Corinne Diacre est la sélectionneuse de l’Equipe de France féminine depuis Septembre 2017. Elle est peut-être la coach la plus ancienne des favoris à son poste, que ce soit Sarina Wiegmann (Angleterre, 8e FIFA), Marina Voss-Tecklenburg (Allemagne, 4e FIFA), Mark Parsons (Pays-Bas, 5e FIFA), sauf celui Suédois, Peter Herhardsson (2017, 2e FIFA) et espagnol avec Jorge Vilda (2015, 7e FIFA) si on prend le Top 10 mondial, qualifié à l’Euro 2022.

Le cycle de vie, une arme gagnante ?

Si on prend le cycle de vie comme indicateur de performance ; il peut y avoir là, avec ces trois noms et pays, le trio des futures demi-finales européennes.

La Suède est l’exemple d’une réussite liée à la durée. Son sélectionneur, en place depuis 2015 est arrivé à la Coupe du Monde 2019, fort de quatre années à sa tête. La prestation suédoise a été bluffante en 2019, l’équipe de Sofia Jakobsson et Kosavare Asllani aurait pû être une excellente championne du monde, finissant sur le podium (3e). Une performance renouvelée aux JO de Tokyo avec la médaille d’argent (2020).

L’exemple ne peut être proposé sans l’encadrer en rappelant que la Suède a l’habitude de réussir ses compétitions. 3e à l’Euro 2013, médaille d’argent aux JO de Rio en 2016, quart de finaliste en 2017.

Garder l’équilibre pour l’Euro !

Ses réponses à sa sélection lors de la conférence de presse qui a suivi ont toutes, une source liée à l’expérience de vie et de jeu de son groupe.

Les interrogations, toutes différentes sur leurs causes, quant aux non-sélections d’Amandine Henry (93 sélections, 13 buts), de Kheira Hamraoui (39 sélections, 3 buts), d’Eugénie Le Sommer (175 sélections, 86 buts) y trouvent leurs réponses. « C’est une question que l’on s’est posé mais de l’expérience, on en a avec beaucoup d’autre joueuses. Il était important aussi de régénérer un peu cet effectif. C’est ce que l’on a commencé à faire à l’issue de la Coupe du monde. Là je pense qu’aujourd’hui, on a trouvé un certain équilibre. Donc on n’a pas voulu changer quoi que ce soit par rapport aux filles qui avaient fait les efforts et nous avaient donné satisfaction, aussi bien en termes de performance que de vie de groupe hors du terrain. On a souhaité garder cet équilibre pour l’EURO. »

Un équilibre qui interroge quant à son énergie

Personne ne peut argumenter que le but extraordinaire d’Amandine Henry lors de la finale de la Women’s Champions League de 2022 pourrait se renouveler à l’Euro 2022 avec une sélection de l’ex-capitaine de France. C’est certain, chaque match a son contexte.

A l’inverse, personne ne peut contester le fait répété qu’Amandine Henry possède une énergie de la victoire incroyable en elle et que s’en priver, c’est certainement se priver d’une arme incroyable.

On peut aussi s’interroger sur le « blanc » d’Eugénie Le Sommer après son retour des USA quand elle a tant brillé en NWSL. On peut se dire qu’elle aussi, a une énergie incroyable. Déjà prouvée. Enfin, on peut aussi se remémorer la qualité du jeu de Gaetane Thiney, au sein d’une équipe jeune, permettant au Paris FC, d’obtenir une troisième place qui aurait pu être une seconde avec une différence de seulement trois points au classement entre les deux équipes parisiennes.

Pas de prises de risque

Corinne Diacre présente sa sélection, mûrement réfléchie et structurée.

Une sélection qui a des qualités et ses qualités.

C’est une évidence, rien n’a été laissé au hasard et tout cela doit être porté à son actif. A l’inverse, on peut juste remarquer qu’elle n’a pas pris de risque. Le risque de sélection d’une Eugènie Le Sommer sur son passé récent en espérant un mieux. Le risque de la vie en dehors du jeu avec Amandine Henry à insérer dans son groupe. Le risque de la maturité, avec ses faiblesses mais aussi ses qualités, en intégrant Gaëtane Thiney (36 ans) du Paris FC.

En oubliant Amandine Henry, elle interroge toute la presse étrangère professionnelle comme les réseaux sociaux. Personne ne peut comprendre que le but de la lyonnaise n’ait pas validé une sélection, quelque soit les raisons affectives passées. A Corinne Diacre et sa sélection de le faire accepter.

C’est d’ailleurs, certainement, ce qu’on retiendra de l’action de Corinne Diacre en tant que coach. A chaque fois, il y a eu des choix s’opposant à celui de la masse.

Un « quitte ou double » avec les médias et le public ou personnel ?

Aujourd’hui, les médias ont compris comment fonctionne la sélectionneuse et Corinne Diacre a compris comment les médias fonctionnaient. Ainsi, deux jours avant la communication officielle au journal de 13h du lundi 31 mai, les non-sélections d’Amandine Henry, Eugènie Le Sommer et Kheira Hamraoui fuitaient dans les médias nationaux. Donnant à chacun, un peu d’infos dans un monde qui court après.

De ce côté là, on n’est plus dans le contexte de 2019 où la presse avait été contre ses choix, encore plus avec le contenu proposé lors de la compétition, qui laissait les cinquante français suiveurs du Mondial, dans l’expectative totale lorsque vous les entendiez en zone mixte.

On ne voyait rien venir, à part le risque d’une élimination. Un sentiment professionnel pas du tout partagé avec le public qui avait aimé cette équipe qu’elle découvrait.

Aujourd’hui, les choses sont différentes. Les Bleues ont montré des difficultés sans oublier de finir avec les victoires (57 matches, 47 victoires, 5 nuls, 5 défaites). La presse l’a intégré. Personne n’évoque la barre des quarts de finale de l’Equipe de France (Euro 2013, Mondial 2015, JO 2016, Euro 2017, Mondial 2019) et la non-qualification aux JO de Tokyo. On oublie ou on met de côté.

Tout le monde lui laisse sa chance. C’est une nouvelle Equipe de France que les médias regarde.

C’est pourquoi, elle joue cet Euro à « quitte ou double ». Une expression qui signifie que le joueur joue « Tapis » pour soit gagner ou perdre. Sauf que dans son cas, son « quitte ou double » sera avec l’environnement seulement. Le public, les médias.

A l’évidence, Corinne Diacre restera tant qu’elle n’aura pas gagné un titre. Soit l’Euro 2022, le Mondial 2023 ou les JO 2024

Noël Le Graët n’est pas un homme à se déjuger sur l’opinion qu’il a d’une personne et la France a l’habitude des sièges de longue durée avec Didier Deschamps, en poste depuis le 15 Août 2012 face à l’Uruguay.

Corinne Diacre doit le savoir. Elle est concentrée mais sereine. Avec l’expression « j’assumerai mes choix », elle ouvre la porte à un « quitte ou double » peut-être personnel en cas de performances délicates ? Corinne Diacre est une femme honnête, elle saura prendre sa décision.

Ce n’est pas à souhaiter mais c’est à écouter et en même temps, la pression qu’elle sait et certainement aime se mettre. Pour une compétition qui se jouera au détail.

Cela, c’est aussi évident. L’Euro 2022 sera un Euro homogène.

William Commegrain Lesfeminines.fr

Mon avis après cette sélection. C’est une sélection qui peut surprendre, dans le plus avec un axe vertical exceptionnel (Wendie Renard, Grace Geyoro, Marie-Antoinette Katoto) mais aussi dans le moins. Dans ce cas, elle peut manquer d’énergie.