Certes, je le sais, les Sables d’Olonne et la Vendée ne font pas partie de la Bretagne. Certes, je le sais, Guingamp se trouve au bout d’une route qui vous emmène loin. Comme la Route 66 américaine. On la prend, elle prend du temps et on s’en souvient. Pourtant, d’un bout à l’autre de ces deux extrémités de l’Ouest de la France, la lumière sportive a brillé.
La lumière du sport a brillé dans l’Ouest de la France en ce week-end de début novembre.
Les grands mâts sont partis pour une aventure incroyable et impensable. Faire le tour des Mers seul avec soi-même, sans assistance. Et le plus vite possible. J’ai encore dans les yeux, ce japonais, impassible de tradition, qui sort du chenal tel un combattant samourai, pour un combat dont il ne saura qu’à l’arrivée, s’il lui a laissé la vie.
Ailleurs, sur un terrain de football, les féminines de l’EA Guingamp nous ont montré la nouvelle facette bretonne du football féminin. Une autre Histoire qui s’éloigne de celle que j’appelle, avec une méchanceté logique, la Reine Margot du royaume de l’internet, qui s’est mis dans une « aura » qu’elle n’a jamais pratiqué, pour défendre des idées féministes qu’elle n’a jamais prouvé, adepte des méthodes qui sont pour « les chasseurs », des marqueurs de délits professionnels. Un des personnages du roman qui est en écriture.
Guingamp : L’esprit d’équipe, un moteur performant et respectueux de l’environnement.
Sous les caméras d’Eurosport 2, on a vu se dessiner l’impensable. Une superbe musique bretonne qui a emporté les blanches de l’Olympique de Marseille, courageuses mais impuissantes devant autre chose que le simple football. Autre chose qu’une balle que l’on maitrise. Autre chose qu’une balle qu’on dompte et qui nous obéit. Je veux parler de « l’esprit d’équipe ».
Sarah M’Barek, la coach guingampaise, peut être fière de ce qu’elle a vue et fait. Vous pourrez regarder dix fois le match. Dix fois vous ne verrez pas une différence si grande entre les deux couleurs. Si ce n’est cette force incroyable qui a emporté les Guingampaises, entre l’honneur de jouer sur la pelouse des professionnels, celui de se produire devant 8000 spectateurs, de montrer ses qualités, de s’opposer véritablement devant les caméras d’Eurosport, dans un match entre deux équipes proches. De prouver ses qualités et surtout de les vivre.
Et peut-être d’envoyer un mot, quelques lignes, à une jeune femme, déjà partie. Pour toujours.
Le rouge, la couleur de l’énergie positive.
Dans un stade qui possède un drôle de nom : le Roudourou. Un nom de « bonbon ». Une sucrerie de fête foraine. Avec une seule couleur : le rouge.
Elles en avaient envie de ce match. De cette victoire. Quatre buts. Aucun d’encaissé. Une volonté incroyable de chaque joueuse d’avancer et de gagner. D’avoir l’esprit gagnant. Ensemble. D’être sans paraître. De donner aux autres puis de recevoir. Une symphonie contre laquelle les filles de Christophe Parra n’ont rien pu faire.
En football féminin, quand une telle chose arrive. Il n’y a qu’une seule solution : regarder. Et laisser passer l’orage.
Une partition bretonne
Faustine Robert (22 ans) est la « Mick Jagger » du football féminin. Elle a un jeu « Rock and Roll ». On ne sait jamais ce qu’elle va faire. Cette joueuse d’un peu plus de 20 ans, je m’en souviens d’elle lors de la finale U19 de 2013 à Clermont. Montpellier avait gagné face à l’Ol d’Amel Majri (1-0). Et cette fille avait dansé comme une cow-boy après un rodéo de taureau. Naturellement. Totalement. La Coupe à la main.
Le premier but, c’est un corner (22′). Aller comprendre, elle le tape du gauche sur la tête de Désirée Oparanozie, croyante nigérienne qui a le bonheur d’avoir réussi à passer la Mer des préjugés pour être en France, grande soeur de sa famille nigérienne. Adulte et encore jeune (22 ans), en pleine progression, meilleure buteuse bretonne, black aux couleurs noires de l’Anarchie bretonne, avec ces cinq buts en sept journées, dont un à chaque journée depuis la 4è. Marquées dans des conditions incroyables.
Le second (32′), c’est la même Faustine Robert qui se trouve « à la cuisine » quand on l’attend bien plus haut « au service ». Si basse qu’elle semble préparer une reconversion en milieu défensive, et qui envoie, là un droit d’instinct ; à croire qu’elle est aux vingt mètres, alors qu’elle est la seule à savoir que si la balle passe, il y a un véritable danger. Elle lance, avec toute son énergie, d’une transversale de « serin », Désirée Oparanozie qu’elle envoie vers un futur incroyable.
Elles connaissent si bien leur musique, que là, la passe a tout d’une « passe les yeux fermés ». Ce sont deux musiciennes. Ces deux filles pensent football. Elles sont « énergie football et football énergie ».
La nigérienne s’envole et perfore. Elle a récupéré cette balle incroyable qui n’est passée qu’avec le concours divin du Maître du Football, pour coller la corse Léonie Multari, à son jeu de jambes, piège d’attente, et servir Salmi Amani, qui cherche un trou dans cette surface.
