Si, sur le plan national, pour les clubs, la palme revient sans discussion possible à l’Olympique Lyonnais pour la confirmation de son parcours français avec un dixième titre national, une cinquième Coupe de France consécutive et SURTOUT son troisième titre européen 2016 ;
Pour ce qui en est des équipes nationales, le débat est plus ouvert.
Voici mes propositions :
Performance N°1. La Suède et Pia Sundhage qui est la seule à avoir réussi à obtenir une médaille olympique avec deux nations et deux cultures différentes.
Le rêve suédois de 2013 : Depuis 2012 et le retour à la maison de Pia Sundhage -la coach suédoise qui a donné deux médailles olympiques d’Or aux Etats-Unis (2008 et 2012)- les suédoises se prenaient à rêver de remporter l’Euro 2013 qui s’organisait chez elle pour renouveler le titre déjà ancien de 84 et donner une meilleure couleur aux finales suédoises perdues de 87, 95 et 2001.
Elles pouvaient légitimement y postuler en ayant fini première équipe européenne au Mondial 2011, bronzées derrière le Japon et les USA.
Leur parcours 2013 s’est terminé en bronze reste de qualité et les « blagult » (jaunes et bleues) avaient buté sur une excellente équipe allemande, ne craquant en demi-finale sur un magnifique but de la nouvelle lyonnaise, Dzenifer Marozsan, tout en finesse et détermination.
Une réalité pragmatique devenue différente, voulue par Pia Sundhage : Depuis, le rêve était resté au Ciel et le quotidien se trouvait souvent au niveau de la cave, loin des lumières, à la recherche d’une efficacité dans un style de jeu très pragmatique que voulait Pia Sundhage et qui s’éloignait de la Suède flamboyante dont les joueuses portaient les couleurs dans toute l’Europe (Fisher (Wolfsburg), Schelin (OL), Asllani (PSG), Seger (PSG), Sembrant (Montpellier), Jakobsson (Montpellier), etc..).
La France se trouvant des parentés affectives avec tout ce qui était suédois sous l’influence ou non du célèbre Zlatan Ibrahimovic, commençait à entendre une nouvelle langue « le sundhageois » au lieu et place de l’immaculé naturel et naturiste « suédois ».
La France découvre une nouvelle langue : « le sundhageois » au lieu du « suédois ». Ce qui commençait à bien lui réussir puisque pour l’un de ses premiers matches (8 février 2014), Philippe Bergerôo avait gagné sans souci 3-0 à Amiens. Elodie Thomis avait mis le feu à la tête de son adversaire pour sa 100è sélection et Thunebro, qui depuis est devenue adjointe, était en train de comprendre ce que « langue moderne » voulait dire.
La pratique du « Sundhageois » ne se fit pas sans difficulté pour « les blagults » malgré la victoire face aux Etats-Unis dans le tournoi de l’Algarve (7 mars 2014, 1-0).
Devant intégrer de plus le dépôt de bilan de Tyresö (finaliste Women’s Champions League 2014), la Suède ne sortait des matches gagnants que contre les équipes inférieures et perdait face à l’Allemagne, le Canada, le Brésil, la Suisse avec quelques embellies quand même contre l’Allemagne (4 mars 2015, 4-2) et le Japon (21 juillet 2016 – 3-0).
Tout cela avait trop de variations pour être synonyme de médailles et les commentateurs des journalistes de Nord de l’Europe ne donnaient que peu de chances à la Suède au mondial canadien, ayant du mal à intégrer qu’on puisse jouer, non pas pour gagner 3-0, mais 1-0 ou aux tirs au buts, et passer ainsi, étape par étape.
Au mondial 2015, la Suède se qualifie pour les JO sur le fil du rasoir.
Dernière des équipes à se qualifier en Juillet 2015 pour le tournoi qualificatif des JO après avoir réalisé des prestations inquiétantes en phase de groupe ; on a vu une équipe suédoise remporter ce tournoi de qualification pour les Jeux Olympiques de mars 2016 avec des buts que Caroline Seger qualifiaient, elle-même de raccroc, mais qui ont fait dire aux deux joueuses historiques et emblématiques de la Suède avec Lotta Schelin : « l’essentiel, c’est de passer ».
L’exemple le plus frappant fut celui marqué par la lyonnaise (ex-PSG) Caroline Seger à la 45′ face à la Suisse (1-0) qui les bousculaient, … DU DOS dans un amas d’intentions poussées-repoussées pour au final, aller au fond des filets. Leur donnant l’avantage des trois points qui les mettront en tête dès la seconde journée. Sans ce but et cette victoire, la Suède ne passait pas. Qui aurait cru, à ce moment, qu’il puisse valoir de l’Or et qu’il vaudra de l’Argent.
