Discussion avec Laurent Grelier, Pdt. Après avoir acquit sa montée la dernière journée sur une victoire face à Tours, La Roche sur Yon joue la carte de l’objectivité pour ce retour en D1 féminine après trois ans à l’étage inférieur (D2) qui n’est pas à considérer comme le purgatoire pour une équipe qui, au regard des modifications importantes survenues en D1 dans cette courte période, peut être à considérer au prime abord comme une D2 1/2, elle qui va venir jouer sa saison avec le même groupe que celui de l’an dernier quand la mode où la nécessité est de renforcer voire de prendre des contrats fédéraux. Présentation :
La Roche sur Yon est un leader local.
Est-ce à dire que l’objectivité empêche toute ambition de s’exprimer ? Loin s’en faut et c’est un président plein de fougue qui entame une discussion sur l’objectif de cette saison : le maintien en D1 féminine.
A la tête d’un club mixte de 550 licenciés où les féminines se comptent pour plus d’une centaine (120), la Roche sur Yon est la lumière vendéenne dans le football départemental quand le mythique Poirée sur vie (National), aux portes de la L2 masculine, a plié bagage pour se ranger dans les division inférieures (CFA 2) montrant à tous que la réalité est ce qu’elle est : le haut niveau amateur est générateur de coûts sans générer les recettes qui suivent.
Et c’est avec le sourire que le Président de la Roche rappelle l’émission de TV locale faite avec le Président de Luçon (National) qui annonçait un budget d’1 million 500 quand celui de La Roche sur Yon avoisinait seulement les 300.000 et alors que celui du Poirée tournait depuis cinq ans (2011-2015) à hauteur de 2.500.000 euros, en grande partie financée par la famille Cougnaud, bien connue dans le milieu du BTP. Le Président Laurent Grelier rappelant, avec le sourire qui se devine au téléphone : « je ne suis pas un chef d’entreprise, je suis simplement un salarié, de plus président. Et je fais avec ce que je peux récolter. »
La réalité est ainsi et l’équipe vendéenne en a bien conscience, même en se donnant la possibilité d’un contrat fédéral ou de deux, dans l’éventualité d’un partenariat de dernière minute : la partie se jouera dans les mêmes conditions que l’an dernier avec les forces de La Roche.
la D1 féminine ne remettra pas en cause le succès d’un club qui est le phare vendéen en football féminin.
C’est que le Président Grelier est très fier de son socle avec « une équipe U13, championne de France une première saison, puis vice-championne de France la saison suivante » avec d’autres joueuses ; « une équipe nationale en U19 qui rivalise avec les meilleures et qui peut présenter à son palmarès une victoire sur le PSG et ses jeunes internationales » ; « l’ouverture d’une section scolaire en ayant travaillé une collaboration auprès de quatre collèges différents pour un groupe de 15 demoiselles » ; et un état d’esprit sain où les joueuses de l’élite sont encore très sensibles à « la possibilité de jouer au plus haut niveau en associant des études ou un travail de proximité », moins sensible aux attraits financiers et plus à ceux de leurs cadre de vie.
La Roche sur Yon sait avec quelles armes elles viennent en D1 et les cinq, six jeunes filles internationales vont jouer une saison complète au plus haut niveau pour prendre de la maturité et pouvoir s’exprimer quand dans d’autres écuries, « elles auraient juste senti le parfum de la D1 sans pouvoir en faire autre chose qu’un souvenir bien lointain ».
C’est que le club connait la musique avec ses 40 ans d’existence dans ce sport, se rendant compte de son développement tout en sachant le relativiser avec des droits TV qui ne dépasseront pas la dizaine de milliers d’euros, des championnats départementaux qui sont compliqués où les équipes, certaines fois, en sont amenées à mélanger les joueuses pour que les matches se réalisent ; des parents qui hésitent encore à laisser leurs filles continuer à jouer au football féminin quand l’adolescence prend le pas ; et des équipes qui peuvent disparaître rapidement fautes de joueuses.
L’esprit amateur, l’exigence de la performance.
Alors la politique de la Roche sur Yon sera claire : on ne va pas tout changer et changer le club pour une montée en D1. Les choix sont faits : « Axer sur le bénévolat », « la continuité de la gratuité au stade », « un choix de 6 matches de gala payants et des animations de partenariats et de loges spécifiques à ces moments là ».
Laurent Grelier le dit : « Il faut travailler sur la durée et la pérennité » et le vendéen a une vision claire et précise de ce sport dans son département : « allant même jusqu’à un consensus départemental pour avoir la même politique d’investigation dans le football féminin et ainsi se partager les joueuses locales pour maintenir un championnat homogène à des niveaux inférieurs plutôt que de dominer outrageusement un championnat comme il le fait maintenant et écraser son intérêt comme son devenir » ; cela ne l’empêchant pas de regarder sur le voisin nantais (FC Nantes, L1) qui ne pourrait que récolter les joueuses étudiantes quand les universités sont à Nantes, « mais qui ne ferait jamais le travail de fond demandé par la fédération auprès des Centres de Loisirs, des écoles, pour parler spécifiquement du football féminin » solution de fond pour acquérir de la masse ; comme de pérenniser la collaboration avec les partenaires autour d’un message qui est de plus en plus et de mieux en mieux entendus : « la féminisation du football« , mais qui ne génère pas de recettes à hauteur de l’émotion dégagée ou supposée, et qui pourrait être absorbé par la force du football masculin quand, si jeune, le football féminin a besoin d’être identifié, séparé et protégé pour trouver, dans un futur, son propre marché.
En jouant la Roche sur Yon, vous jouerez un club amateur. Fier de l’être, mais qui ne viendra pas pour autant la fleur au fusil. Le Président est bien conscient que la descente en D2 engendrera une remontée très difficile avec ces grands professionnels qui viennent adosser leurs noms et quelquefois leurs moyens aux historiques féminins.
La Roche sur Yon sait qu’elles prendront chers face aux grosses écuries mais que leur championnat est ailleurs. Et cet autre championnat est fait d’équipes comme elles, avec des joueuses aux profils homogènes, quand bien même elles ont des contrats fédéraux. L’exemple du FC Metz l’an dernier en est l’illustration : un contrat fédéral n’est pas la certitude de la réussite. Certaines joueuses avec ou sans contrat sont assez proches en terme de niveau physique, de technique, de tactique et de détermination.
Dans cet autre championnat, la place en D1 féminine vaut cher. La Roche y est et compte bien y rester. C’est ainsi que je résumerais la situation :
« Adepte d’un futur en dollar ; prenez votre temps. La Roche sur Yon est encore là. »
Laisser une place aux amateurs est essentiel car ce sont eux qui vont aller auprès des centres de loisirs, des écoles pour faire vivre cette pratique quand les clubs professionnels masculins seront peu versés à investir autant de temps pour un retour bien inférieur, même si le statut d’école de football labellisée, donnera des retours financiers.
La Roche sur Yon est là. Et à bien l’intention d’y rester. Avis aux amateurs. Pardon : « avis d’amateurs ».
William Commegrain lesfeminines.fr
A lire les interviews décalés sur le site de la Roche sur Yon : un bonheur de simplicité et d’authenticité. Sain et Marrant.