Quel est le prix du nouveau salaire de Wendie Renard ?

Bruno Cheyrou avait fait passer celui de Kadidiatou Diani d’un peu plus de 10.000 € à 30.000 brut en quittant le Paris Saint Germain. Hors prime de titres ou autres conditions contractuelles particulières. Trois fois la mise, pour une joueuse importante mais pas essentielle.

Le contrat avait surpris. Ses statistiques avec le PSG étaient correctes (12 buts) lors de la saison 2020 mais insignifiantes sur le plan européen (2 réalisations). Elle sortait d’abord d’une excellente coupe du Monde 2019 où elle avait signé la meilleure prestation offensive des Bleues de Corinne Diacre.

L’Ol était resté à la porte, la joueuse précisait que le coup de fil de Leonardo avait été déterminant dans sa décision. Elle n’en prenait que pour trois ans, soit pour une sortie contractuelle en 2023. Année de la Coupe du Monde en Australie et Nouvelle-Zélande.

Si on prend les mêmes références des joueuses d’un Top 10 du championnat, voire d’un Top 5. Que vaut Wendie Renard ?

Il est dit que le salaire actuel de la capitaine lyonnaise tourne autour de 30.000 €.

Moins Buteuse, plus essentielle.

Si vous naviguez sur le site des statistiques du championnat français connu de tous, le sourcil droit va se lever de surprise. Un seul but en championnat pour la capitaine lyonnaise en 2022, à la 93′ face au Stade de Reims pour le compte de la 15e journée !

La réputation de buteuse de la défenseure centrale est telle, qu’on a tous à l’esprit ses nombreux buts, notamment essentiels dans ses matches de Coupe d’Europe (PSG aller et retour en 1/2 finale) comme pour les Bleues (cinq buts en 2022). Il faut regarder à deux fois pour relativiser la statistique. Blessée, Wendie Renard a été absente des terrains de la 4e journée à la 10e.

En cumulé chez les Bleues, compte tenu de son passé (première sélection le 2 mars 2011), elle a des statistiques essentielles. 33 buts pour 131 sélections. Record mondial peut-être à ce poste de défenseur. Meilleure buteuse actuelle des Bleues devant Marie-Antoinette Katoto (24 buts) arrivant à grand pas, dès lors qu’Eugénie Le Sommer, autre attaquante, n’est pas sélectionnée (86 buts).

Cinq buts en 2022 pour les Bleues, un très bon cru. Mais l’OL n’est pas là pour payer les Bleues.

En fait, Wendie Renard met des buts qui changent le cours d’une rencontre.

En défense,

L’Ol a encaissé cinq des huit buts comptabilisés avec Wendie sur le terrain. Sur les quinze saisons passées à compter du premier titre en 2007, on touche au 5e plus important score encaissé.

Ce n’est pas une statistique très favorable tout en sachant que la défense est un acte collectif. Et seconde affirmation. Il s’agit d’une évolution logique. Les adversaires s’améliorent à l’évidence.

L’impact de Wendie Renard

La force de la lyonnaise est évidente dans le mental collectif des joueuses lyonnaises. C’est une leader dans un vestiaire qui pourrait en avoir d’autres mais qui reconnaissent la priorité de la Martiniquaise dans les moments importants. Dans un environnement qui s’améliore, l’arme mentale qu’apporte Wendie Renard est essentielle à la réussite des objectifs de titres lyonnais.

Second aspect, Wendie Renard a un véritable impact médiatique. Sa voix porte. Les couvertures sont nombreuses, les reportages autant. Demain, un film, une histoire et une identité. Il y a du capital qui n’existait pas en 2010. La joueuse existe en 2020.

Le besoin de titres lyonnais

On aurait pu penser que les valises lyonnaises sont suffisamment remplies pour en laisser aux autres. Sauf que la stratégie globale de l’entreprise lyonnaise est faite de DIVERSIFICATION et de DIFFERENCIATION. La diversification est assurée, avec ses hauts et ses bas économiques, mais la différenciation ne permet aucun recul quant à la qualité.

Le risque d’être alors remplacé dans l’imaginaire du consommateur est réel. D’autant plus réel qu’il se fait rapidement. L’ascenseur de la remontée d’image est plutôt fait d’escaliers et de marches à remonter. Jamais très facile.

Dans ce cadre, l’Ol ne peut pas se permettre de reculer sur le plan féminin. D’autant qu’il commence juste à donner ses premiers fruits médiatiques.

