temps était beaucoup plus dans l’agressivité pour contenir une très bonne équipe du PSG. Si on avait commencé par cette mi-temps là, on aurait fait un match de meilleure qualité.« . Une seconde mi-temps qui sert de référence. Pour le maintien sera ma question. Saint-Etienne regarde plus haut. « Potentiellement, on peut être 4è du championnat et c’est l’objectif que l’on s’est fixé. Cela ne va pas être simple et si on reste sur cet objectif là, le maintien sera assuré. On a envie de regarder ce qui se passe devant et pas ce qui se passe derrière. »
Effectivement, Saint-Etienne aura la volonté de jouer plus haut dans ce second acte, se donnant les possibilités de récupérer le ballon dans le camp parisien pour créer des mouvements qui auraient pu percer le mur de la défense du PSG s’ils avaient été fait, face à un adversaire de moins bonne qualité et avec moins de confiance.
A cet égard, le milieu de terrain, notamment Aude MOREAU a pu trouver des possessions pour servir Julie PERUZZETTO ou Rose LAVAUD et la jeune Kelly GAGO a des qualités d’appui qui en font une athlète de vitesse intéressante.
Mais l’opposition était trop forte et les arrêts de Mylène CHAVAS sur la ligne, coupant les actions de Marie Antoinette KATOTO dont c’était le retour, ont montré que le niveau parisien de ce dimanche était un niveau européen. C’est d’ailleurs, avec cet entêtement lié à la confiance que Perle MORRONI comme KATOTO ont continué leur pression pour que cette dernière perce une nouvelle fois dans la surface et sert Marie-Laure DELIE pour un quatrième but parisien, à la toute fin du match (94′, DELIE, 4-0).
Elle avait le point rageur. Celui de la réussite après l’entêtement. C’est très sportif comme réaction.
Lorsque le coach parisien est venu s’exprimer en zone mixte, il n’était pas dans l’interrogation mais dans l’action et la certitude. « Andonova va nous être utile car elle est très forte sur coup de pied arrêté avec un gauche que nous n’avons pas. FORMIGA va rentrer en Coupe de France. Il faisait trop froid pour qu’elle joue aujourd’hui avec son arrivée rapide. Avec les joueuses de la première mi-temps, on doublait le score sans problème, mais il faut faire reprendre confiance aux joueuses blessées qui reviennent ».
Quand il s’est s’agit d’évoquer les possibilités de Cristiane de partir pour une autre proposition. Le coach parisien a répondu avec ses certitudes. « Je comprends, mais elle a aussi intérêt à rester ! ». Il sait qu’il a des réserves derrière et d’autre part que le projet des titres est très prêt « Albi, je suis confiant, pour rejouer – vingt fois sur vingt – comme pour avoir une réponse favorable »
Ce sera le mot de la fin. Le Paris Saint Germain est performant et il a des réserves.
14ème journée : PSG (4-0) ASSE. Camp des Loges. Entre 500 et 1000 spectateurs. Terrain impeccable. Temps froid (0°).
PSG : Kiedrzynek; Lawrence, Delannoy, Paredes, Périsset (Morroni 70′), Geyoro, Henry, Cruz (c), Cristiane (Katoto 54′), Delie, Boquete (Andonova 46′).
Banc : Geurts, Georges, Andonova, Morroni, Katoto
Saint-Etienne : Chavas; Gauvin (Martins 46′), Boishardy, Sissoko, Carage, Gherbi, Moreau, Lavaud, Clemaron (c), Pingeon (Gago 73′), Peruzzetto (Chaumette 83′).
Banc : Carré, Chaumette, Vallet, Martins, Gago
Réactions :
Hervé Didier (coach de l’ASSE) : « On aurait dû inverser les deux mi-temps. La deuxième mi-temps était beaucoup plus dans l’agressivité pour contenir une très bonne équipe du PSG. Si on avait commencé par cette mi-temps là, on aurait fait un match de meilleure qualité. Dans la première mi-temps, on a été beaucoup trop gentil, trop tendre, et la qualité du PSG nous a été supérieure et on a pu su gérer cela. En seconde mi-temps, cette envie d’aller de l’avant, plus d’agressivité dans les duels, nous a permis de les contenir. En première mi-temps, on s’est fait mal mentalement mais pas physiquement.
Notre objectif. On a battu Juvisy (2-0). Avec nos matches en retard on pourrait postuler à la 4ème place en gagnant nos deux matches. On serait juste derrière eux en sachant qu’ils n’ont pas joué les gros. Potentiellement, on peut être 4è du championnat et c’est l’objectif que l’on s’est fixé. Cela ne va pas être simple et si on reste sur cet objectif là, le maintien sera assuré. On a envie de regarder ce qui se passe devant et pas ce qui se passe derrière.