Car le premier match avait été déjà la signature de ces buts « venus d’ailleurs » que tu ne peux pas rêver mais que tu vis en rêve après les avoir marqué. Comme une revanche sur la malchance, et le bonheur d’être marié avec la chance.
Lisa Dahlkvist, dès la 3e minute avait mis un but de la tête en effleurant le ballon face aux voisins norvégiens, souvent battues par la Suède. Au grand dam de Ada Hegerberg, la future meilleure joueuse UEFA de l’année (0-1 pour la Suède). Et pour le troisieme et dernier match, Olivia Schough avait égalisé (1-1) à la toute fin de la première mi-temps (44′) face aux Pays-Bas qui jouait, pendant un instant, leur place à domicile devant un record de spectateurs.
Avec cette qualification, l’élimination en huitième de finale de Coupe du Monde 2015 était oublié et les suédoises commençaient à se dire que le « sundhageois » permettait autant de voyager que le « suédois ».
Les Jeux Olympiques de rêve, en finale avec des (0-0).
Au tirage au sort des JO 2016, les suédoises exultent. Enfin, elles ne sont pas dans le groupe des américaines avec lesquelles elles ont eu droit, à chaque compétition internationale (Mondial 2011 et Mondial 2015), de croiser le fer.
Le « sundhageois » semble aussi difficile à traduire et les premières prestations de la Suède feront peur avec un pénible (1-0) face à l’Afrique du Sud (53è FIFA) sur un but de Nilla Fisher « tiré par les cheveux » pour le premier match. Elles boiront la tasse, plutôt un bol complet, avec le Brésil qui les corrigera (5-1) pour finir par passer en quart de finale malgré un (0-0) contre l’équipe chinoise de Bruno Bini.
La Suède est pourtant là. On ne sait pas comment ? On sait juste pourquoi ! C’est le « Sundhagois » : Ne rien lâcher, quelque soit le contenu. Regarder le résultat. Et continuer.
Et on voit Caroline Seger, la capitaine suédoise, juste avant le match face aux Etats-Unis, première mondiale et quatre médailles d’or au cou plus une d’argent, tenter un coup à la Houdini, à table, avec une fourchette et mie de pain pour d’un coup, la faire s’envoler vers un verre placée à trois mètres et faire un « Eagle ». Un trou en un. Sous les éclats de rire et de confiance de toutes les joueuses.
C’est avec cette philosophie de confiance que la Suède fera l’exploit de ses Jeux en donnant un billet d’avion « retour » aux américaines (1-1, 3 tab à 4) en seconde classe ; elles qui ne voyageaient dans l’avion Olympique qu’en classe supérieure (4 médailles d’Or et Une d’Argent).
Le premier exploit : Eliminer les USA des JO ! C’est vaincre l’Everest de jour, de nuit, sans chaussures. Comme vous voulez ! Mais c’est juste un exploit.
Le match suivant sera face au Brésil qui joue à domicile pour « une finale qui les demande » quand les Neymar, au même instant, se sont qualifiés et remporteront l’Or.
Et bien, la Suède de Pia Sundhage appliquera la même méthode. Défendons chers amis. Défendons et attendons l’erreur adverse pour punir et vaincre. Là, l’erreur ne viendra pas et les deux équipes se sépareront sur un (0-0) qui deviendra une victoire suédoise avec là aussi, seulement 3 tirs au but bresilien de réussis pour 4 « sundhageois ».
Les voilà en finale et la Suède comprend que le sundhageois est une langue qui voyage bien.
Après les USA, après le Brésil, se profile l’Allemagne. Deuxième mondial ! Aucune des deux équipes n’a eu l’Or Olympique et la Suède a encore en mémoire, et au travers de la gorge, la victoire allemande qui les privera d’une finale lors de l’Euro 2013.
C’est encore Dzenifer Marozsan qui les met au supplice (0-1 à la 48′) en marquant le premier but mais le Dieu football a aussi ses principes qui lui font dire que la « défense », c’est bien mais l’attaque « un peu mieux ».
C’est donc par un véritable coup du sort que l’Allemagne doublera la marque avec un but contre son camp de la montpelliéraine Linda Sembrant (62′, 0-2). La Suède ne se laissant pas abattre, répondra par la jeune Stina BLACKSTENIUS à la 67′ (2-1), déjà meilleure buteuse de l’Euro U19 2014 gagné en Israël, et là auteure d’un doublé après son but face aux Etats-Unis (61′).
Plus rien ne sera marqué et c’est l’Allemagne qui partira avec l’Or Olympique quand l’UEFA comptera sa victoire, d’avoir pour la première fois, deux équipes européennes en finale d’un tournoi majeur international.
