Jamais, depuis dix ans, l’Allemagne n’avait autant ballotté la France sur tout un match (1-0). En zone mixte, les seuls mots que Kadidiatou Diani et Oriane Jean-François pouvaient légitimement communiquer étaient : « On est à la moitié de la rencontre, il y a un match retour ». Pensant plus intimement, merci à Pauline Peyraud Magnin d’avoir sauvé les Bleues d’un score plus large et aux allemandes d’avoir raté autant d’occasions de marquer.
Des allemandes qui jouent à la française
L’Allemagne a produit un match, copié-collé, de ce que les Bleues produisaient dans le passé. Un contenu dominateur, s’imposant sur tous les duels, une présence offensive constante par l’apport de Jule Brand au milieu, transformant toutes les récupérations en manœuvre offensive.
Transitions, lorsque la balle était récupérée sur le côté gauche, allant rapidement à droite pour les deux tentatives très chaudes de Nicole Anyomi (3′) et de Sjöke Nüsken (8′).
Pour dans le sens contraire, cherchant volontairement le côté gauche de Klara Bühl (élue meilleure joueuse du match), protégé par Elisa De Almeida profitant de son jeu défensif de centrale, éloigné du jeu habituel d’une latérale comme Selma Bacha, tenue et collée à son adversaire, pour conquérir un duel.
La joueuse du Bayern de Munich faisant tout son possible pour s’éloigner de la parisienne et avoir assez d’espaces pour jouer de son impact et de tirs puissants (20′, 31′, 42′), réaliser des dribbles à distance, ouvrant sa vision du jeu pour des centres à l’opposé (26′ sur Wemser), qui ont demandé la qualité de la gardienne Pauline Peyraud Magnin, pas loin d’avoir mérité la récompense de la meilleure joueuse française sur cette rencontre (4 arrêts).
Les Bleues en pleine tempête
L’Allemagne a donné aux 37.191 spectateurs le sentiment de balayer son adversaire avec pour seul point noir : le manque d’efficacité. Une rareté allemande, avec 19 tirs, dont 8 cadrés pour 4 arrêts réflexes de Pauline Peyraud Magnin.
A l’inverse, les Bleues ont joué comme les allemandes le faisaient dans le passé. Une forme de sérénité dans la tempête, acceptant le vent allemand, les faiblesses de certaines, courbant le dos, laissant le talent et la force s’exprimer pour, par une ou deux occasions, espérer tuer le match et l’adversaire.
Une rareté néanmoins sur cette rencontre. Des Bleues, dans la difficulté pour sortir du pressing allemand autrement que par quelques passes chatoyantes qui ne peuvent pas faire le contenu d’une demi-finale, elles ont montré, pour la seconde fois consécutivement (1/4 de finale à l’Euro Suisse de 2025) qu’elles n’arrivent pas à produire un jeu dangereux quand l’adversaire presse continuellement, non pas pour les gêner mais pour prendre le ballon ou l’empêcher d’avancer.
A l’inverse, quand l’intensité est moins forte, au moment où la fatigue adverse s’exprime, voire sur de simples opportunités dont le football ne manque pas dans une rencontre, elles ont su montrer qu’elles pouvaient marquer avec les tentatives de Delphine Cascarino (21′, 49′), Marie-Antoinette Katoto (but refusé sur hors jeu, 34′) et Kadidiatou Diani (73′) comme de Melvine Malard, (82′), meilleure buteuse de la WSL anglaise avec 5 buts sous les couleurs de Manchester United.
En même temps, la difficulté du retour à Caen (mardi 28 à 21h00 sur W9) se résume à ce dernier constat.
« Il est possible de marquer ».
Un constat insuffisant pour combler 90 minutes de jeu à produire, empêcher le risque des occasions allemandes en fin de partie avec Peyraud Magnin qui sauve devant Jule Brand en profondeur (84′), la latérale Kett qui rate l’immanquable une minute avant (83′), Bacha qui sauve sa ligne à la 87′ … et avec l’obligation de revenir au score, voire de marquer deux buts, pour l’emporter et se qualifier en finale face à une Allemagne qui a réellement écrasé les Bleues, en terme de contenu, d’intentions, de puissance, de force collective et de performances individuelles.
Le sélectionneur compte sur le public (match à guichets fermés, 20.000 spectateurs). Ce sera certainement insuffisant. Il faudra plus.
