Avec l’annonce, deux jours avant la reprise, de son nouveau coach, Soyaux Charente est dans sa tradition. De l’agilité, de l’adaptabilité. Une méthode de formation qui est facturée quelques deniers bien marqués dans les salons parisiens mais dont le club charentais possède les ingrédients dans son ADN.

Une première évolution : le budget, le budget et toujours le budget !

Le football féminin a évolué depuis une dizaine d’années. Le premier obstacle avait été de trouver des sponsors privés pour compléter les subventions municipales, départementales et régionales formant le gâteau financier habituel des clubs de France.

Une situation pas si facile dans un monde où les sollicitations sont nombreuses et certains Présidents, après avoir appris à rire et sourire aux discours politiques des uns et des autres qui se succédaient, trouvant chez tous, une qualité particulière … ne manquaient pas de demander au pharmacien local de quoi pouvoir dormir, coincé entre un budget qui ne grossissait pas et des dépenses qui prenaient la pente ascendante constante.

Un salaire, des salaires, beaucoup de salaires pour un club qui emploient vingt-trois joueuses dans son effectif et tout le reste qui va avec.

On partait le dimanche matin, à l’aube. Dans des vans qui toléraient la pause pipi au moment de l’essence et chacune battait avec son sandwich « sec-beurre-cornichon » pour que la rondelle soigneusement coupée ne tombe pas à chaque bouchée !

Aujourd’hui, c’est avion, TGV et hôtel la veille pour les joueuses et les arbitres. En attendant la crèche inévitable à budgéter dans un temps court.

Si Soyaux a réussi à passer entre les mailles du filet, mis au régime de la D2F pendant deux saisons entre 2010 et 2013, sa montée et son maintien en D1FArkema a montré sa qualité d’agilité !

Soyaux Charente, exclusivement féminin.

Appelez-là Catherinette, du pseudonyme qu’on donnait aux jeunes filles non-mariées à 25 ans.

Soyaux est Catherinette quand tous les clubs de la D1F sont mariés avec des clubs professionnels masculins : RC Lyon devenu Olympique Lyonnais, Juvisy devenu Paris FC, Montpellier, Guingamp, Bordeaux, Lille, Fc Metz, etc … Tous des clubs féminins mariés au football masculin.

Elles ne sont plus que deux en D1FArkema avec le GPSO Issy 92. Pas avec le même environnement pour le rester.

Issy les Moulineaux, placé dans la région francilienne, là où tous les médias ont leurs sièges sociaux, à deux pas de TF1 et France 2. Aux pieds d’Eurosport et de Canal+. Un environnement royal quand Soyaux n’a pour seul voisin, que le Festival de la BD d’Angoulême, moins connu on me l’accordera que le Festival de Cannes !

L’effort n’est pas le même. Et pour les rester, Soyaux a montré des qualités d’agilité rares.

Soyaux-Charente, très agile !

D’abord avec une première tentative de mariage restée lettre morte. En janvier 2019, le club de Charente annonce son futur mariage avec Angoulême pour qu’en juillet 2019, les deux fiancés en restent là !

Ensuite, des lettres d’amour dignes de la meilleure plume romantique entre le club sojaldiciens et la DNCG qui lui envoie depuis deux saisons des mots doux « encadrement de la masse salariale », « descente en D2F » pour qu’ensuite, ils signent, saison après saison, un PACS d’amour qui pourrait durer longtemps.

Il faut dire que Soyaux s’est habillé à la mode parisienne et de l’élite depuis lors. Les joueuses sont salariées. Le club se transforme en SASP en Août 2020, avec des dirigeants qui annonce l’Europe pour terminer dixième cette saison … Et qui s’envolent pour un lieu inconnu, mi-novembre 2020.

Un associé « sleeping partner » devenu par la force, Président directeur général. Une lettre de fonds de la FFF annonçant, à demi-mot, cinq cent mille euros pour se transformer en un peu moins de trois cent mille au fil des mois passant et avec une lecture juridique plus précise.

Un coach Sébastien Joseph qui démission fin Octobre 2020 remplacé par dans la foulée par Laurent Morel, renouvelé en juin, démissionné en Juillet 2021, à quelques jours de la reprise. Pour entrer dans le cadre de la DNCG, devenu quasiment Commissaire aux comptes du club charentais.

Entre temps, une marraine renommée, Julie Gayet, compagne de l’ex-Président François Hollande et productrice du film sur l’aventure des féminines de l’OL « On n’est pas là pour danser ! » et maintenant, un nouveau coach totalement étranger au football féminin.

« II s’agit de Dragan Cvetkovic, un ancien joueur professionnel, âgé de 60 ans, qui a derrière lui une longue carrière d’entraîneur, » nous dit la Charente Libre. « Natif de Slavonski Brod, en ex-Yougoslavie, l’ancien milieu de terrain, formé à l’INF Vichy, a joué à Lens (1980–81), Besançon (1981–1984) et Bastia (84–88). Après la fin de sa carrière de joueur, il a entraîné une quinzaine de clubs, notamment en Tunisie, mais aussi Limoges (2016–2018), et dernièrement au TP Mazembe. »

C’est le premier coach étranger évoluant en D1FArkema.

Soyaux Charente a montré des qualités d’agilités incroyables sur ces quelques saisons. L’ex-club de Corinne Diacre qui y a fait toute sa carrière sportive et à l’origine de son retour en D1F comme coach, est encore à la recherche d’un entraîneur pour les gardiennes et d’un préparateur sportif.

N’oubliant pas de convoquer les joueuses pour la reprise, jeudi Matin, au domaine de Montboulard.

Ne cherchez pas plus loin les qualités mentales de ces joueuses.

Souvent condamnés à la descente. A tort, depuis huit saisons, sept se sont terminées dans la première partie du championnat.

Là, dixième en 2021. Ne comptez pas sur elle pour descendre plus bas.

Si vous aimez l’émotion, suivez-les.

William Commegrain Lesfeminines.fr