BILAN :
Pia Sundhage a appliqué un principe clair « le sundhageois ». Tu décides de ta stratégie en fonction des armes que tu possèdes et non pas de ce que tu souhaites avoir. Peu importe le contenu, l’essentiel est le résultat et la confiance du groupe dans le projet mis en place. Avec un tel esprit de groupe partagé et rappelé par Laetitia Tonazzi (35 ans, France) qui semble en avoir discuté avec ses partenaires montpelliéraines (Jakobsson, Sembrant) ; le plan de la coach suédoise a marché à merveille. Une médaille d’argent olympique au bout.
C’est sur ces considérations que Pia Sundhage a précisé ne plus continuer la sélection nationale après l’Euro en étant actuellement sur deux résultats mitigés : une défaite face au Danemark (Septembre 2016 2-0) et un match nul face à la Norvège (24 Octobre 2016). Le pire ces derbys des Pays du Nord. Elle quittera la sélection après l’Euro et laissera la place à Gerhardsson, 57 ans, l’entraîneur de Häcken, qui a terminé 10e sur 16 cette saison en 1re division suédoise.
Si elle fait comme Silvia Neid avec laquelle elle est nominée comme l’une des trois meilleures coaches FIFA de l’année 2016 (Silvia Neid, Pia Sundhage, Jill Ellis) ; elle pourrait vouloir partir avec la couronne de l’Euro qui lui a échappé en 2013 à la maison.
A cet égard, elle est la seule à avoir réussi à faire une performance avec deux équipes totalement différentes : deux médailles d’Or olympiques avec les USA et une médaille d’argent avec la Suède.
Cela serait une belle pique face à l’Allemagne (6 fois vainqueurs de l’Euro de suite pour 8 titres attribués à la Mannschaft) et la France, candidate potentielle.
Pia Sundhage a quelque chose de rare. Elle sait comment gagner. En fonction de cela, elle décide comment jouer. C’est pour cela qu’elle a crée un langage « le sundhageois ».
Performance n°2. Le Canada de John Herdmann avec sa médaille de bronze après avoir gagné contre l’Australie, la France, l’Allemagne et le Brésil passant de la 10è place FIFA à la 4è.
John Herdmann a crée un groupe unique dans un pays de 35 millions de personnes et qui a reçu la Coupe du Monde 2015 pour qu’en fait, ce soit les américains qui occupent les stades, tous à proximité de la frontière canadienne, donnant à ce voisin, la réalité d’un continent américain, possédée et maitrisée par « les stars and stripes » revenues au pays, vainqueurs comme des boys d’une guerre d’honneur et de bravoure. Championnes du Monde !
Le Canada avait buté face à l’Angleterre en quart de finale (1-2) et c’était – en travers de la gorge – que l’anglais John Herdmann avait vu le Gallois Mark Sampson prendre le meilleur sur son équipe canadienne pour finir quand même, troisième de cette Coupe du Monde où personne ne les attendaient, éliminés en phase de groupe lors de l’Euro 2013.
Les canadiennes avaient subi le même affront en 2011 lors de la Coupe du Monde, éliminées en phase de groupe, avec en plus, l’échéance de recevoir la Coupe du Monde suivante et elles avaient réussi l’exploit de prendre la médaille de bronze à la France, lors des JO de Londres de 2012, à la surprise générale.
En 2016, à Rio, il s’agissait de revenir dans le cercle des médaillées avec une équipe qui avait pris quatre ans de plus, et dû lutter à domicile pour passer le premier tour de la Coupe du monde, en faisant, des up and down au niveau des résultats lors des matches amicaux.
Pourtant, c’est une équipe qui fera ses deux derniers matches de préparation en France avec un contenu que j’avais noté très intéressant face à la Chine et surtout une prestation de qualité face à la France, perdant sur un score discutable (1-0, superbe but de Camille Abily) qui donnera beaucoup d’espoirs aux canadiennes.
Effectivement, lors des JO, à l’opposé du Mondial, elles realiseront des prestations de qualités qui les feront remporter leurs matches face à l’Australie (2-0), Zimbabwe (3-1), Allemagne (1-2), France (1-0), Brésil (2-1) pour ne perdre que face à l’Allemagne (2-0) pour l’accession en demi-finale.
Classée 10è FIFA avant les Jeux Olympiques, le Canada finira 4è juste derrière la France pour se trouver maintenant à quelques encablures de la 3ème place.
Pour un pays qui n’a qu’un seul championnat universitaire, et qui fait jouer ses joueuses dans le championnat américain qui ne se joue que sur une demi-saison ; John Herdmann et les canadiennes ont fait la performance de l’année 2016 qui ne leur retire la première place de mon choix qu’en raison de la prestation des suédoises, médaille d’argent.