Le retour de Sakina Karchaoui comme de Griedge M’Bock seront-ils suffisants quand toute l’équipe allemande, elle aussi très décimée, a joué une rencontre internationale avec un ADN national, face à des françaises qui ont plus joué un match de club. Avec ses hauts et ses bas.
Merci les matches « aller-retour »
La chance des Bleues, c’est de jouer la seule compétition avec des matches « aller-retour », sorte d’opération vintage que la Coupe de l’UEFA offrait dans le passé. Donnant une seconde chance qui n’aurait pas existé dans un contexte habituel de match couperet, dont on sait qu’avec un match unique, la France, n’a jamais réussi à passer le cap d’une demi-finale.
Espérons que les Bleues, même sans Marie-Antoinette Katoto dont on annonce le retrait, sont devenues, en quelque sorte un diesel.
Il faudrait leur laisser le temps de se lancer pour arriver ?!

Les questions vont légitimement fuser
A défaut, il faudra se poser la question du sélectionneur, Laurent Bonadei, en place depuis septembre 2024. Si tu ne passes pas en match couperet, si tu ne passes pas en match « aller-retour », quand vas-tu passer ? Celle du nombre de joueuses qui annoncent une retraite anticipée. Comme d’autres questions éventuelles. Le projet 2027 ne pourra pas se départir de questions légitimes.
William Commegrain Lesfeminines.fr
Sur l’autre demi-finale, l’Espagne a écrasé la Suède (4-0) à domicile.
Ligue des Nations – Demi-finale aller
Vendredi 24 octobre 2025 – 17h45 (Diffusé sur France 4)
ALLEMAGNE – FRANCE : 1-0 (0-0)
Düsselforf (Merkur Spiel-Arena) – 37 191 spectateurs
Temps pluvieux (11°C) – Terrain excellent
Arbitres : Ivana Projkovska (Macédoine du Nord) assistée de Elena Soklevska-Ilievski (Macédoine du Nord) et Staša Špur (Slovénie). 4e arbitre : Aleksandra Česen (Slovénie). Arbitres VAR : Katalin Kulcsár (Hongrie) assistée de Ferenc Karakó (Hongrie)
But
1-0 Klara BÜHL 79′ (Dans le rond central, Nüsken délivre une longue passe pour Bühl côté gauche qui avance face à De Almeida qui recule et revient vers l’axe sans être attaquée puis déclenche de 18 m côté gauche une frappe du droit qui rebondit dans les 5,5m à hauteur de Peyraud-Magnin et finit dans le but)
Avertissements : Elisa Senß 63′ pour l’Allemagne ; Maëlle Lakrar 85′, Melvine Malard 89′ pour la France
Allemagne
1-Stina Johannes ; 7-Giulia Gwinn (15-Selina Cerci 60′), 3-Kathrin Hendrich, 23-Camilla Küver, 17-Franziska Kett ; 20-Elisa Senß, 9-Sjöke Nüsken (14-Cora Zicai 80′) ; 13-Camilla Wamser, 22-Jule Brand (2-Alara Sehitler 90+1′), 19-Klara Bühl (8-Sydney Lohmann 80′) ; 16-Nicole Anyomi (11-Lea Schüller 60′). Entr.: Christian Wück
Non utilisées : 12-Laura-Johanna Dick (G), 21-Rafaela Borgräfe (G), 4-Bibiane Schulze, 6-Linda Dallmann, 10-Laura Freigang, 18-Shekiera Martinez
France
16-Pauline Peyraud-Magnin ; 5-Elisa de Almeida (3-Thiniba Samoura 86′), 2-Maëlle Lakrar, 4-Alice Sombath, 13-Selma Bacha ; 8-Grace Geyoro (cap.), 6-Oriane Jean-François, 17-Sandy Baltimore (10-Clara Matéo 71′) ; 20-Delphine Cascarino, 12-Marie-Antoinette Katoto (9-Melvine Malard 71′), 11-Kadidiatou Diani (15-Kelly Gago 87′). Entr.: Laurent Bonadei
Non utilisées : 1-Mylène Chavas (G), 21-Constance Picaud (G), 7-Sakina Karchaoui, 14-Laurina Fazer, 18-Wassa Sangaré, 19-Griedge Mbock Bathy, 22-Kessya Bussy, 23-Lou Bogaert