C’est vrai que l’on est une des rares équipes en dehors du Top 4 à avoir gagné une Coupe de France. Si on va plus loin que le tour à venir et que l’on rencontre Paris ou Lyon, il faudra garder cette seconde mi-temps en mémoire et dans notre tête car c’est avec cette seconde mi-temps que l’on pourra faire quelque chose contre ses équipes là.
Je le suis le plus ancien des entraîneurs de la D1F. Cela fait neuf ans maintenant. Ca se professionnalise de plus en plus. On s’entraîne plus et de mieux en mieux. Le niveau des équipes s’élèvent énormément. Il y a quelques années, on gagnait facilement contre les équipes mis à part les gros ; maintenant c’est plus cela. C’est plus équilibré et les filles travaillent bien mieux et ce, toute l’année. Il y a vraiment une grosse évolution.
Aujourd’hui, les filles sont des athlètes. Avant ce n’était pas le cas. Maintenant, elles sont toutes préparées physiquement. Ce sont de vraies sportives de haut niveau. Pour le développement des féminines à Saint Etienne, cela fait neuf ans que je me bagarre pour que nous soyons le plus haut possible avec le maximum d’aides. il y a eu des moments plus faciles et là, on est en train de stagner un petit peu par rapport à l’évolution du football féminin. Je trouve cela dommage car on est dans une bonne dynamique avec la Coupe du Monde qui arrive et je trouverai dommage que l’on ne soit pas dans le bon wagon par rapport à ce qui va se passer. C’est vrai que l’on est pas économiquement pour les clubs professionnels mais avec les télévisions, je pense que l’on peut avoir un retour économique. Après, il faut que cela soit une volonté des clubs et tous les clubs n’ont pas cette volonté là.
Patrice Lair (Coach du PSG)
C’est important de continuer, de marquer des buts sans en prendre. On a fait la différence en première mi-temps. J’attendais mieux sur la 2ème mi-temps bien que j’ai fait rentrer de filles qui avaient besoin de temps de jeu avec ANDONOVA qui n’avait pas joué depuis longtemps et Marie Antoinette KATOTO qui revient après trois mois sur la touche. Après, on a manqué un peu de lucidité dans la finition mais Saint-Etienne n’a pas tiré une fois au but je crois. La victoire est largement mérité, j’aurais aimé que l’on soit plus efficace.
Si je reste avec la composition de la première, je crois que l’on gagne un peu plus car il y a des joueuses qui ont besoin de repères. Andonova et Marie ont besoin de temps de jeu, FORMIGA va entrer aussi. Là il fait froid et elle vient du Brésil depuis très peu de temps. Les filles vont trouver du rythme progressivement pour avoir une bonne équipe compétitive face à Juvisy dans quinze jours.
Ashley est une joueuse qui va très vite sur les côtés. En première mi-temps, elle fait la différence. Elle amène des centres et en seconde mi-temps, en changeant de côté, elle amène les mêmes choses. Elle est intelligente, elle se positionne bien. Maintenant, il faut qu’elle soit plus adroite dans le dernier geste. Cristiane et Boquete sont des joueuses très importantes, c’est pour cela que je les préserve pour plus tard.
Andonova va beaucoup nous apporter avec son pied gauche. Ashley avec sa vitesse et surtout Amandine Henry qui montre ce qu’est le haut niveau. C’est une joueuse hors norme. De niveau mondial. Sur l’impact, la puissance de frappe. Nos joueuses vont beaucoup apprendre avec Elle.
L’équipe monte en température pour le quart de finale de la WCL mais on pense à nos rendez-vous en championnat et on pense récupérer nos points et titiller Lyon jusqu’au bout. Juvisy a fait un bon match à Montpellier ce qui nous a permis de prendre un point d’avance sans ceux d’Albi. c’est une bonne opération pour l’Europe la saison prochaine. On n’a pas de nouvelles pour les quatre points. Logiquement, cela devrait bien se passer. Si il faut rejouer le match, je le joue vingt fois et je le gagne vingt fois. J’ai pas trop apprécié le discours d’Albi quand il avait appris qu’il avait ces quatre points là. Il a dit qu’il le méritait. Si on les joue, on gagnera.
Cristiane, elle a interdiction de partir. Elle a 32 ans et c’est normal que si on lui fait une meilleure offre que Paris, elle ait envie de partir. je n’ai pas à m’en plaindre. C’est une très bonne joueuse. Si on est en Europe, on lui doit sur certains matches. Elle va rester avec nous jusqu’à la fin de la saison.