Performance n°3. La Chine de Bruno Bini apprend à faire des chinoiseries à son voisin, adversaire héréditaire, le Japon (vice-champion du monde 2015 et Olympique 2012) et se qualifie à la surprise générale pour les JO 2016 avec l’Australie.
Décidément les Tournois qualificatifs aux JO (12 équipes) ont montré leur intérêt en terme de performances au regard d’une Coupe du Monde qui s’ouvre à toutes les équipes, ne créant des sélections que pour celles appelées à se positionner au-delà de la 30è place (sauf en Europe).
Le Japon recevait ce tournoi qualificatif en étant Championne du Monde 2011, vice-championne olympique 2012 et vice-championne du monde 2015 au sein de laquelle, elle faisait figure de propriétaire après son titre asiatique de 2014. Que pouvait-il lui arriver ?
Et les autres invités au bal japonais qu’étaient la Corée du Nord, l’Australie, la Chine et la Corée du Sud jouaient au jeu de la « chaise musicale » avec quatre candidats pour une seconde place quand de son côté, le Viet-Nam venait pour apprendre.
Bruno Bini, en partance pour la Chine, sur une terrasse de … me confiait sa philosophie « On va vendre chèrement notre peau ». c’étaient ses mots d’Octobre 2014, juste après sa nomination en septembre quand, quelques mois plus tard, en stage dans la région montpelliéraine, préparée par ses amis du Sud, ses propos téléphoniques étaient plus affirmés.
Il avait senti qu’un groupe s’était constitué et la fête du Nouvel An chinois du 8 février lui avait donné le sentiment qu’un groupe était là et bien là, au-delà de la victoire face aux USA pour la dernière d’Abby Wambach, qui avait mis fin à dix ans sans défaite américaine sur ses terres ; au-delà de la victoire face à l’Angleterre et du match nul face à l’Australie, toutes des équipes du Top 10 quand la Chine pointait à la 16è place.
La réserve était de mise et Bruno Bini n’attendait rien de particulier pour ce tournoi sauf à espérer ce que les faits lui apporteraient ; tout en sachant que son contrat avait n’était reconductible pour trois ans qu’après une première année de travail.
Quand on lui pose la question de savoir à quel moment il a senti qu’il y avait un coup à jouer, l’ami français répond : « Lorsque l’on a marqué contre la Corée du Nord » (1-1). Il rajoutera quelques mois plus tard : « quand j’ai vu la Corée du Nord s’échauffer, j’ai changé immédiatement mes plans et ont appliqué une tactique défensive pour ne pas laisser passer les fusées coréennes qui pouvaient être touchées par l’orage. »
Ensuite ce sera la superbe victoire face au Japon qui avait pris le leadership des années 90-00 à la Chine (1-2) qui se matérialisera par une victoire face à la Corée du Sud (2-2), très proche au classement FIFA (18è) montrant que les Roses d’Aciers étaient dans leur dynamique du Mondial 2015 : la confiance en leur esprit de groupe.
Elles jouaient au-dessus de leur niveau et elles ont obtenu leur billet en terminant par un nul face à l’Australie (1-1), qui sortira leadeur du groupe de qualification bien que classée 9è FIFA.
L’Asie enverra donc deux équipes, l’Australie (9è) et la Chine (16è) qui seront passées devant le Japon (4è) et la Corée du Nord (6è mondial). Pour toute personne qui n’est pas habituée au football féminin, rien de plus normal que de voir des performances. Pour les autres, voire une équipe l’emporter sur une plus forte, c’est un exploit. Notamment en compétition officielle.
La Chine et l’Australie seront éliminées en quart de finale des Jeux Olympiques. La Chine face à l’Allemagne sur le plus petit des scores (1-0) et un pénalty et l’Australie (0-0) face au Brésil après l’épreuve des tirs au but.
La Chine, plus éloignée que l’Australie a fait l’exploit mais l’Asie pointe plus que son nez dans les compétitions internationales, en prévision de 2019, le prochaine Coupe du Monde se passant en France.
Les trois performances de la saison 2016
Voilà pour moi, les trois véritables performances de l’année 2016. C’est à dire faire plus et mieux que ce qu’elles pouvaient prétendre.
Je voudrais rajouter la Colombie qui est la seule équipe située en la 20è et la 30è place à avoir gagné contre la France (Coupe du Monde 2015, 2-0, 3ème mondial) et fait match nul face aux USA (JO 2016, 2-2, 1ère mondial).
Des performances réalisées en compétitions officielles face au Trio mondial. Pour une équipe aussi éloignée au classement FIFA. Coup de chapeau à Elles.
William Commegrain lesfeminines.fr