Un marché qui croît avec une concurrence exacerbée.

L’évolution du sport féminin attire les grands clubs. Notamment pour obtenir des résultats médiatisés, au moindre coût s’il doit se comparer avec celui des hommes, fait de bien plus d’inconnues et de risques. Cette situation créée une situation inflationniste.

Normalement, la concurrence des marchés qui explosent ouvrent à une multitude d’offres qui s’y engouffrent. Là une limite est atteinte.

La qualité des joueuses se distingue en groupe. Il faut du temps pour passer d’un groupe à un autre.

Si une joueuse part, il est difficile de la remplacer. Demandez au PSG, à Wolfsburg. Alors, imaginez trois ou quatre joueuses.

Les grands clubs d’Europe se sont positionnés créant une inflation des salaires et, faute de joueuses en nombre suffisantes, acceptent et offrent des durées de contrats conséquentes. Personne ne veut lâcher sa perle rare, d’un côté comme de l’autre.

Evaluation du salaire.

Son conseiller a dû intervenir pour aider à relativiser la proposition de l’Olympique Lyonnais.

Le meilleur salaire est celui d’Ada Hegerberg, explosif avec le Ballon d’Or 2018, aux alentours de 50.000 € mensuel. On imagine que tout cela est pour une saison entière.

On ne change pas tous les ans, un contrat de la valeur de celui de Wendie Renard.

Je crois que les termes utilisés, issus de la presse, c’est un revenu « exceptionnel ». En ce sens, si on applique le coefficient multiplicateur de Bruno Cheyrou, le contrat peut être multiplié par trois. Soit 90.000 € mensuel.

Si on applique la volonté inflationniste de l’Olympique Lyonnais de créer un marché élevé afin de mettre en place un indicateur de valeur et positionner de futurs transferts, sur des valeurs appelés à faire bouger favorablement une trésorerie ; …. on ne peut pas être logique mais on doit tenir compte de la limite du raisonnable.

Ensuite, il faut situer la performance lyonnaise, soumise à concurrence. Donc, il doit y avoir une part de variables qu’on peut situer à 20% en raison de la concurrence des propositions à la possibilité lyonnaise. Un peu de variables soulage l’institution.

D’autant que pour la meilleure d’entre elles, elle ne donnait pas la possibilité de jouer la Ligue des Champions. C’était une carte lyonnaise. L’autre carte des titres avec l’OL, a pris un peu l’eau avec 2021 sans rien et une négociation avant la finale de Barcelone. L’Europe 2022 montrant que d’autres clubs peuvent obtenir la Coupe, y concourir et investir pour l’obtenir.

Après, Jean-Michel Aulas a dû chercher l’équilibre financier de cette dépense et le risque de l’évolution de sa grille hiérarchique. Lui qui compte, de nombreuses joueuses internationales. En même temps, le message est fort par rapport au marché. Le marché féminin mais aussi celui de l’égalité femme-homme.

Logiquement le salaire aurait été plus près de 65.000 €. La joueuse aime les chiffres ronds. Donc, 70.000 €. 70.000 € en 2022 vaudra bien 90.000 e en 2026 si les objectifs de titre sont atteints.

Alors parions, pour 90.000 € mensuel en 2022 ou en 2026.

« C’est beaucoup d’argent ! » dit Jean-Michel Aulas. « C’est beaucoup d’impôts ! » lui répond Wendie Renard.

« C’est trop d’argent ! » continue de dire JM Aulas, rajoutant : « …dans une période comptable difficile ! ». Le début d’une larme perlant au coin de l’œil droit, .. ou gauche … ou les deux.

« C’est le moment où l’investissement dans le football féminin paie, Président. Gagnons ce championnat mondial des clubs ensemble. L’OL, tout en haut. Le meilleur club du monde ! Faisons le ensemble ».

Elle crée le rêve. « Ol contre Ol Reign ! »

Terminant : « 90.000, c’est donné ! » Maligne, la capitaine. Elle se garde bien de rajouter des euros. C’est dangereux, face à un homme du chiffre. Il soupèse, se projette. La joueuse peut-elle porter ce projet qui s’interdit, faute de souffles concurrentiels. Déjà, il sait qu’il va accepter. Il lui faut une sortie.

« Bon mais on gagne ! »

Ils éclatent de rires. Ils sont du même monde.

Chacun sort, content. Certains d’avoir fait un bon deal.

William Commegrain Lesfeminines.fr