La capitaine guigampaise court, sur le côté. Sans protection. Dans la surface. Le risque est évident de se faire contrer. Dans une surface, vous êtes rarement seul. Et là, le Maître des Lieux lui donne l’ouverture incroyable d’une balle qui s’enfonce avec force dans les filets de Pauline Payraud-Magnin. Lucarne.
Je suis certain que cette fille aura longtemps en mémoire ces filets qui se déforment sous sa frappe. Marquer un but au « Roudourou » devant 8000 spectateurs quand vous jouez à Saint Brieuc, dans un stade moins grand, plus habituel, moins présent dans l’histoire des ses couleurs. 10 ans de couleur bretonne qu’elle porte sur les épaules ! C’est une belle Histoire, c’est une longue histoire. Cela marquera son Histoire. Pour elle, c’est énorme.
Le troisième sera une calvacade bretonne (85′). Nous sommes en fin de match, mais comme une horde de chevaux sauvages, les filles s’emballent sur ce pré vert. La balle a été récupérée si vite qu’elle est déjà devant. L’attaque de Guingamp est lancée pour une nouvelle tentative. Faustine Robert dira, au micro d’Eurosport : « Après en avoir pris 9 face à l’Olympique Lyonnais, quand on est comme cela et qu’on peut jouer face à une équipe qui nous ressemble, alors on a envie de marquer, de tout le temps marquer, sans jamais s’arrêter ».
Alors les bretonnes partent. On a le sentiment de voir ses grands mâts perforer la mer à une vitesse incroyable. Les marseillaises jouent le hors jeu. Le croient. Les guingampaises ne jouent pas la règle. Elles jouent pour jouer et aller au bout, laissant l’ordre de l’arbitre les arrêter. Ne cherchant pas à l’espérer.
C’est ce qui fera la différence entre les deux équipes. L’une aura été active, l’autre aura essayé d’être réactive.
Le match de Désirée et de Luce, un cadeau à la mémoire de l’Espoir : Fatim Jawara.
C’est Peyraud-Magnin qui bloque le premier tir. Comme une salve de tirs. Elle se relève mais que peut-elle contre ses couleurs qui semblent jouer sur un terrain raccourci ? Elles seront quatre dans cette surface à la 92′. Le contrôle anti-dopage pourra faire tous les tests qu’ils voudront. Il sera loin le temps ou l’esprit d’équipe sera une force interdite. C’est même impossible.
Quand au quatrième (92′), il est le final d’un concert. Ce moment où les musiciens, portés par ce qui est inexplicable, vont chercher dans des solos d’artistes, la force et l’incroyable d’une note qui s’échappe pour trouver, direct dans nos coeurs, le coffre fort du souvenir.
Ce gauche, servi par une soeur de coeur, comme une vérité à ce qu’est le sport : la multitude des couleurs à l’unisson du coeur et du corps. Ce cadeau de Désirée Oparanozie pour sa capitaine, c’est le cadeau à Fatim Jawara.
Elle avait 19 ans et des rêves plein la tête.
Elle est morte, pleine de désespoir. Après s’être battue dans cette Mer qui n’a rien d’une mère. Seule. En acceptant l’impensable. Ne plus pouvoir se battre et se donner à la Mort. Quand on est sportive de haut niveau, qu’est-ce qu’il y a de pire que l’abandon ? Rien. Cette fille pleine d’espoirs est morte avec désespoir.
Parce qu’elle était née quelque part.
Désirée Oparanozie a fait un match extraordinaire pour les autres. Salma Amani a fait un match extraordinaire pour son équipe. Faustine Robert qui a tout de la « joie de vivre africaine » a été la blanche de ce monde qui n’a pas peur des couleurs des autres. Et tout cela a donné à cette victoire, une histoire qui pour moi, restera comme une leçon de Vie. Un spectacle humain.
Que pouvait Marseille face à cela ? Rien. Sinon d’apprendre que « l’esprit d’équipe » est une véritable force dans ce monde qui bouge et dans ce sport qui, des fois, se prend pour ce qu’il n’est pas. Mais là, pour ce qu’il a mérité d’être.
Une aventure humaine.
Désirée Oparanozie et sa compatriote Luce Ndolo Ewele, imposantes dans toutes leurs volontés offensives, sont parties au Cameroun, jouer la CAN dont elles ont été les propriétaires neuf fois sur onze.
Peut-être qu’elles emmèneront avec elles une chanson bretonne comme en Bretagne, les mots « d’amour » de Faustine Robert, nous ont fait comprendre, qu’elles avaient une famille bretonne, à Guingamp.
En Bretagne. C’est où la Bretagne, pour une villageoise africaine qui joue avec une balle qui n’est pas une balle ?
C’est une Terre de France. Une Terre d’Espoirs.
William Commegrain lesfeminines.fr
Il faudrait vraiment rendre hommage à cette jeune fille et à son courage en créant un prix. « le Prix de l’Espoir ». La marque d’un courage fait par une footballeuse. Le courage, les femmes, normalement, n’en manquent pas.
Guingamp confirme sa cinquième place. L’Olympique de Marseille reste à la 11è place.
Résultat J7.
- Guingamp – Olympique de Marseille (4-0)
- Rodez – Olympique Lyonnais (0-5)
- Metz – Bordeaux (0-1)
- Soyaux – PSG (0-2)
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